Lundi est un menteur professionnel

 

Lundi prétend être un jour comme les autres, mais c’est un menteur professionnel.

Il met un masque de routine alors qu’il complote secrètement avec le calendrier pour changer le monde en silence.

S’il faisait été, ce ne serait plus hiver, évidemment, mais la lumière garderait un goût d’ombre, un éclat inversé, presque ironique.

J’aurais voulu capturer ce paradoxe avec mon appareil photo… que j’aurais bien sûr oublié, comme on oublie qu’on existe vraiment.

Pendant ce temps, la voiture dort dans le parking souterrain, rêvant qu’elle est un billet de loterie gagnant, à condition qu’on brise sa vitre pour libérer le jackpot imaginaire.

Mais à quoi bon ? Tout cela est poussière déguisée en projet, et vanité en costume trois pièces.

Et pourtant, c’est passionnant, d’une passion statique, immobile, comme une éclipse qui ne finit jamais de commencer.

Car les imprévus, ce sont les choses qu’on attend le plus — les surprises que l’on programme sans s’en rendre compte.

Chaque jour est une pièce de théâtre improvisée avec des décors en carton et des répliques mal apprises.

Sinon, on s’endormirait dans un sommeil sans contour, jusqu’à ce que le jour devienne une nuit transparente.

Alors on joue, sans peur ni remords, et on se dit : tant que j’ai mes pieds pour avancer, je n’ai pas encore tout perdu.