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La chute de la Troisième République, par William Shirer

Par Mpbernet

William L Shirer

Cet ouvrage m’avait tout d'abord effrayée par son volume : plus de mille pages. Mais en réalité, il se lit comme un roman, en chapitres courts, les notes en bas de page ne rompant pas le discours. L'auteur témoigne de ce qu'il a vécu personnellement.

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Shirer en anglais

J’ai cependant éludé les dernières pages qui retracent la guerre car elles recoupent maints documents que j’ai déjà lus.

Le livre donne un éclairage passionnant sur les tendances lourdes de la politique française depuis les débuts de la Troisième République, analysées par un journaliste qui a vécu au cœur de l’action, à Berlin et partout en Europe, américain amoureux de la France, fin connaisseur de l’Allemagne hitlérienne et qui a bénéficié de toute la documentation et des multiples mémoires parus jusqu’en 1970.

Ce sont surtout les querelles et zizanies politiques de cette époque qui sont passionnantes, car elles resurgissent presqu’intactes dans les tendances politiques contemporaines. On y voit en particulier l’antisémitisme violent de l’Affaire Dreyfus, la querelle des prétendants dune droite émiettée et irréconciliable, un peuple complètement intoxiqué par les médias de l’époque manipulés par les groupes industriels et/ou l’étranger, la duplicité des Russes, la question lancinante de la maîtrise des comptes publics … et surtout, les haines politiques entre des leaders de partis sans aucun scrupules ni souci de l’intérêt public.

Les portraits des protagonistes font froid dans le dos : des duels sanglants, des règlements de comptes permanents, des haines inextinguibles parfois attisées par des maîtresses se mêlant de stratégie : Daladier, Flandin, Bonnet, Lebrun, Blum, Reynaud, Gamelin, Weygand, Pétain, Laval … à part Paul Reynaud, pas un pour excuser l’autre et partout : inertie, crispation sur des techniques révolues, rivalités, dispersion des efforts, absence d’audace.

Sur la chute de la République, un seul résumé : le 9 mai 1940, Hitler lance le début de l’attaque à l’Ouest pour le 10 à 5h 35 ; le même jour à Paris, la France est sans gouvernement et sans généralissime. Devant l’étendue du désastre militaire, Reynaud rappelle les héros de la Grande guerre : Pétain (84 ans), Weygand (73 ans), sans savoir que Pétain, selon l’auteur, prévoyait déjà d’exercer le pouvoir après avoir signé l’armistice.

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Je n’ai hélas pas récupéré de la bibliothèque paternelle l’ouvrage du journaliste nationaliste mais antifasciste André Géraud – Pertinax – qui avait publié dès 1943 à New York en 2 volumes « Les fossoyeurs, défaite militaire de la France, armistice, contre-révolution » ou les derniers chefs de file de la République : Gamelin, Daladier, Reynaud, Pétain. Mais j’ai encore la série des 12 volumes des mémoires de Churchill … entre autres lectures pour les prochains étés.

L’ouvrage de William Shirer (1904 - 1993), parfait complément à celui qui traite du Troisième Reich, m’aura pris plus d’une semaine que je ne regrette pas. Ses trois dernières lignes sont consacrées au général De Gaulle : « Pendant un quart de siècle, cet homme d’Etat, l’un des plus grands que la France eût connu, a marqué l’Histoire de son empreinte. Elle lui avait, après tout, donné raison dans une large mesure. »

Je ne peux, comme l’était mon père, qu’être d’accord !

La chute de la IIIème République, enquête sur la défaite de 1940 - The collapse of the third Republic - par William L. Shirer (1970, édité chez Stock, 1047 p.


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