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"Chagall, Kandinsky, Malevič. Maîtres de l’avant-garde russe"

Publié le 09 mai 2009 par Jb

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Bon alors bien sûr, il y a fort peu de chances que vous passiez par là. Mais enfin sait-on jamais : si vous deviez aller sur le Lac de Côme avant le 26 juillet 2009, vous n’auriez aucune excuse pour rater la très belle exposition actuellement proposée par la Villa Olmo de Côme.

Intitulée "Chagall, Kandinsky, Malevič. Maîtres de l’avant-garde russe", l’exposition permet de (re)découvrir quelques œuvres majeures (peintures et dessins) des trois éminents représentants de l’avant-garde russe. Ces œuvres s’inscrivent toutes dans une période chronologique qui va du début du XXe siècle au début des années 30, elles émanent de collections à la fois publiques et privées russes.

Grâce à ce parcours joliment mis en scène, proposant un volume d’œuvres finalement relativement resserré (80) qui évite le côté parfois "accumulatoire" des musées, le visiteur est saisi par les enjeux artistiques à l’œuvre.

Il est en effet impressionnant de songer, quand on y pense, que la Russie du début du siècle a apporté une contribution majeure et même décisive à tout l’art du XXe siècle (lequel a quitté le monde de la figuration pour explorer, via le futurisme, le cubisme, l’abstraction, d’autres chemins pour évoquer la réalité) avant de sombrer dans le "réalisme" stalinien et, plus largement, totalitaire.

Finalement, c’est peut-être le suicide de Vladimir Maïakovski en 1930 qui marque la mort définitive de cet âge d’or russe.

L’exposition a le mérite de mettre en lumière ces tentatives de trois immenses peintres du XXe siècle pour sortir des chemins artistiques pré-établis et proposer une nouvelle vision de la réalité, laquelle n’est plus forcément toujours objective et figurative, mais également expressive, intuitive, spirituelle.

Ce questionnement autour de la représentation a permis à l’art de profondément muter au XXe siècle et cela est parfaitement montré par cette exposition. Ce sont notamment les couleurs qui sautent aux yeux du visiteur et qui expriment ce travail de composition novateur.

Ainsi, parmi les plus belles pièces de l’exposition, on retiendra Les amants bleus de Marc Chagall (1914) :

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Ouverture. Bordure violette (je ne suis pas certain du titre en français !) de Wassily Kandinsky (1919) :

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et Maison rouge de Kasimir Malevič (1932) :

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Les allers-retours entre un certain "classicisme" et un bouleversement radical des façons de peindre et de représenter le réel sont extrêmement intéressants et, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ne se font pas à sens unique. Ainsi Malevič, après avoir construit une période résolument abstraite dès 1915, revient vers plus de figuratif dans le tournant des années 30.

Au fond cette exposition, sans avoir l’air d’y toucher, met-elle le doigt sur quelques questions essentielles que le visiteur ne peut s’empêcher de se poser : même lorsqu’on semble totalement s’éloigner du réel et de la réalité, ne s’agit-il pas encore de parler d’elle par d’autres biais ? Comment situer l’art, que peut-il face à l’histoire et la politique ? Est-ce lui qui les influence ou est-ce l’inverse ? Les artistes les plus novateurs et les plus "révolutionnaires" peuvent-ils réellement s’affranchir du passé, de l’héritage, de la tradition ? Cela est-il simplement souhaitable ?


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