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“Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit.”

Publié le 29 janvier 2009 par Jfa

La journée d’hier aura constituée une réponse adéquate aux pitoyables fanfaronnades sarkoziennes. Elle constitue un évènement politique majeur du fait du nombre de grévistes et de celui des manifestants.

Beaucoup de monde pour la manifestation de jeudi matin à Nice (voir la vidéo JT de France 2). Autour de 25 000 personnes (On n’avait pas vu autant de monde à Nice depuis la manifestation contre Le Pen au deuxième tour” de la présidentielle en 2002, a confié à l’AFP une source policière”. NouvelObs ).. Un impressionnant cortège avec pas mal d’enseignants des 3 niveaux, quelques étudiants, les bataillons de la fonction et des transports publics et, moins nombreux mais très significativement présents cette fois, les salariés du privé.

L’ambiance aussi avait changé, loin de la triste morosité résignée des dernieres manifs. On percevait cette fois les angoisses et la colère, y compris à travers les banderoles et les slogans parmi lesquels certains réclamant le départ de N. Sarkozy. Pour la première fois, des manifestants avec l’autocollant du Modem, marquant, après le vote de la motion de censure, le basculement de F. Bayrou dans l’opposition. Bref une manif “pêchue”.

Peu à peu les nouvelles des manifestations des autres villes sont arrivées, renforçant l’impressionnante impression première: Lyon (30 000), Marseille (au moins 100 000), Grenoble (40 000), Toulon, Besançon (15 000), Bordeaux (60 000), La Rochelle (12 000), Angoulème (20 000), Roanne (15 000), Clermont-Ferrand (50 000), Rouen (25 000), Toulouse (70 000), Quimper (10 000), Arles,… l’objectif du million de manifestants est largement dépassé. Quant à Paris, le ridicule ne tuant pas, la police annonçait 65 000 manifestant avant même le début d’une manif où, à 18h seulement, soit 4 heures après le départ, les derniers manifestant quittaient la place de la Bastille. A l’inverse de Nice, à Paris comme dans de nombreuses villes de province, il semble que les manifestants du privé aient été nombreux et déterminés.

Les pourcentages de grévistes sont aussi importants, en dépît des enfumages gouvernementaux, les plus élevés depuis le passage au XXIème siècle…

Comment interpréter cette franche mobilisation ? A mon avis, elle résulte de plusieurs facteurs:

- Un sentiment d’injustice dû à la crise, provoquée par les banquiers et les assureurs, au chevet desquels volent tous les gouvernements à coups de dozaines de milliards d’€ et qui, après avoir pinaillé sur les “bonus” de leurs dirigeants, entendent bien continuer à engraisser leurs actionnaires.

- Une grande inquiétude car chacun comprend confusément que cette crise sera dure, longue et que ce sont les salariés qui vont la payer par du chômage, des dégraissages de la fonction publique, et une baisse sensible du pouvoir d’achat, quand beaucoup n’arrivent déjà pas à atteindre les fins de mois.

- Enfin, je crois qu’elle marque le refus d’une politique au service exclusif des privilégiés, menée à coups de triques, instrumentalisant la justice, la police et les médias, mettant en cause la démocratie et la République et instaurant un pouvoir tous les jours plus personnel.

“Du jamais vu depuis 20 ans!” (F. Chérèque). Je crois que cette grève et ces manifestations sont, à la fois, l’expression des craintes justifiées pour l’avenir,  une réaction à un sentiment d’injustice, un ras-le-bol, et, peut être surtout, une réponse au souverain mépris manifesté par le pouvoir envers ceux qui se lèvent tôt et travaillent, sans parler de ceux qui ont, déjà, perdu leurs emplois.. A Rouen et ailleurs (Le Monde ), la chanson de Patrick Sébastien “Ah si tu pouvais fermer ta gueule, ça nous ferait des vacances !” a fait un tabac. Des banderoles avec La crise c’est eux, la solution c’est nous”, “Casse-toi pauvre con” ont été applaudies. Partout, on voit poindre le rejet massif de la politique, mais aussi de la personne présidentielles.

Je pense que c’est sur ce dernier point que la gauche devrait s’appuyer, dépassant la critique de l’insignifiant “Plan de relance” et mettant en question les comportements du Président et de son gouvernement. Il y a des démissions à réclamer!

- Planning familial. Une baisse de 42% des subventions de l’état met en grande difficulté ce mouvement dont les prestations sont encore indispensables. Signez la pétition. Voir l’article d’AgoraVox . A côté de cela, le budget “Com” de la Présidence et du gouvernement est augmenté de plus de 100%.

- Pipeau sarkozien, un exemple de plus: “Droit opposable au logement : le tribunal constate l’impuissance de l’Etat”. Le Monde.

- Autre pipeau sarkozien: le fiasco de la défiscalisation des “heures sup”. Le Monde.


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