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Vins contrefaits : vous êtes faits !

Par Findawine

Comme nous l’avions mentionné dans un précédent article, la contrefaçon n’a pas épargné le secteur des vins. Il semble même que les contrefacteurs y voient un terrain propice à la diversification de leurs activités.
Les réseaux mafieux ne sont d’ailleurs en aucun cas les seules forces en présence puisqu’on constate une certaine démocratisation de la fraude. Il faut bien admettre que les sites d’enchère en ligne, qui souffrent tout autant que la filière vin de cette perte de crédibilité, rendent la vente de faux “grands crus” plus accessible. En septembre dernier, un couple d’ardéchois a été condamné à huit mois de prison avec sursis et au versement de 13 101€ de dommages et intérêts suite à la vente de quelques 200 fausses bouteilles Châteauneufs-du-Pape. La simplicité des méthodes employées par les escrocs pour monter cette entreprise inquiètent aussi bien les amateurs de vin que les producteurs.

Chaque année, la contrefaçon ferait perdre 200 millions d’euros à la filière vins et spiritueux française, une tendance qu’il semble urgent d’inverser compte tenu de l’évolution rapide des techniques de falsification et la croissance du nombre de contrefacteurs. Plus inquiétant encore, certains vins contrefaits comportent des éléments chimiques de nature à altérer la santé des consommateurs. En 2007 déjà, le député de la Marne Philippe-Armand Martin avait demandé à ce que des mesures soient prises par le gouvernement pour lutter contre ce problème avec comme ligne directrice les propositions mentionnées dans le rapport de l’Imprimerie Nationale relatif à la contrefaçon des vins.

Aujourd’hui, où en est-on dans la lutte face aux contrefacteurs ?

Les vins contrefaits sont faits !

Le secteur se dote d’un armada high-tech contre les fraudeurs

Vous avez certainement entendu parlé du LHC, le plus grand accélérateur de particules au monde mis en route le mercredi 10 septembre 2008 à Genève. Pour ceux qui en doutaient, nous lui avons trouvé une utilité pratique ! Il exploite en effet une technologie similaire à celle développée par le CNRS et qui fournit une méthode de datation des bouteilles de vin en les soumettant à un faisceau d’ions. Une innovation qui permet de vérifier aussi bien l’ancienneté des bouteilles que leur provenance et donc d’authentifier le cru. Intéressant donc.

Oui mais voilà, certains fraudeurs peuvent se procurer, via ebay ou tout simplement par le vol, des échantillons de bouteilles originaux et remplir de piquette le flacon “grand cru”. Conscients du risque, certains domaines se dotent d’un moule de bouteille original pour leurs vins les plus prestigieux. Contrefaire une étiquette, c’est une chose, contrefaire une bouteille en est une autre : coût estimé 350 000€.

Vous connaissez peut être le dicton anglais “every cloud has a silver lining”. Il semblerait que les vignerons aient trouvé le “silver lining” (le côté “positif” s’il en est) des essais nucléaires menés par l’homme dans les années 50 et de l’accident de la centrale de Tchernobyl. Un procédé utilise en effet le nucléaire (plus précisément le Césium 137, un élément radioactif artificiellement créé par ces événements) absorbé par les vignes pour déterminer la datation du vin. Une idée utile pour déterminer l’authenticité des vins. Cela dit, le problème reste posé pour les vins datant d’avant les années 50.

Une autre méthode utilisée par la Répression des fraudes permet de mettre en évidence la chaptalisation (ajout de sucre) ou encore l’origine géographique du vin. Le spectromètre à résonance nucléaire analyse d’une part la quantité de carbone et d’hydrogène contenu dans le vin, ce qui permet de savoir si le sucre provient du raisin ou s’il a été ajouté a posteriori. Dans un deuxième temps, l’analyse se fonde sur l’isotope oxygène 18 pour déterminer l’origine géographique du vin. Les caractéristiques de l’eau présente dans le vin dépendent en effet des conditions climatiques dans lesquelles les raisins ont été cultivés.

Pour les aficionados de gadgets originaux, l’institut de microélectronique de Barcelone a mis au point une “langue électronique” capable de détecter quatre cépages différents : le chardonnay, le malvoisie, l’airén et le macabeu. Cet outil transportable peut détecter l’ajout de 20% d’un autre cépage dans une bouteille. Elle serait également capable de reconnaître les millésimes 2005 et 2007. Une innovation qui fait sourire les œnologues mais qui pourrait bien séduire les éternels suspicieux.

Plus largement, de plus en plus de châteaux font en sorte de pouvoir suivre leurs bouteilles en numérotant les étiquettes ou en y faisant figurer un logo en filigrane. Ces techniques permettent au consommateur averti d’identifier le domaine d’origine de la bouteille et de distinguer le vrai du faux.

Les bienfaits d’un système mi-préventif, mi-répressif

Hologrammes, spray ADN, codes barres, cryptogrammes sont des outils génériques mais efficaces pour se protéger les attaques de contrefacteurs. Il s’agit certes davantage d’une politique de dissuasion que d’une réelle solution au problème mais ils ont l’avantage de rendre la contrefaçon plus coûteuse à réaliser. Face ce type de fraude la sensibilisation du consommateur, la surveillance des marchés, la formation des autorités de police, la coopération avec les pouvoirs publics et les actions en justice semblent les meilleurs moyens à retenir sur le long terme. Ils constituent un système mi-préventif, mi-répressif capable d’apporter des résultats au plus vite. Les domaines doivent profiter de la relation de confiance qu’ils entretiennent avec leur clientèle afin d’exposer la situation et véhiculer les rudiments du principe de précaution. La prochaine fois que vous ferez l’achat d’une bouteille et pour ne pas tomber dans la paranoïa, appliquez donc la méthode Reagan : “Trust, but verify”.


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