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Francis Boulard, le Champenois qui aime les petites fleurs jaunes

Par Olif

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Le paysage n'est pas aussi grandiose que du côté du massif de l'Espinouse, mais cette plaine à blé-betterave ne manque pas pour autant de charme et n'est pas aussi monotone qu'il pourrait y paraitre à première vue. Du haut de ce mont Rachais, au cœur du massif de Saint-Thierry, la vue est panoramique sur le clocher de l'église de Cormicy, même si le dénivelé n'impressionne pas outre mesure le montagnard jurassien. Non, ce qui épate le plus, ce sont les petites fleurs jaunes qui tapissent le sol de cette vigne biodynamique et qui ne laissent aucun doute sur l'identité du propriétaire. Les Rachais, c'est le bébé de Francis Boulard, une parcelle de Chardonnay qu'il bichonne et qu'il a entièrement convertie en biodynamie depuis le millésime 2001. Partout autour, le sol est net, clean, désespérément vidé de toute sa substantifique moelle. Pas l'ombre d'un pissenlit, pas de quoi se constituer une petite salade agrémentée de deux ou trois lardons en saison. Tandis que biodiversité et compétition entre les différents végétaux permettent, grâce à la biodynamie, un équilibre des sols qui favorise le développement de beaux raisins bien mûrs avec un pH particulièrement bas. Ce qui se traduit dans les moûts, puis dans les vins, par une acidité et une minéralité phénoménales, qui s'accentuent au fil des années. Le millésime 2008 des Rachais, un vin pour l'instant encore tranquille qui n'a pas encore fini tous ses sucres, possède une tension magistrale. Droite, pure, longiligne et saillante. Du grand art, le propre des grands terroirs parfaitement respectés.
Depuis ce beau week-end d'avril 2009 et le tour des parcelles du domaine Boulard au cœur de la montagne Saint-Thierry, les sols ont été griffés, la vigne est toute propre et belle, les pissenlits ont été priés d'aller se faire voire ailleurs, la floraison terminée. Mais qu'il est bon de voir un sol vivre, respirer et s'exprimer ainsi!
IMGP6873.JPG Francis Boulard et Saint-Vernier, en train de contempler la vigne ou d'effeuiller les pissenlits?
La ferme du Luxembourg, le long de la célèbre route 44, qui servait de ligne de front pendant la Grande Guerre, celle  que Brassens préfère, est devenue par la force des choses Luxembourg-Vendangeoir depuis que la famille Boulard a investi les lieux. Les bâtiments du corps de ferme ont été aménagés en chais. Le caveau de dégustation arbore fièrement au plastron toutes les récompenses acquises de haute lutte depuis une paire de décennies. Des trophées bien mérités, qui récompensent des années de travail et d'effort, consacrées à l'élaboration d'un véritable vin de Champagne.
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Au cours de cette dégustation impromptue et improvisée, généreusement proposée par Francis, nous aurons la chance de goûter les différentes cuvées du domaine (Réserve, Millésimé, Mailly Grand Cru) dans leurs versions Brut et Nature. Même si le dosage est plutôt bien dosé (une lapalissade pourtant loin d'être évidente!), dans tous les cas, la version Nature, non dosée, se révèlera à mon avis supérieure, celle que j'ai préférée dans tous les cas. Le sommet, forcément,  ce sont ces Rachais 2004 (le 2002 est désormais épuisé), dans une version Extra-brut (dosage à 3 g/l pour le 2004, sauf erreur, Francis rectifiera si besoin). Un mont Rachais qui n'a quasiment rien à envier à son homologue bourguignon, si ce n'est l'orthographe champagnisée. Des Champagnes qui savent aussi se tenir à table, en association avec un véritable repas champenois, tarte au Maroilles et salade au lard, en quantités généreuses également, les Champenois étant passés maîtres dans l'art de recevoir. Cela mérite bien une petite chanson, librement inspirée de hauts faits d'armes qui se sont déroulés par ici. Et Champagne!
IMGP6871.JPG La route des grands vins de Champagne, elle passe bel et bien par la route 44!
Aux Braves vignerons du Massif Saint-Thierry
La Route 44
(2me Mille)
D'après M. Robert GUILLON (pardon à lui!) / Air : La Riviera
I
""...
Et qu' plein d'bonne fortune
On bouff ' du pissenlit dans les Rachais !
Les bulles s'affolent
On est bien vit' boul'versé
...
REFRAIN
Sur les bords d'la Route Quarant' quat'
On reçoit une flûte dans les patt's
Et si vous montrez votr' poitraille
Vous risquez d' déguster un Maroilles !
...
II
Mais y a Cauroy les Hermonville
Où l'on vient se retaper
Ca c'est un' bath ville
On trouve chez Boulard ... des bulles pour s'abreuver
On se r' fait la fiole
L'palais se trouve vite rassasié
Quand on est mariole
...
III
Mais faut qu' ça finisse
Ca n' peut pas toujours durer,
Saluer l'ami Francis
Un jour ou l'autre, faut s'en aller ...
...
Après avoir fait sauter les bouchons
Plus d' Rachais, d'Petræa, d'Comète, de Mailly
On aura retrouvé son Pays.
Mais vivement l'retour
Au Vendangeoir Luxembourg !
''Mai 2009"
(la version originale peut s'apprécier ici, c'est peut-être préférable pour les vénérables poilus!)
Olif

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