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In Vino Satanas, l’interview de Denis Saverot (2/2)

Par Marie Servagnat

In Vino Satanas, l’interview de Denis Saverot (2/2)Suite de l’entretien que Denis Saverot, rédacteur en chef de La Revue des Vins de France, m’a accordé à l’occasion de la sortie de son livre, In Vino Satanas (éd. Albin Michel), écrit avec Benoist Simmat. Il poursuit son analyse de la situation actuelle du vin français.

La culture du vin est une chose qui est certainement moins présente chez les jeunes générations, cela n’explique-t-il pas en parti la baisse de la consommation, et comment y remédier ?
La seule façon de transmettre la culture du vin, c’est l’éducation. Il faut, dès l’école, évoquer la culture et la civilisation du vignoble, qui nous accompagnent depuis 3000 ans et dont nous sommes issus. Vous constaterez d’ailleurs que les deux régions les plus frappées par ce fléau qu’est l’alcoolisme sont les deux seules régions sans vigne, le Nord Pas de Calais et la Bretagne ! Quant au terrible “binge drinking” qui conduit les jeunes gens à se “casser” en avalant de grandes lampées d’alcool, c’est une mode importée d’Angleterre et des États-Unis. Jamais on a vu de tels comportements dans un pays de vignoble.

Le Champagne est un vin simple à comprendre, il ne multiplie pas les appellations et possède des marques très fortes, n’est-ce pas une des clefs du succès ?
La Champagne, par la simplicité de son organisation (une appellation contre 60 à Bordeaux), par sa discipline (pas de plantations abusives depuis trente ans, une défense méthodique de l’utilisation du mot Champagne) et grâce à ses marques internationalement connues possède de très nombreux atouts. Elle fait rêver bien des vignobles aujourd’hui. Mais attention tout de même à la flambée du prix du kilo de raisin.

Les Français boivent moins mais mieux, dites-vous, n’est-ce pas une bonne nouvelle ?
La France est devenue la France aux yeux du monde entier car tout le monde buvait du vin. Pasteur le défendait. Les Poilus de 1914 portaient l’assaut après avoir bu du vin. On buvait beaucoup lors des fêtes de l’Huma. Le vin était populaire, c’était là une spécificité française. Aujourd’hui, la France a remplacé sa devise Liberté égalité fraternité par Prévention, précaution et santé publique. Tout se passe comme si l’on souhaitait désormais que seuls les riches puissent boire du vin. Je ne suis pas pour le rétablissement des privilèges. Et je préfère vivre 74 ans aux côtés de Claude Nougaro mort d’un cancer du pancreas après avoir chanté la joie, la vie, la table, les copains et même l’ivresse toute son existence que 110 ans aux côtés du sinistre professeur Got, le pape des hygiénistes.

Que vous inspire l’application de la loi Evin sur Internet alors qu’elle a été élaborée à une époque où le web n’existait pas ?
Il n’est pas normal qu’en France un quotidien populaire comme Le Parisien soit condamné par la Justice pour avoir publié un article sur les vins de Champagne à la veille de Noël. La loi Évin discrédite ce produit noble qu’est le vin, au moment même où il est découvert et apprécié dans le monde entier.

Après la lecture de In Vino Satanas, on se demande si il y a des raisons d’espérer. Rassurez-nous !
Ce qui est rassurant, c’est que même pour les riches Chinois ou les magnats russes, les grands vins français restent les meilleurs du monde. C’est pour cela que nous avons raison d’espérer et d’avoir foi en l’avenir.


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