Bollywood boycotte l'Australie

L’Australie est-elle un pays raciste ? Telle est la question qui alimente depuis quelques jours un sulfureux débat relayé par les médias indiens.
A l’origine de cette tension, la recrudescence des agressions racistes dont sont victimes tout particulièrement les étudiants indiens résidant en Australie.
D’après les chiffres officiels de la police, 1447 personnes d’origine indienne auraient été agressées dans le seul Etat de Victoria durant la période 2007-2008. Mais selon la communauté indienne de l’Etat, ce chiffre serait en réalité beaucoup plus élevé.
Le sujet étant devenu brûlant, chaque agression ou bagarre impliquant un jeune d’origine indienne fait désormais les gros titres des quotidiens indiens.
La dernière agression perpétrée à l’encontre d’un Indien remonte ainsi dans la soirée du mardi 2 juin. Selon l’AFP, un étudiant indien de 21 ans a été pris à partie par cinq autres jeunes dans le parking sousterrain d’une université de Melbourne.
Cela dit, et comme le souligne la police australienne, ces agressions commises à l’encontre de ressortissants indiens ne sont pas forcément à caractère raciste.
« Certains de ces crimes sont motivés par le racisme. Cependant, je crois aussi que beaucoup de ces vols et de ces violences sont simplement opportunistes », a déclaré un officier australien.
Malheureusement, les esprits ne se calmeront pas de sitôt car la communauté indienne est toujours sous le choc après l’agression de Shravan Kumar, un autre étudiant indien de 25 ans tombé dans le coma après avoir été agressé au couteau par un groupe de jeunes Australiens.
Bollywood révoltée
La mobilisation de la diaspora indienne, révoltée par cette recrudescence de violence, a dorénavant franchi les frontières de l’Océanie. Désormais, c’est Bollywood qui s’en mêle et qui appelle au boycott de l’Australie.
Ainsi, la Fédération des Salariés du Cinéma d’Inde Occidentale (FWICE) a officiellement demandé aux producteurs de Bollywood de s’abstenir de se rendre en Australie pour leurs tournages tant que cette crise ne sera pas réglée.
«  Ces récentes attaques sur de jeunes Indiens par des Australiens sont condamnables. Nous avons donc décidé de ne pas prévoir de tournages en Australie avant que les choses ne reviennent à la normale. Nous ne disons pas que l’Australie est un pays raciste, mais l’inaction de son gouvernement nous oblige
à prendre nos distances », a déclaré Dinesh Chaturvedi, le secrétaire général de la FWICE.
De son côté, l’Association des Producteurs de Films du Cinéma Indien (IMPPA) a écrit au Premier ministre australien pour lui demander de prendre des mesures visant à assurer la sécurité des ressortissants indiens, touristes et professionnels du cinéma inclus.
Malgré ce que l’on pourrait penser ici, la colère de Bollywood pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’économie touristique australienne. Le Times of India rappelle ainsi que des films tels que Kaho Naa Pyaar Hai, Salaam Namaste ou encore Dil Chahta Hai ont fortement contribué à la popularité de l’Australie en Inde. Il y a fort à parier que les touristes indiens réfléchiront désormais à deux fois avant de prévoir des vacances en Australie, où le rêve a laissé la place à la terreur.
Big B refuse un doctorat
Comme nous l'avons annoncé dans notre édition de la semaine dernière, les stars de Bollywood ne sont pas en reste et qu'Amitabh Bachchan a décidé d’annuler sa visite en Australie où il devait recevoir un doctorat honorifique de la part d’une université du Queensland.
«  J’ai réagi sous le coup de l’émotion. C’était une décision personnelle. Je ne trouvais pas approprié d’accepter un tel honneur de la part d’un pays où mes compatriotes ont été déshonorés », a expliqué la star de Bollywood.
Aamir Khan scandalisé
Aamir Khan a, quant à lui, montré son indignation en postant une tribune sur son blog. Prenant tout de même du recul sur les événements, l’acteur a expliqué qu’il était scandalisé par ces agressions qui, avant de toucher la dignité des Indiens, touchaient avant tout celle de l’être humain.
Pour la star indienne, même si ces événements ne signifient pas que les Australiens sont un peuple raciste, il serait temps que le gouvernement australien prenne des mesures visant à assurer la sécurité des ressortissants indiens.
Aamir concède cependant que, de son côté, l’Inde doit aussi faire des progrès dans le domaine de la sécurité, et notamment celle des touristes. On se rappelle ainsi l’assassinat de cette jeune Britannique sur une plage de Goa, qui a fait rejaillir les problèmes de sécurité sévissant dans cette région, très prisée des dealers et des délinquants de toutes sortes.
Mais la pression est maintenant du côté de l’Australie qui, déjà embarrassée par l’épineux dossier de la condition aborigène, doit faire face à de nouvelles accusations de racisme.