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KOSOVO : L’impasse périlleuse, l’implosion ou la scission ? Le casse-tête des Européens

Publié le 07 septembre 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

DECRYPTAGE RELATIO par DANIEL RIOT : Que faire ? Avec le Kosovo ? Au Kosovo ? Du Kosovo ?... Trois questions en une avec des enjeux qui dépassent ce seul morceau d’Europe : l’avenir du « bourbier » (comme disait Bismark) des Balkans passe par le désamorçage de cette bombe, Moscou  a fait des « intérêts serbes  au Kosovo » une « ligne rouge » sans dire précisément ce que cela recouvre, Washington semble prêt à reconnaître unilatéralement un nouvel Etat autoproclamé, et les membres de l’Union éprouvent de grandes difficultés à traduire dans les mêmes termes des objectifs communs : une paix durable, sans troupes internationales prises entre le marteau et l’enclume, sans risques de nouveaux séismes dans les micro-nationalismes balkaniques trop cultivés…

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L’impasse actuelle ne peut pas durer. Une proclamation unilatérale ferait des dégâts multilatéraux. Une implosion du Kosovo ferait d’énormes dégâts pas seulement locaux et régionaux. Dans ces conditions, que reste-t-il comme voie à explorer ? Celle d’une scission, d’une partition : un mini-Etat du Nord rattaché à la Serbie pour les 100.000 habitants serbes qui sont restés au Kosovo et vivent dans une   peur invivable et…mauvaise conseillère et un Kosovo,  administré par Pristina, avec  deux millions d'habitants d'origine albanaise…

C’est dans ce contexte que se réunissent aujourd’hui, les chefs de la diplomatie européenne, d'une façon informelle à Viana do Castelo, dans le nord du Portugal. Ils  réitéreront bien sûr leur espoir de voir aboutir les pourparlers qui se déroulent en ce moment à Vienne après l'échec des discussions pour un accord au sein des Nations unies. Facile à dire…

Mais cela tient de la pétition de principe plus que de la prise de position « constructive ». D’ailleurs un Etat indépendant sous supervision de l’Union européenne (qui entretient la plupart des 16 000 soldats de l’OTAN actuellement sur le terrain en gardes champêtres d’une cohabitation empoisonnée) est plus facile à concevoir en théorie qu’à construire concrètement… C’est toute la faiblesse du plan de Martti Ahtisaari, l'émissaire de l'Onu au Kosovo.

D’où l’idée, avancée avec prudence, d’un plan de partage assorti d’un accord de coopération régional. Cette idée ne présente pas que des avantages :

>>>Nombre de pays craignent un effet d’encouragement aux forces de fragmentations qui  menacent leur unité. Déjà, la Belgique provoque bien des cauchemars…. L'Espagne et la Hongrie, notamment,  craignent  que leurs propres minorités (parfois violentes, comme au pays basque) y voient un précédent pour revendiquer elles aussi leur indépendance par rapport à l'Etat central.

>>>La Macédoine craint que cela ne ravive les insurrections albanaises sur son territoire. Le nord et l'ouest de la Macédoine abritent 25% d'albanophones et, en 2001, des groupes armés albanais se sont opposés sept mois durant à l'armée.

>>> Il faudrait  que Belgrade et Pristina acceptent de renoncer à une partie de leurs revendications et se mettent d’accord sur nombre de sujets, dont celui du découpage territorial.  Ce qui n'est pas le cas à ce stade-ci de la négociation.

Mais ce n’est plus la meilleure solution qui est recherchée, mais la moins mauvaise… L'Allemand Wolfgang Ischinger, qui représente les Européens dans la "troïka" de diplomates venus des Etats-Unis, de Russie et de l'Union européenne, n'a pas exclu cette solution en cas de désaccord persistant entre Serbes et albanophones. Le gouverneur onusien de cette province, l'Allemand Joachim Rücker, estime aussi qu'il faut d'ores et déjà préparer un "plan alternatif" sans toutefois se montrer plus précis.

Même le commissaire européen à l'Elargissement, Olli Rehn, n'a pas fermé mercredi la porte à cette éventuelle partition qui n'a pas, pour l’heure,  la préférence de la communauté internationale. « L'Union européenne s'en tient aux principes fixés par le Groupe de contact et ceux-ci n'incluent pas la partition », a-t-il expliqué « Une solution qui est acceptable par Belgrade et Pristina serait  acceptable pour l'Union européenne. »

Celle-ci a un premier devoir : trouver un scénario qui lui permette de parler et d’agir d’une même voix !


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