AU SECOURS PARDON, de Fréderic BEIGBEDER
Résumé : Au secours
pardon raconte l’histoire d’un homme qui se croit libre comme la Russie, et qui va s’apercevoir que la liberté n’existe pas. « C’est l’année de mes quarante ans que je suis devenu complètement
fou. » A Moscou, Octave Parango est chargé par une marque de cosmétiques de trouver la plus jolie femme du monde. Lena a la détermination boudeuse des jeunes filles et la beauté d’un ange
démoniaque. On se damnerait pour la sauver ou se perdre avec elle. A Moscou, puis à Saint-Petersbourg, Octave fera les deux. Dans la cathédrale récemment reconstruite, il confesse ses turpitudes
à un pope qui hoche la tête avec compassion. Lequel des deux sauvera l’autre ? Lequel des deux périra le premier ?
Mon humble avis : Houlala, je sens que faute de faire couler l'encre, un billet sur roman de Beigbder va faire cliqueter les claviers... Le
livre commence par une préface de Marin de Viry, de la revue des deux mondes. Selon cette préface, en résumé, Frédéric Beigbeder serait conscient d'être ce qu'il est et de ne pas être ce qu'il
n'est pas. Préface bidon, provoc ou pour clouer le bec aux détracteurs, je l'ignore.
Ensuite, le roman retranscrit le récit plus ou moins ordonné de la confession du narrateur auprès d'un pope orthodoxe Russe. Qui dit confession dit secret. Donc je me tais et j'arrête
là cette chronique !
Mais non ! Je vais vous en dire un peu plus, peut être même vous ouvrir l'appétit. Car pour moi "Au secours Pardon" ressemble à une baguette de pain bien fraîche, tartinée de beurre salé et
parsemée de carrés de chocolat amer...
Vous devez me croire aussi "givrée" que l'auteur... Laissez moi expliquer chacun des ingrédients de mon régal, car oui, je me suis régalée dans ma lecture.
La baguette bien fraîche : sa croûte croustille sous vos dents et puis vous découvrez la mie et sa douceur. Là, c'est pareil. Beigbeder c'est le poids des mots et le choc des phrases
croustillantes et percutantes à souhait. C'est curieux, on passe d'un paragraphe sarcastique à l'extrème, limite salace et vulgaire (car forcément, c'est du FB, donc on parle de C.., de
C......s, de Coke...), à trois pages d'une poésie formidable et d'envolées presque lyriques sur la beauté et les sentiments. Si si !
Le beurre salé : Et bien parce que le beurre aide parfois à faire passer bien des choses. Salé, parce que j'habite en Bretagne et que certaines phrases ou théories de FB sont sacrément salées...
Mais comme c'est du beurre, ça finit toujours pas passer.
Le chocolat amer : Parce que quand vous mangez votre baguette, vous ignorez quelle sera la bouchée qui vous fera rencontrer un carré de chocolat. Dans Au secours Pardon, on a la même sensation.
Le narrateur va-t-il disjoncter à nouveau ou pas ? Et puis le chocolat, ça peut fondre dans la bouche... et parfois, il faut mordre dedans pour l'avaler. Et là, une fois de plus, FB va si
loin dans le caustique qu'il faut parfois croquer pour avaler les énormes provocations, horreurs qu'ils distillent, presque innocemment, dans un bout de phrase.
Et pourquoi du chocolat amer en particulier ? Parce qu'il ressort de ce livre très fort une sensation d'amertume.
Frédéric Beigbeder a construit son roman sur quelques constats désenchantés : La décadence de notre monde qui ne s'attarde plus que sur la beauté physique, qui vit non plus une dans une société
de consommation mais de tentation, et dont la déchéance le pousse à ne même pas réaliser qu'alors qu'il se croit libre, il vit sous le joug d'une nouvelle dictature , celle d'un effroyable
besoin, celui de l'éternelle jeunesse. C'est pour cela que FB dérange, car il nous renvoie en pleine figure une multitude de vérités souvent attroces dans le concept. Et ces vérités, nous
refusons souvent d'accepter qu'elles nous concerne également, chacun d'entre nous, mais dans diverses proportions. Et en plus, Beigbeder aime la cruauté tant dans les mots que dans les
propos, pour mieux nous remuer, je suppose. Ou pour mieux nous déranger ? Après tout, un lecteur qui n'est pas dérangé ne finit-il pas par s'ennuyer ?
Et pour cela FG n'hésite pas à égratigner le monde de la pub, de la cosmétique (notamment une firme célèbre et son slogan international), de la mode et des dérives du mannequinat plus
ou moins connues mais complètement ignorées. Il dresse un portrait peu complaisant mais réaliste d'une certaine Russie, qui depuis qu'elle n'est plus un empire emmurée dans un
communisme terrifiant, s'embourbe dans un capitalisme mafieux et n'a pas vraiment libéré ses enfants.
Conclusion : Au secours Pardon fut pour moi une lecture jubilatoire. Je savais dès le début, qu'en entrant dans ces pages, je ne partais pas me promener à la campagne par un beau matin de
printemps. Même si j'avoue m'être dit par moments "bon là, il exagère, c'est vraiment dégueu... je ne compte pas le nombre de croix que j'ai apposées dans la marge au crayon à papier. Ces croix,
ce sont ce que j'appelle des citations, des phrases tantôt magnifiquement poétiques, tantôt ignobles, mais tellement vraies et bien écrites.
livre
lu dans le cadre de
Belledenuits vous donne son avis plus mitigé ICI