Derrière ‘Nowhere Man’ : Décryptage de l’évolution musicale de Lennon chez les Beatles

Découvrez l’évolution du style musical de John Lennon avec les Beatles, se détachant du rock classique pour explorer des sujets plus profonds et introspectifs, comme illustré par la chanson “Nowhere Man”.

Au milieu des années 1960, les Beatles produisaient de grandes chansons de rock plus rapidement qu’ils ne pouvaient les cracher. John Lennon et Paul McCartney étant rapidement devenus une véritable usine à succès, même leurs plus petits succès sont devenus des vedettes pour d’autres artistes, comme la reprise de “I Wanna Be Your Man” par les Rolling Stones, par exemple. Si l’argent et la célébrité n’ont probablement pas nui à l’ego du groupe, John Lennon n’avait pas l’intention de jouer éternellement le même style de rock and roll.

Après avoir été obsédé par Bob Dylan pendant la préparation de A Hard Day’s Night, Lennon s’inspirait souvent du folk américain, le pastichant pratiquement dans la chanson “You’ve Got To Hide Your Love Away”, tirée de Help. Une fois qu’ils se sont familiarisés avec l’environnement du studio, Lennon a pensé qu’il était temps d’élargir ses horizons lyriques.

Travaillant d’arrache-pied à ce qui allait devenir Rubber Soul, Lennon était coincé chez lui à essayer d’écrire quelque chose qui se rapproche d’un succès lorsque “Nowhere Man” lui est tombé dessus, se souvenant : “J’avais passé cinq heures ce matin-là à essayer d’écrire une chanson qui ait du sens et qui soit bonne, et j’ai finalement abandonné et je me suis couché. C’est alors que ‘Nowhere Man’ est venue, paroles et musique, en entier, pendant que je m’allongeais”.

Bien que Lennon ne l’ait peut-être pas fait consciemment à l’époque, ce qu’il avait entre les mains était bien plus autobiographique que la situation dans laquelle il se trouvait. Se sentant confiné dans le cirque du rock and roll, Lennon commence à devenir assez introverti à ce stade de la carrière des Beatles, qualifiant même cette partie de l’époque de “grosse période Elvis”.

Lire  Il y a 50 ans... la pochette de Sgt Pepper's

En dehors du meilleur travail d’harmonie du groupe jusqu’alors, Lennon parle de son point de vue sur la chanson, évoquant à la deuxième personne le fait que tout ce qu’il fait dans la vie ne semble pas avoir d’importance. Venant de l’homme qui était rapidement devenu l’une des plus grandes stars du monde, c’était une révélation de savoir que même un homme dans la position de Lennon se sentait encore perdu dans le monde.

Bien que Lennon dépeigne un homme solitaire qui regarde le monde lui échapper, il se laisse un peu de répit, se rappelant que le monde est à sa disposition. Bien que le sens de la chanson n’ait jamais été dirigé contre Lennon, McCartney s’est souvenu que son partenaire d’écriture lui avait expliqué le sens de la chanson, déclarant à Rolling Stone : “C’était vraiment une anti-Johnson : “C’était vraiment une chanson anti-John, écrite par John. Il m’a dit plus tard qu’il l’avait écrite à propos de lui-même, mais qu’il avait été assez intelligent pour écrire la phrase ‘N’est-il pas un peu comme toi et moi'”.

Une fois les murs tombés, Lennon est devenu libre d’écrire sur des sujets plus introspectifs. Dans Rubber Soul, des titres comme “Girl” et “In My Life” sont plus autobiographiques de la part du “Beatle intellectuel”, parlant de la complexité des relations et de ce qu’il attend de la vie en dehors du fait d’être une star du rock and roll.

Cette approche personnelle de ses textes se poursuivra tout au long de la carrière de Lennon, qui finira par travailler avec Yoko Ono pour composer certaines des chansons les plus révélatrices de sa carrière sur des albums comme Plastic Ono Band. Les Beatles cherchaient déjà à dépasser les moptops, mais la barrière des paroles a commencé à se briser lorsque Lennon a écrit cette chanson.