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Quelques livres pour les fêtes (suite)

Par Oenotheque

Suite de la liste au Père Noël :
Pour un jeune loup :
louviere.jpgVoici un beau livre tout entier consacré au Château La Louvière, inscrit à l’Inventaire des Monuments Historiques en 1946 et classé en 1991. Outre de superbes photographies de son architecture, des fresques et œuvres d’art qu’il recèle, l’ouvrage propose également d’explorer son histoire. Une histoire vieille de sept cent ans, puisqu’elle commence dès le début du XIVème siècle, quand l’Aquitaine était sous domination anglaise. Comme en bien des régions de France, c’était encore la forêt, ses meutes de loups et ses hordes de brigands, qui dominaient le ban de la paroisse de Léognan. Un petit châtelain défricha une clairière au lieu-dit « La Lobeyra », y construisit sa maison, laboura un champ et, oh judicieuse idée, planta un vignoble sur une croupe de graves. La suite de l’épopée de ce domaine convoque l’histoire de France et une galerie de portraits dignes d’un roman. Il y a d’abord la dynastie de Guilloche, bourgeois anoblis, qui façonnèrent le domaine sur plusieurs générations, malgré de nombreuses péripéties. Au début du XVIIème siècle, c’est un abbé bien mauvais gestionnaire qui le racheta à l’une de leurs héritiers, la dame de Roquetaillade. La Louvière fut rapidement léguée à la Chartreuse Notre-Dame de Miséricorde de Bordeaux, dont le travail fut mieux récompenser par la qualité croissante du vin que par la bienveillance des révolutionnaires. Déclaré « Bien national », le domaine fut en effet vendu aux enchères à un négociant bordelais, Jean-Baptiste Mareilhac. Afin que le domaine Celui-ci engagea un architecte et un peintre de renom pour faire construire l’actuel château de style néo-classique, qu’il offrit à sa jeune épouse Emilie. Le domaine changea encore plusieurs fois de mains, avant son achat par André Lurton, qui lui redonna progressivement sa place au sein des meilleurs châteaux de Bordeaux. Une place que confirment cinq grands chefs qui nous proposent dans ce livre quelques recettes permettant de sublimer une bouteille de Louvière.
Château La Louvière - Le bel art du vin. Hélène Brun-Puginier & Didier Ters. Préface de Jean-Paul Kauffmann. Photographies d’Alain Benoit. 224 pages. Editions de la Martinière. 2010. 40 €.
Pour un vieux renard :
entrevignes.jpgQuel est le secret de longévité de Xavier Muller ? Ses trois verres quotidiens de riesling peut-être… A 78 ans, ce ténor de la politique alsacienne se met à table et nous sert, au travers de son parcours, tout une chronique de la vie rurale, viticole notamment, et politique de l’Alsace depuis l’entre-deux-guerres. Né à Marlenheim, porte du vignoble, il mène la vie d’un modeste fils de paysan dont la famille a été marquée par les horreurs de la première guerre mondiale. Deux de ses oncles, deux frères y sont morts, l’un côté allemand, l’autre côté français, ce qui n’était pas inhabituel dans cette région dans lesquels chaque partie a puisé son lot de chair à canon. On comprend que la grand-mère ait copieusement insulté les Allemands à leur arrivée en 1940… Président des Jeunes agriculteurs à 23 ans, Conseiller municipal de son village à 26 ans, Xavier Muller s’est engagé très jeune en politique, au sein de la famille des démocrates-chrétiens, dont l’importance dans la région trouve ses racines dans l’humanisme rhénan. Les curieux de la vie politique régionale en découvriront avec plaisir de nombreux arcanes, de grandes figures et parfois de petits arrangements. Célèbre pour ses coups de gueule, Xavier Muller n’a pourtant jamais été un politique professionnel. Sa vie durant, il a travaillé la terre et a construit un domaine viticole qui fait sa fierté et auquel il continue de travailler en compagnie de son neveu qui en assure à présent la gestion.
Entre vignes et politique. Xavier Muller & Nicole Laugel. 268 pages. Editions Jérôme Do Bentzinger. 2010. 22  €.
Pour un collectionneur :
100bouteilles-copie-1.jpgLa collection de Michel-Jack Chasseuil est souvent considérée comme l’une des plus belles au monde, le titre de ce livre n’est donc nullement exagéré ou usurpé. Tout est extraordinaire ici, à commencer par l’histoire de Michel-Jack d’abord. Rien ne prédestinait l’ouvrier-chaudronnier entré chez Dassault à 22 ans à constituer une telle collection, même s’il s’est très tôt intéressé au vin. C’est peut-être cette phrase de Marcel Dassault qui servit de déclic : « Achète ce qu’il y a de mieux, ce qu’il y a d’unique. Le reste, on le trouve toujours ». Extraordinaire, bien sûr sa collection de quelques 20.000 bouteilles, dont ce livre donne un modeste mais très bel aperçu. On commence par le millésime 2005, avec un Musigny du Domaine Rouvier et l’on remonte très vite le temps en tournant les pages. Suivent notamment un magnum de l’extravagant de Doisy Daëne 1997, une impériale de Mouton-Rothschild 1982, un Yquem de 1811, parmi tant d’autres, pour terminer par un Porto Hunt’s de 1735 emporté pour la somme de… 200 euros aux enchères en 1987. Une histoire extraordinaire comme bon nombre des histoires et anecdotes liées à l’acquisition ou au don de ses bouteilles. Les vins sont majoritaires dans le livre, mais on y trouve aussi des insolites Gouttes de Malte 1850, une liqueur Marie-Brizard rescapée du Titanic, un vinaigre balsamique également de 1850... Extraordinaire, enfin le projet de Michel-Jack Chasseuil. Contrairement à beaucoup de collectionneurs, il n’ouvre pas ses bouteilles, car il estime qu’elles ne lui appartiennent pas, mais font partie du patrimoine de l’humanité. A ce titre, il recherche un mécène et surtout un lieu où elles pourraient être exposées. Et quand on lui demande quelle est la valeur de ses bouteilles, il répond en toute sincérité qu’il n’en sait rien. Logique, puisqu’elle n’est pas à vendre.
100 bouteilles extraordinaires de la plus belle cave du monde. Michel-Jack Chasseuil. 250 pages. Glénat. 2010. 45 €.
Pour le propriétaire d’un grand appartement :
grandlarousse.jpgAvec ses quelques 500 pages, 600 illustrations et 36 cartes, ce Grand Larousse du vin est certainement l’ouvrage grand public le plus complet qui soit, sachant donc répondre aussi aux attentes d’amateurs dits avertis. Avec son format de près de 23 sur 30 cm, son épaisse couverture cartonnée avec le mot « VIN » évidé, et ses nombreux auteurs spécialisés (œnologues, sommeliers, journalistes) cette 3ème et toute nouvelle édition s’impose donc comme une véritable « bible du vin ». Elle s’articule en trois grandes parties. La première permet de partir « à la découverte de la vigne et du vin », de leurs origines et de leur expansion à travers l’histoire. Les cépages, les terroirs, la vinification y sont également expliqués de manière claire et complète. La lecture de la deuxième apprend comment « choisir, conserver et déguster le vin ». Elle aborde à peu près tout ce qu’il faut savoir de la lecture de l’étiquette à l’art de la dégustation, en passant pat les stratégies d’achat, l’aménagement d’une une cave, les accords du vin avec les mets, les températures de service. Bien évidemment, nous sommes chez Larousse, le vocabulaire si riche du vin y figure en bonne place. Enfin, la dernière partie met en évidence la très grande variété des « grands vignobles du monde », au travers de nombreux chapitres largement documentés et cartographiés.
Le grand Larousse du vin – La référence des amoureux du vin. Ouvrage collectif dirigé par Isabelle Jeuge-Maynart, préfacé par Olivier Poussier.  528 pages. Larousse. 39,90 €.

(à suivre)


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