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Le vin argentin est-il épargné par la crise ?

Par Findawine

La crise économique et financière semble n’épargner rien ni personne. Lorsque même les plus prestigieuses maisons de Champagne déclarent y laisser des bulles (recul de 4% des ventes de Champagne pour le groupe LVMH en 2008), force est de constater que la fête est finie. Dans certaines régions du monde pourtant, quelques vignerons se réjouissent. C’est le cas notamment des producteurs argentins, dont le vin ne cesse de surprendre et pour lequel le marché international est de plus en plus demandeur. Une tendance qui se confirme malgré le marasme.

Vin argentin crise

Les prévisions statistiques pour 2009 concernant l’exportation des vins argentins laissent en effet présager une croissance stable et comparable à celle des années précédentes malgré les difficultés générées par la crise. Il se peut que le taux de croissance soit sensiblement inférieur aux performances antérieures mais l’inquiétude ne semble pas avoir atteint les vignobles jonchés dans ces latitudes australes. Conscients que le ralentissement de l’économie mondiale affectera la demande internationale de vins, les professionnels du secteur viticole argentin sont cependant convaincus de pouvoir tirer profit de cette situation délicate. Avec 2,8% du vignoble mondial, l’Argentine exporte d’ores et déjà 27% de sa production nationale, principalement vers les Etats-Unis (20%), le Royaume Uni (20%), l’Afrique du Sud (6%), le Brésil (6%) et l’Allemagne (6%). Le marché français n’en absorbe lui pas même 2%. Le secteur compte sur sa large gamme de vins de catégorie moyenne, dont le rapport qualité/prix est remarquable, pour s’approprier une clientèle qui ne peut plus se permettre d’acheter des vins supérieurs. A titre comparatif, les exportations françaises de vins et spiritueux en 2008 ont baissé de 0,3% (-10,5% en volume), après une année 2007 record avec 9,34 milliards de dollars de recettes. La réduction drastique des importations en provenance des Etats-Unis et du Royaume Uni, les deux plus gros débouchés du secteur, fait très mal. L’appréciation de l’euro par rapport au dollar et à la livre ne fait qu’empirer les perspectives à court terme.

L’optimisme argentin est légitime. Premier producteur de vin en Amérique latine, ce pays à grande tradition viticole et qui récolte depuis longtemps les louanges des aficionados du cépage Malbec implanté localement par l’agronome français Michel Pouget en 1868, a souffert de multiples crises économiques l’ayant empêché de développer ses activités dans le secteur des vins. Finie la crise de surproduction des années 1990 ayant entraîné le rétrécissement de la superficie du vignoble de plus de 40%. Depuis 2002, les surfaces cultivées augmentent d’environ 4000 ha/an et les producteurs ont entamé un effort collectif pour promouvoir leurs vins à l’international. Effort payant puisque pour la seule année 2007, l’Argentine en exporte pour plus de 482 millions de dollars. En septembre 2008, le montant des exportations pour l’année en cours s’élevaient déjà à 447 millions de dollars. Cinquième producteur mondial, sixième consommateur, neuvième rang à l’exportation, le pays peut compter sur un secteur touristique hautement dynamique mettant en valeur sa production viticole. Alors qu’en France de nouvelles réglementations viennent peser sur l’oenotourisme, certains pays comme l’Argentine développent ce secteur comme une filière stratégique. Le secteur du tourisme vitivinicole a connu de 2007 à 2008 une croissance de 19%. La visite des bodegas est progressivement devenue un passage incontournable du touriste, figurant dans la quasi totalité des formules proposées par les tour opérateurs. Les domaines Chandon, Zuccardi et Alta Vista sont devenus de véritables icônes du succès touristique argentin qui attirent une clientèle éclectique allant de l’étudiant backpacker au retraité fortuné.

Cet élan d’optimisme n’empêche cependant pas les acteurs du pays d’être lucides par rapport aux réalités économiques qui pourraient brutalement inverser certain déterminants exogènes de cette success story. Sergio Villanueva, le directeur exécutif du fonds vitivinicole de Mendoza confiait en décembre son inquiétude au sujet du rôle prépondérant qu’occupe la parité de change peso/dollar dans l’attractivité des produits argentins sur le marché international. La chute du dollar par rapport au peso argentin aurait des conséquences dramatiques que personne ne souhaite envisager. Les évolutions récentes de cette parité montrent d’ailleurs que cette éventualité n’est pas à l’ordre du jour : 3,7 pesos argentins pour 1 dollar, un niveau record depuis 2002. De quoi rassurer les sceptiques et encourager la conquête de nouvelles parts de marché. Ils ont beau produire des “vins du nouveau monde”, la nouvelle génération de vignerons argentins, déterminée et innovante, a pris les commandes d’un secteur lucratif et compte sur le développement de la qualité. L’argument du prix sera bientôt un vestige du passé.

Alors oui, il y a encore des pays où le moral est rayonnant malgré le malaise ambiant. Depuis la France, je ne dirais qu’une seule chose : Rassure toi Evita, je ne pleurerai pas pour toi.


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