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Tar baby, Toni Morrison… un coup de coeur lu pour le challenge « les classiques c’est fantastique » !

Par Antigone
tarbaby littafroamericaine

Traduit de l’américain par Sylviane Rué

Selon le programme annuel du challenge « les classiques c’est fantastique ! », élaboré par Moka et Fanny, il s’agit de publier le dernier lundi du mois, notre choix « classique », lu jusque-là dans le plus grand secret. Un groupe facebook a été mis en place. Pour juillet, le programme est le suivant : « immersion du côté de la littérature afro-américaine et de ses grands classiques ». Comme j’avais déjà décidé de relire pour mon choix de mai, et celui de juin, j’ai décidé de continuer sur la même veine et j’ai trouvé ce dont j’avais besoin dans ma bibliothèque. Je n’avais aucun souvenir de ce livre, acheté visiblement neuf, à 27 francs, il y a trente ans. Je dois avouer que je me régale avec ces relectures. Je lis de grands textes… L’intrigue de Tar baby se déroule principalement sur une île des Antilles françaises, l’île des Chevaliers, mais les personnages font quand même quelques voyages aux Etats-Unis. Contrairement à ce que la couverture suggère, nous sommes à la fin du XXème siècle. Un milliardaire, Valérian, dont la famille a fait fortune dans les sucreries règne en maître sur l’immense villa qu’il a fait construire sur l’île. Dans sa maison, vivent aussi sa femme, un couple de serviteurs, et leur nièce, mannequin de profession, qui sert actuellement de dame de compagnie à la maîtresse de maison, Margaret, qui s’ennuie ferme sur l’île. L’apparition d’un étranger, un brin hirsute, caché dans sa penderie, alors qu’on attend des invités pour Noël, va mettre la maison sens dessus dessous. Fils, une fois nettoyé et rassasié, s’avère plus civilisé, jusqu’à mettre Jadine en émoi. Lors d’une scène ubuesque, qui va mettre à jour un terrible secret qui ne les concernent pas, les deux jeunes gens vont s’enfuir ensemble… J’ai pris un grand plaisir à cette lecture, à la fois désuète et moderne. Mettant subtilement le projecteur sur l’histoire d’un couple blanc, héritier d’une tradition coloniale bien ancrée, Toni Morisson nous raconte en fait ici, comment, en cette fin du siècle dernier, il est possible d’être noire et libre, comme Jadine l’est, sans culpabilité. L’écriture est sublime et d’une grande finesse. J’ai fait quelques recherches pour comprendre le titre. « Tar baby » signifie « Bébé goudron ». C’est la deuxième des histoires de l’oncle Remus publiées en 1881. Il s’agit d’une poupée faite de goudron et de térébenthine utilisée par le méchant Br’er Fox pour piéger Br’er Rabbit. Dans l’usage moderne, « Tar baby » fait référence à une situation problématique qui n’est aggravée que par une implication supplémentaire avec elle. 

« Il n’avait pas suivi les femmes. Il ne les avait même pas vues clairement, seulement leurs dos sveltes. S’il était allé vers la maison, c’était pour un peu d’eau. Pour trouver un robinet extérieur, un puits, une fontaine, n’importe quoi pour étancher la soif provoquée par les moustiques, la nuit chaude et la chair d’un avocat adolescent. »

Editions 10/18 – 1993

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…

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Le billet récapitulatif des lectures du mois chez Moka et  chez Fanny (à venir)


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