On se dit, en ouvrant ce petit recueil de poèmes, que celui qui les a écrits est un virtuose des mots. Et, dès le titre, on s’interroge : Pomes fait bien sûr penser à poèmes (en anglais poems) : une lettre a été déplacée dans le mot. Soit les poèmes n’en sont pas, soit il faut lire ce vers à la fin du onzième poème : « Pluck and devour » (« Cueille et dévore »). Que cueillir et ainsi dévorer ? Un coeur, « sang salé » ? une pomme (à quoi il manquerait un m, un « aime ») ?
Ces treize poèmes rassemblés, choisis sans doute parmi de nombreux écrits entre 1904 et 1924, et apportés à Sylvia Beach en 1927, cinq ans après la publication par celle-ci du monumental Ulysses, ces treize poèmes, assez courts expriment une profonde tristesse, la tristesse de chaque jour suivant un autre jour, affichant une fausse légèreté, « pure joie, pure angoisse »