La chanson des Beatles que John Lennon appelait “la psychanalyse mise en musique”.

Après une longue pause au milieu des années 1960, les Beatles se sont retrouvés entre les murs des studios Abbey Road, armés de leur première collection de compositions fraîches depuis des années.

Parmi celles-ci figurait une création originale de John Lennon, intitulée “Strawberry Fields Forever”. Conçue pendant sa participation au film How I Won the War, la création de Lennon s’inspire de ses réflexions sur son éducation à Liverpool. Se replongeant dans sa jeunesse, il a écrit cette chanson en souvenir poignant de ses visites dans un havre de sérénité connu sous le nom de Strawberry Fields, un sanctuaire qui lui apportait du réconfort face aux épreuves de son passé.

Il a fallu six semaines à Lennon pour terminer la chanson alors qu’il se trouvait sur le tournage de How I Won the War, ce qui lui a permis de faire bon usage de l’habitude de flâner qui accompagne souvent le travail sur les plateaux de tournage. Vu à travers le prisme du LSD, le morceau s’est transformé, devenant ce que Lennon décrira comme une “psychanalyse mise en musique”.

Passant de la simple nostalgie à un profond voyage d’introspection, les incertitudes et les insécurités intérieures de Lennon occupent le devant de la scène, parfois obscurcies par des moments de lutte linguistique et les sensations éthérées induites par les hallucinogènes. Il a depuis décrit cette œuvre comme “l’une des rares vraies chansons que j’ai jamais écrites” et l’une des seules qu’il ait “vraiment écrites à partir de son expérience et non pas en me projetant dans une situation et en écrivant une belle histoire à ce sujet”.

Paul McCartney, quant à lui, se souvient de la source de la chanson comme de quelque chose dans lequel Lennon voyait la beauté, quelque chose qui pouvait être occulté comme ayant une esthétique désagréable : “J’ai vu Strawberry Field décrit comme un endroit terne et crasseux à côté de chez lui que John imaginait être un endroit magnifique, mais en été, ce n’était pas du tout terne et crasseux : c’était un jardin secret”, a déclaré McCartney. “Le souvenir que John en avait n’avait rien à voir avec le fait qu’il s’agissait d’un foyer de l’Armée du Salut ; cela se passait dans la maison. Il y avait un mur que l’on pouvait enjamber, et c’était un jardin plutôt sauvage, pas du tout entretenu, donc il était facile de s’y cacher”.

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Lennon lui-même était conscient de la possibilité de voir quelque chose qui n’existait peut-être pas, mais il savait aussi qu’il pouvait s’en inspirer pour organiser son univers créatif. La deuxième ligne dit : “Je ne pense pas qu’il y ait quelqu’un dans mon arbre”. Ce que j’essayais de dire dans cette phrase, c’est que personne ne semble être aussi branché que moi. Je dois donc être fou ou un génie”, a-t-il admis.

Et d’ajouter : “C’est le même problème que “C’est le même problème que lorsque j’avais cinq ans : Il y a quelque chose qui ne va pas chez moi parce que j’ai l’impression de voir des choses que les autres ne voient pas. Est-ce que je suis fou ou est-ce que je suis un génie ? … Ce que je dis, avec mon manque de confiance en moi, c’est que personne ne semble comprendre où je veux en venir. Je semble voir les choses d’une manière différente de la plupart des gens”.

Bien qu’elle soit destinée à devenir un chef-d’œuvre psychédélique, la formation de “Strawberry Fields Forever” a été particulièrement simple. Les premières versions de la chanson ont d’abord renoncé au refrain, remplaçant les deux premiers couplets par un tissage. Le morceau est devenu l’un des plus controversés du groupe, marquant une rupture significative avec les succès plus simplistes et plus faciles à écouter des Beatles, mais il n’en reste pas moins très populaire, avec des arrangements novateurs qui sont devenus une influence directe pour beaucoup de ceux qui ont suivi.