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Un jour et une nuit dans le Brionnais

Par Eric Bernardin

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Je devais à l'origine aller en Suisse par avion. Mais pour des questions de planning, j'ai dû y renoncer. Avec ma petite voiture, cela fait un sacré trajet. Aussi ai-je proposé à l'une de mes lectrices bourguignonne de passer chez elle pour faire connaissance (parce que le virtuel, c'est bien, mais les vraies rencontres, c'est encore mieux).

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Marie-Anne habite Marcigny, un charmant village du Brionnais. Cela ne fait que quelques mois qu'elle a emménagé. Aussi n'a-t-elle pas encore fini de restaurer sa très belle maison. Aussi ai-je dormi dans une maison d'hôtes à proximité dont je parlerais un peu plus tard...

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Le Brionnais est une région d'élevage. Elle dût être sacrément prospère, car il y a de superbes fermes au milieu de ce paysage de bocage. Mais c'est chez un producteur de vins que Marie-Anne m'amène.

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Edouard Dechelette était restaurateur de tableaux au Louvre, un métier usant pour la vue. Aussi a-t-il décidé un beau jour de retourner dans la maison de famille à Saint-Didier du Brionnais. Restait à trouver une nouvelle activité. Pourquoi pas vigneron ? Autrefois, les plus beaux coteaux de la région étaient couverts de vignes. Il n'en reste plus beaucoup, mais suffisamment pour occuper notre homme.

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Le chai est juste à côté de la maison. Juste quelques cuves inox où le gamay et le chardonnay fermentent tranquillement. Le vin est fait le plus naturellement possible et ne subit aucune filtration.

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Notre vigneron n'a plus de blanc à nous faire goûter (tout vendu!). Il prend donc à la cave une bouteille de Grande Terre (rouge) 2008 et nous emmène dans sa cuisine où il fait moins froid.

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Que dire si ce n'est que j'ai beaucoup aimé l'atmosphère qui régnait en ces lieux. Notre hôte était d'une grande gentillesse, se livrant facilement, mais aussi très intéressé par le parcours de ses visiteurs du mardi soir.

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Le vin servi n'est pas étranger à cette atmosphère complice. "Un vin de soif ou de copain" nous glisse Edouard Dechelette. Tout à fait la définition que j'en aurais faite. Une robe rubis translucide. Un nez mêlant griotte, framboise, terre humide et épices. Une bouche ronde, fraîche, légère, avec une acidité d'une grande finesse et des tannins impalpables. L'ensemble est gourmand, d'une grande pureté de fruit. J'aime beaucoup !!!

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Je lui demande combien coûte cette petite merveille : 5€, me répond-il. "Ca va. Pas cher" lui-dis-je. "Ce n'est pas ce que trouvent la plupart des gens du pays. Mais en dessous, je ne m'en sortirais pas". Ca, c'est sûr. Ils ne se rendent vraiment pas compte. Mais c'est vrai qu'on trouve maintenant des Bordeaux à 2-3 €. Pourquoi achèteraient-ils un vin de pays de Saone et Loire à 5 € ?

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Nous avons pris quelques bouteilles et sommes rentrés à Marcigny pour préparer le repas du soir. Le dîner est sous le signe des USA, pays dans lequel Marie-Anne a vécu durant trente ans (à Atlanta, précisément). Marie-Anne s'occupe des pâtes aux 4 fromages, tandis que son fils François prépare les chicken wings. Moi, je débouche les bouteilles que j'ai amenées.

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Une fois fait, je rape les fromages (emmental, comté, roquefort et edam) pour les pâtes. Je suis impressionné par les quantités exigées par ma chef : jamais je n'aurais osé en mettre autant ! Aux Etats-Unis, quand on fait des pâtes au fromage, on met du fromage ! Et puis du bacon grillé, of course.

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Le saladier entier est rajouté à une béchamel : elle devient d'une onctuosité hallucinante, avec des fils comme un aligot. Impressionnant !

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Et voilà les chicken wings de François (je ne la mets pas en plus gros car la photo n'est pas une grande réussite). Ils sont d'abord frits puis roulés dans une sauce épicée venant des USA. Le premier morceau surprend, et puis on s'y fait vite et on devient accro. L'Acacia 2006 de Franck Pascal, un blanc du Bergeracois aux allures de vendanges tardives, se marie très bien avec le plat.
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Et pour continuer, le plat de pâtes. Sur le dessus, une croûte a été faite avec de l'ail, de la coriandre et de la chapelure (normalement c'est du basilic, mais c'était très bien comme ça). Je sers avec un As 2003 du Mas Conscience. C'est ma dernière bouteille, et c'est très bien ainsi car il commence à perdre le fruit de sa jeunesse. Il tient encore la route, avec ses arômes de fruits ensoleillés, d'olive noire et de garrigue, sa bouche mûre, aux tannins polis par le temps.
Nous concluons en légèreté avec un ananas simplement coupé en gros dés :o)

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Après de longues discussions, la soirée se termine : je rejoins la Musardière pour une nuit réparatrice. Je ne sais pas pourquoi, je m'endors comme un bébé ;o)

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Le petit-déjeuner se fait dans le cellier, qui sert aussi de lieu de concerts intimistes. L'ambiance est vraiment sympa. Le petit-déj' qui arrive aussi.

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Un bon jus d'orange, un très bon thé, des confitures maison, mais surtout un croissant à se damner ! Il fait partie du Top 3 des meilleurs croissants mangés dans ma vie (après celui d'Anne de Bretagne, tout de même).

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Le lieu est vraiment agréable, avec la possibilité de dormir dans des roulottes à la belle saison (non, ils ne m'ont pas fait une réduction pour que j'en parle sur mon blog).

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Avant de partir, je fais un tour dans Marcigny que je n'avais qu'entrevu hier.
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Il ne me reste plus qu'à partir affronter les neiges du Jura...


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