L'Opéra de Lyon et le ballet de l'Opéra de Lyon ont permis aux lyonnaises et lyonnais, pendant plusieurs soirées, de découvrir ou de redécouvrir l'univers du chorégraphe américain sans doute le plus européen d'entre eux, William Forsythe, en présentant trois de ses pièces maîtresses.
On vous en dit plus alors même que la dernière de ces représentations a lieu ce soir :
Dans la première création, Quintett, deux choses ont frappé mon attention : la présence d'une trappe sur scène par laquelle apparaissent et disparaissent les danseurs jusqu'à l'image finale (viennent-ils d'un autre monde ? J'aurais tendance à le penser quand je vois la gamme infinie de leurs mouvements par rapport à la palette très basique des miens) et la bande son lancinante, celle d'un homme qui chantonne toujours le même couplet dans l'oeuvre musicale de Gavin Bryars. J'avoue que cette répétition en boucle des mêmes phrases a eu tendance à me crisper, à déplacer mon attention bien malgré moi jusqu'à ce qu'elle opère une sorte d'hypnose renforcée par toutes les combinaisons des 5 danseurs sur scène. Après un entracte de 15 minutes, le rideau s'est ouvert sur 4 interprètes masculins et la pièce N.N.N.N. Pas de musique, pas de décor, pas d'effet de lumière mais quatre danseurs qui m'ont d'abord ébloui par les mouvements de leurs bras, comme des balanciers entraînant le reste de leurs corps. Peu à peu, leurs respirations, leurs souffles, le son de leurs mains qui tapent sur leurs corps ont formé comme une partition alors que la chorégraphie donnait à voir l'incroyable plasticité, force, variété de l'anatomie humaine.
Les pièces sont-elles présentées dans un ordre crescendo ? Probablement et d'après les échanges entendus en sortant de l'Opéra, je n'ai pas été la seule à avoir été subjuguée par One Flat Thing, reproduced, visiblement très connu dans le répertoire des ballets.
Sur scène, 14 danseurs tous vêtus de couleurs différentes, ce qui renforcent le côté kaléidoscopique des tableaux, investissent la scène en poussant 20 grandes tables .
Ils n'auront de cesse de danser, bouger, jouer avec ce mobilier en passant dessus, dessous, entre, en glissant sur leur surface de bien des manières différentes, en sautant dessus assis, en montant dessus debout.
La surprise naît du contraste entre la souplesse et les courbes des corps des danseuses et danseurs et la surface plate, froide et grise des tables. On croit aussi reconnaître des gestes de la vie quotidienne comme le passage d'un tourniquet de métro.
Très vite, on ne sait plus où donner de la tête, qui regarder ?
Superbement puissants pour enjamber à tout va ces éléments que rien ne plie, les interprètes sont aussi d'une grâce incroyable lorsqu'un duo se coordonne ou lorsque la table se transforme l'espace d'un instant en barre de studio de danse. Mais à chacun son interprétation...
Quoiqu'il en soit, le ballet de l'Opéra de Lyon s'est magnifiquement emparé du répertoire de William Forsythe et a été très applaudi mercredi soir.
Soirée William Forsythe
Quintett (1993) - N.N.N.N (2002) - One Flat Thing, reproduced (2000)
Ballet de l'Opéra de Lyon
Dernière représentation ce Jeudi 29 juin 2023 à 20h