J'en termine sur le fond avec la religion en général par la remarque suivante : si quelqu'un me faisait observer que l'absolu, ce « quid immatériel » dont je parle, qui est à la fois idéal, éternel, infini, parfait et immuable, c'est ce qu'il nomme « Dieu », je lui répondrai que ça tombe bien : Spinoza aussi ! A l'énorme différence près, néanmoins, que le Dieu spinoziste, ou substance, n'a pas créé notre monde à la manière dont un artisan fabrique un objet, et qu'il ne dispose pas non plus d'un prétendu « libre arbitre », comme le soutiennent les « philosopheurs » Descartes et Kant.
En bonne logique, cette soi-disant libre volonté aurait même laissé le libre choix à leur Dieu de créer, ou non, notre monde, et c'est donc une chance que nous soyons là ! Son libre arbitre est censé permettre aussi au Dieu de la Superstition d'intervenir, à sa guise, dans les affaires de notre monde, ainsi qu'ils sont des milliards à le croire - vous n'alliez quand même pas penser que leurs prières, leurs offrandes, leurs pèlerinages et autres actions de grâce étaient totalement désintéressées !
En tout cas, si ce Dieu superstitieux avait eu véritablement le « libre choix » de nous créer à sa guise, il faut en conclure que nous serions aussi parfaits que lui, puisqu'il a créé les humains à son image - paraît-il ! Hélas pour notre monde et pour nous, le Dieu, ou substance, spinoziste a produit « nécessairement » notre monde, et non par un acte libre de sa volonté, sans être toutefois « extérieurement » contraint à le faire. C'est pourquoi le Dieu spinoziste, bien qu'existant et agissant en vertu de la seule « nécessité » de sa nature, est libre, tandis que nous sommes constamment déterminés par l'enchaînement infini de l'infinité des causes et des effets - conséquence du mouvement universel perpétuel -, et non par l'action d'un Dieu agissant selon sa libre volonté - sinon ce ne serait sûrement pas la pétaudière sur Terre, sauf à admettre l'impuissance de Dieu lui-même !
En conclusion sur la religion, il demeure que le dualisme religieux « créateur-création » implique la coexistence de « deux » absolus, ce qui est précisément la manifestation du penser superstitieux humain - sauf à Barack Obama, évidemment, ainsi qu'à tous nos « philosopheurs » nationaux contemporains, qu'ils soient adeptes du matérialisme ou de l'idéalisme, de démontrer le contraire. Toutefois, j'attends encore l'argumentation des prétendus intellectuels et pseudo-philosophes suivants pour apporter une contradiction d'ordre philosophique à la pensée de Spinoza et de Brunner : Abdelwahab Meddeb, Alain Finkielkraut, André Comte-Sponville, André Glucksmann, Bernard-Henri Lévy, Clément Rosset, Jean-Didier Vincent, Jean-Jacques Rosat, Luc Ferry, Malek Chebel, Marcel Gauchet, Maurice T. Maschino, Michel Onfray, Nicolas Tenzer, Pierre-François Moreau, Régis Debray, Robert Redeker et Roger-Pol Droit.
Leur silence et leur refus de débattre sur le fond, outre qu'ils justifient mon accusation de colporter les mensonges et les « croyances au miracle » du monde, les décrédibilisent à jamais dans leurs condamnations moralisatrices, puisque celles-ci se fondent seulement sur leurs croyances superstitieuses de la religion, de l'idéologie et du moralisme, sauf à ces « faux » penseurs, évidemment, d'apporter la preuve du contraire - or, même celle-ci est aussi renvoyée à DEMAIN, toujours DEMAIN et seulement DEMAIN ! ! !
Il n'est pas plus acceptable pour autant que le président de la plus grande puissance mondiale fasse un discours, à vocation planétaire, en faveur d'une religion particulière, sans jamais montrer où le bât blesse avec l'islam ; et c'est pourquoi je parle d'apologie, là où « to apologize » serait plus approprié. En effet, parler de l'islam, et oublier de mentionner la sharia, le djihad, la fatwa, la lapidation des femmes adultères, entre autres, tout en citant le « saint Coran », à deux reprises, n'est pas la manière la plus honnête, intellectuellement parlant, d'évoquer les commandements et les interdits du Livre musulman. Il n'est pas moins que les autres une véritable « auberge espagnole » dans les contradictions de ses sourates et de ses versets, puisque même la « sainte Bible » - dixit Obama ! - n'en est pas exempte !
S'imaginer, de surcroît, qu'un discours planétaire, même de la part d'un président américain, suffirait à amender des pratiques d'un autre âge, c'est faire preuve de beaucoup de naïveté, mais aussi de cacophonie quand on est engagé dans des guerres contre des musulmans, lesquels, fussent-ils appelés « intégristes », n'en sont pas moins de fidèles croyants du Dieu du « saint Coran » - et d'autant que même le Christ se disait incapable de distinguer le bon grain de l'ivraie ! Par ailleurs, je ne suis pas certain qu'Allah désapprouverait cette ardeur dans la foi en lui ! ! !
Pour terminer sur le plan politicien, comme sa fonction m'y oblige, Barack Obama s'est bien gardé, dans sa tentative de donner à la planète une autre image de l'islam, de parler des massacres entre des chiites et des sunnites se réclamant pourtant de cette soi-disant religion de paix et de tolérance, mais s'entretuant pour une sombre question d'héritage, pas plus qu'il n'a évoqué les atrocités sans nom commises au Darfour par les cavaliers jenjawis musulmans, voire le sort réservé aux chrétiens dans certains pays musulmans, et non des moindres, entre autre.
Barack Obama vous a « niqués », car il était bien content, au moment opportun, de laisser croire tout ce qui se colportait dans l' « Obamania » d'alors, puisque seule sa possible élection l'intéressait, égoïsme humain oblige, ce que je serais bien le dernier à lui reprocher. Je n'en prédis pas moins que les quatre années à venir laisseront « au mieux » la planète dans l'état où elle est aujourd'hui, y compris à propos de l'islam, lequel n'aura toujours pas fait la paix avec la modernité du monde. Et pour appuyer mes dires, je recopie in extenso l'éditorial de Claude Imbert, L'effet Obama, publié dans le numéro 1918 de l'hebdomadaire Le Point du 18 juin 2008, où il écrit :
« Premier Noir de la Maison-Blanche, leader stratégique d'un occident découronné par une mondialisation qui resserre et confronte les civilisations, Barack Obama s'adresse à l'islam. Le procédé brave le « politiquement correct » occidental, tant il profile, nolens volens, le choc abhorré des civilisations. Pour l'exorciser, c'est pourtant à l'islam, à la foule indifférenciée de ses fidèles, qu'Obama tend un rameau d'olivier.
Obama, certes, n'évite pas le brasier proche-oriental. Il l'approche avec des prudences de Sioux. Il affirme la légitimité d'Israël et son lien « indéfectible » avec l'Amérique. Il demande l'arrêt des colonisations juives, condamne la violence palestinienne, mais n'insulte pas l'avenir du Hamas. Autant de postures balancées qui ne compromettent ni n'engagent. La nouveauté, l'essentiel, c'est le message à l'islam, prononcé au Caire avec un souci théâtral d'altitude et de dignité.
Que restera-t-il de cette solennité œcuménique lorsque la dure loi des conflits en effacera le souvenir ?Obama croit-il à la vertu entraînante de son message ? Ou veut-il d'emblée effacer l'agressivité prêtée à Bush, veut-il prendre le risque calculé du bon-vouloir, voire de l'angélisme, avant que d'aventure il ait, un jour, à ressortir le glaive ?
Le rêve d'un monde multiculturel et pacifié où les civilisations accepteraient leurs différences, ce rêve-là inspire la rhétorique d'Obama. C'est peu dire qu'elle paraît encore bien irénique.
Les nations, les civilisations ont construit leur identité culturelle collective sur les quatre fameux facteurs pointés par Hérodote... il y a deux mille cinq-cents ans : « Même sang, mêmes mœurs, même langue, même religion ». Rien n'a changé sinon qu'au fil des temps c'est tantôt l'un, tantôt l'autre de ces ciments qui prend le dessus. Pour la civilisation islamique dominent la religion et les mœurs. La vitalité de l'islam, la soumission des fidèles, la rigueur du message coranique, modèlent les Etats, régissent les mœurs, le statut des sexes, le rôle de la femme et sanctifient le lien familial. L'islam voit dans nos laïcités, dans l'individualisme occidental, et ses licences le spectacle d'une altérité radicale, d'une « dégénérescence » pour sa propre survie.
De son côté, l'univers chrétien, son émancipation démocratique ont réduit le messianisme occidental. Une laïcité bienveillante, l'optimisme des Etats de droit, l'inclinent à la repentance et à la tolérance.
Le malheur est que la réciprocité n'est pas au rendez-vous. La tutelle divine arme et soutient les talibans, l'excitation pakistanaise, la théocratie iranienne, l'anarchie somalienne, yéménite, et j'en passe... Evoquant la « maladie épidémique » des croisades chrétiennes de notre passé, L'encyclopédie des Lumières remarque avec pertinence que « la nature humaine est capable d'associer extravagamment une religion douce et sainte avec le vice détestable de violence qui lui est le plus opposé ».
Le verbe d'Obama n'abolira pas de sitôt les croyances des peuples et les vices de la nature humain, les liens d'une pratique douce et du fanatisme. Son prêche aura-t-il ébranlé leur « extravagant » alliage ? Les hommes de bonne volonté l'espèrent. Faute de quoi il eut prêché dans le désert.
L'Iran, le tout premier, met le feu au lac. Entre l'islam noir et vindicatif d'Ahmadinejad, fanfaron de l'antisionisme, et l'islam plus modéré et réformateur de son adversaire Moussavi, la rébellion populaire ébranle un régime exténué d'échecs. Le gros million de révoltés qui bravent dans la rue la répression et Moussavi lui-même ne projettent pas, de façon délibérée, la chute de la théocratie islamique. Mais la pression populaire déchire le rideau derrière lequel le Guide suprême et ses affidés manigancent l'essentiel du pouvoir. Et bien sûr celui, brûlant, du nucléaire.
L'élection présidentielle, et son climat de relative liberté, aura débordé le cercle fermé des arbitrages byzantins du clergé noir. Plus que les sanctions de l'Onu, la sanction du peuple contre une élection contestée bouscule le directoire de la théocratie islamique. Elle fait lever sur la première puissance régionale des orages désirés par l'obscure et universelle aspiration de liberté.
A l'heure où j'écris, nul ne peut dire si elle sera, une fois encore, matée. Si elle induira le régime à composer ou à se raidir. Et si le rameau d'olivier d'Obama verdira ou grillera dans son brasier.
D'ores et déjà, pour Israël qui s'angoisse, pour l'univers arabe et sunnite que trouble l'agitation perse et chiite, pour l'Occident qui évalue au jour le jour les risques d'un tel pandémonium, l'effet de la rébellion couvre d'un sombre nuage les rayons de l'effet Obama. Il n'en sort ni glorifié ni périmé. Mais son heure décisive sonne avant l'heure. » [Fin de citation]
Foi d' « islamophobe », comme dirait également Claude Imbert, qui n'en demeure pas moins aussi sceptique que moi sur l'effet du discours d'Obama concernant la marche radieuse de l'humanité sur l'un ou l'autre des six problèmes qu'il a clairement désignés dans son discours du Caire :
« The first issue that we have to confront is violent extremism in all of its forms.
The second major source of tension that we need to discuss is the situation between Israelis,
Palestinians and the Arab world.
The third source of tension is our shared interest in the rights and responsibilities of nations on nuclear
weapons.
The fourth issue that I will address is democracy.
The fifth issue that we must address together is religious freedom.
The sixth issue that I want to address is women's rights. »
Mais, bien entendu, il n'est interdit à personne de « croire au miracle » ! ! !