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Titanic : la folie des grandeurs

Publié le 23 juin 2023 par Polinacide @polinacide

Et une de plus. Après les prédictions ayant anticipé le naufrage du Titanic, au tour du sous-marin « Titan » de sombrer dans les abîmes alors qu’il était venu explorer la mythique épave. Un bien triste sort faisant resurgir la fameuse « malédiction » de ce paquebot qui hante encore l’imaginaire collectif comme le fond des océans abritant sa carcasse. A croire que certains tombeaux sont voués à ne jamais être fouillés, au même titre qu’il ne vaut mieux pas réveiller les morts ni ouvrir la boite de Pandore. 

Faut-il pour autant se méfier de notre curiosité ou de ce « trop plein d’assurance » qui ont souvent coûté si cher à l’espèce humaine ? Le Titanic en est un bel exemple puisque le plus grand navire de l’époque n’a pas fait long feu après s’être targué d’être absolument insubmersible. Comme un pied de nez à l’hybris* longtemps reprochée à l’Homme. 

De quoi alimenter les nombreux mystères qui persistent encore des dizaines d’années après la tragédie, ponctuée de coïncidences si déroutantes qu’on ne saurait les qualifier de « fake » en son âme et conscience. A commencer par la nouvelle « Futility » écrite en 1898 par Morgan Robertson qui raconte ni plus ni moins l’histoire d’un paquebot britannique du nom de Titan qui finit par échouer en Atlantique Nord après avoir heurté un iceberg. Comme par hasard, la fiction fait elle aussi mention du manque de canaux de sauvetage à bord, condamnant de facto un certain nombre de passagers à une mort certaine. L’auteur a même prétendu qu’une aide ésotérique lui avait donné l’inspiration pour écrire.

Vous voulez plus de frisson ? Prenons le cas du journaliste William Stead, décédé à bord même du Titanic après avoir critiqué les ambitions démesurées des compagnies maritimes dans ses articles. L’un d’entre eux n’était autre qu’une fiction centrée sur un certain bateau dénommé Majestic, appartenant comme son homologue bien réel à la White Star Line et dirigé lui aussi par le capitaine Smith. Décidément ! Et c’est sans parler des nombreuses autres correspondances menant l’épopée humaine du rêve au cauchemar dès le début de l’aventure, quand à peine lancé sur les flots le Titanic a failli percuter un autre navire portant le nom de… New York. Autrement dit sa destination initialement prévue.

L’ivresse de la démesure

Dans un genre plus farfelu, une étude menée par des scientifiques avance que l’absence de lune la nuit du naufrage expliquerait en partie le manque de visibilité comme la faute du capitaine. Edward Smith – ou « le seul maître à bord après Dieu » – ne manquait pas non plus de désinvolture avec plusieurs crashs de navires à son actif ainsi qu’une négligence décomplexée des règles de sécurité comme des multiples avertissements ayant signalé la présence d’icebergs sur son trajet. 

A ce stade, nul besoin d’être superstitieux pour finir par croire que le sort du Titanic était scellé dès sa naissance. D’autant plus qu’il fut – malgré son éclat de façade – le résultat funeste de choix économiques privilégiant une main d’oeuvre insuffisamment qualifiée comme des matériaux bon marché pour être en mesure de tenir les délais de livraison. Ce qui n’est pas sans rappeler les dérives de la mondialisation devenues aujourd’hui monnaie courante. Réflexion faite, cette « malédiction » n’est-elle pas in fine le monstre que l’humanité aurait engendré malgré elle en menant les passagers tout droit à une catastrophe qu’elle aurait pu éviter ? Une métaphore de notre propre hubris, se peut-il, elle aussi devenue « titanesque ».

* Chez les Grecs anciens : orgueil, outrage, démesure, insolence, transgression rêvée de la condition mortelle, punie de façon éclatante par les dieux.

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