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L’Etrange Histoire de Benjamin Button de David Fincher

Par Geouf

Résumé: Le 11 Novembre 1918, alors que les habitants de la Nouvelle Orléans célèbrent la fin de la Première Guerre Mondiale, une jeune femme meurt en couches après avoir donné naissance à un bébé ayant l’apparence d’un vieillard. Le père, Thomas Button, horrifié par l’apparence du nourrisson, décide de l’abandonner. L’enfant est recueilli par Queenie et Tizzy, un couple tenant une maison de retraite. Le petit, prénommé Benjamin par Queenie, grandit dans cet environnement lui offrant une relative tranquillité. Mais contrairement à tous ceux qui l’entourent, Benjamin rajeunit physiquement au lieu de vieillir…

 

Il m’a fallu un peu de temps avant de me décider à rédiger cette critique du dernier film de David Fincher. Le temps de prendre du recul et d’analyser le film pour être le plus honnête possible. Car il est toujours difficile d’admettre qu’une de ses idoles s’est plantée. Et malheureusement c’est ce qui s’est passé sur ce film, car il faut bien l’avouer, même si Benjamin Button n’est pas un mauvais film, il est tout de même loin de la perfection. Son plus gros problème ? Le fait que Fincher passe totalement à côté de son sujet durant les trois quarts du métrage.

Car finalement, pendant la plus grosse partie du film, le rajeunissement de son singulier héros est totalement accessoire et n’est jamais un moteur dramatique de l’intrigue. Mis à part son père, tout le monde semble accepter cet état de fait comme totalement naturel, que ce soit sa mère adoptive, les pensionnaires de la maison de retraite ou encore les personnes croisées au cours de l’aventure. Même Benjamin lui-même ne s’en offusque jamais, ne se pose aucune question. Tout juste le voit-on se demander pourquoi il ne peut pas jouer avec les autres enfants. Aucun médecin ne vient l’examiner pour tenter de trouver un remède, aucune personne mal intentionnée ne tente d’exploiter ce rajeunissement à des fins pécuniaires, rien… Benjamin, personnage totalement lisse, traverse les époques sans jamais agir, sans se rebeller contre sa condition, sans se poser de questions. Son histoire d’amour au-delà du temps avec la belle Daisy n’est jamais émotionnellement implicante ni réellement crédible, bref, le film manque d’émotion. Il est certes magnifique plastiquement, Fincher oblige, et se suit sans problème tout au long des 2h40  de projection, mais on ne se sent jamais réellement impliqué, mis à part au détour de quelques scènes. De même, certains passages tombent un peu comme un cheveu sur la soupe. Les petites saynètes sur le vieil homme qui a été foudroyé neuf fois dans sa vie sont certes très amusantes, mais n’apportent finalement pas grand-chose à l’intrigue. Plus gênante est la scène relatant l’accident de Daisy. Si celle-ci est très bien fichue et a un côté Amélie Poulain plutôt sympathique, elle est néanmoins totalement illogique par rapport au mode de narration du film. En effet, le spectateur se demande bien vite comment Benjamin Button a pu connaitre (et rapporter dans son journal) toute la chaine d’événements ayant conduit à l’accident. Il parait fort peu probable que celui-ci soit allé poser des questions à toutes les personnes impliquées. Cette tournure de style donne donc au final une scène rythmée et appuyant bien l’idée de destin et d’inéluctabilité du film, mais qui par son illogisme fait malheureusement sortir le spectateur de l’histoire.

Mais attention, tout n’est pas raté dans le film. Celui-ci propose suffisamment de superbes morceaux de cinéma pour combler le spectateur exigeant. Fincher reste toujours un tres bon réalisateur qui sait manier une camera et produire de magnifiques images. Le passage en Russie, par exemple, avec ces rendez-vous secrets entre deux amants étonnants est empreint de poésie et possède le souffle romantique faisant cruellement défaut au reste du film. Et surtout, dans la dernière partie du métrage, Fincher et son scénariste semblent enfin se réveiller et décider de s’intéresser au véritable sujet de celui-ci. Ce n’est réellement qu’au moment ou Daisy tombe enceinte que Benjamin sort de sa léthargie et que le véritable drame se noue. En effet, comment est-il possible d’élever un enfant et de représenter une figure paternelle crédible lorsque l’on est condamné à rajeunir physiquement ? C’est le très cruel dilemme auquel sont confrontés les héros lors de ce dernier acte touché par la grâce. L’émotion pointe enfin le bout de son nez et il devient dès lors difficile de retenir ses larmes lorsqu’une Daisy vieillissante retrouve un Benjamin redevenu enfant et qui perd petit à petit la mémoire. Cet amour impossible est enfin palpable à travers le dévouement de Daisy qui décide de s’occuper de Benjamin jusqu’à sa mort, alors qu’il est revenu au stade du nourrisson. Et si le film est loin d’être parfait, cette dernière demi-heure magistrale suffit à elle seule à justifier son visionnage. On quitte la salle ému, tout en regrettant que tout le métrage n’ait pas été de la trempe de ce final doux amer…

Note : 7/10


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