Il y a des amis que je connais depuis maintenant 2 ans, plus pour d’autres du groupe invités ce jour. Le genre de ceux que j’ai plaisir à retourner l’invitation aujourd’hui et pour lesquels je n’hésite pas une seconde pour ouvrir les flacons que j’affectionne, car notre passion commune est le vin. Le cercle LPV Haute-Normandie (première version) s'est reformé l'espace d'une journée avec la visite surprise de Eric.
Pour moi, le vin représente le partage, l’amitié. Cette relation que j’ai avec ces amis, elle dure grâce à la simplicité, à l’honnêteté et jamais lors de nos rencontres bachiques il n’y a un mot plus haut que l’autre. C’est parfois tendu, mais on a tous un ressenti à défendre, mais le respect des opinions est toujours de rigueur ! J’ai l’impression que ces moments passés tous ensemble sont des moments francs, de partage, de plaisir de la chaire. Notre petit comité n’est pas hermétique, bien au contraire sachez-le : quiconque frappera pour y entrer, porteur de simplicité et de partage pourra sans problèmes découvrir la bonne humeur qui nous anime…
L’autre jour, je les recevais à la maison. Les thèmes (puisqu’il y en avait 2) étaient : « Coups de Cœur blancs » (-de 15 € la bouteille), les 100 % Syrah (ainsi que quelques douceurs pour finir)
Les vins sont dégustés à l’aveugle, la plupart par paire, accompagnés du repas.
On commence avec un vin à bulles pour patienter et faire venir les derniers retardataires : bulles fines, intensité aromatique simple et de moyenne ampleur sur les fruits blancs. Bouche vive, agréable, manquant d’un peu de complexité. Tout le monde aura compris qu’il ne s’agit pas d’un Champagne, mais peu importe. Je pense qu’il fût apprécié pour ce qu’il est. C’est un Vin Mousseux de Qualité, Méthode Traditionnelle Brut, domaine de l'Ambroisie cuvée Enigme. Ce vin produit à Lucey (54) dans la région des Côtes de Toul, à déjà été apprécié ici. Il représente toujours un bon rapport qualité/prix (7 €).
Voici maintenant un Champagne, enfin c’est ce que tout le monde semble dire. Certains le trouvent trop grande acide. Personnellement, j’aime beaucoup ce style : vif certes, mais avec de la rondeur, légèrement brioché. J’aime aussi son petit côté noisette. C’est un « Spécial Cuvée » de la maison Bollinger. Avec les petits feuilletés au sésame, cumin et emmental, c’est excellent !
Mes Coups de cœur blancs (- de 15 €)
Premier duo. Premier vin. Remarquable minéralité, longue résonnance des saveurs de frangipane et d’amande. J’aime ce vin parce qu’il ne fait pas de bruit et pourtant tellement efficace. Il fait parti des vins qui marquent par sa simplicité et sa précision ultime ! C’est un Chignin 2007 du domaine Gilles Berlioz. Je crois qu’il fût apprécié. Celui qui est servi en face est doté d’une matière très mure, sur les fruits jaunes tels la pêche et aussi l’abricot. Bouche qui possède pas mal d’amertume, assez longue et chaleureuse. C’est un Sylvaner Vieilles Vignes « Sono Contento »2007 de Albert Seltz. Un peu déroutés, certain sont partis sur un Riesling (pas idiot) mais lui ont reproché un peu trop d’alcool. Il faut savoir qu’Albert récolte très mur et que ses vins sont puissants.
Autre paire. Ces deux vins ont été rapportés de 2 domaines que j’ai visités cette année. Qui n’aime pas ce superbe nez exubérant de fruits exotiques et d’une sensualité impressionnante pour le premier. Bouche dotée d’une grande acidité qui en dit long sur ses origines ou tout du moins sur les cépages qui le compose, pure, droite. Les saveurs sont décuplées et ultra précises.J’A-DORE toujours autant cet Irouleguy blanc 2006 du domaine Arretxea. Face à lui, il fallait servir un vin qui tenait la route. Fruit blanc et mur, le nez est minéral d’une noblesse sans égal. Bouche ronde et vive à la fois, harmonieuse, où les saveurs sont longues sur les mêmes arômes que le nez. Un vin plein, dont la bouteille s’est retrouvée vidée (trop) rapidement, les invités ayant choisi de se resservir rapidement pour confirmer leur ressenti (tout comme l’Irouleguy). C’est un Sancerre 2007 "Monts Damnés" de Gérard Boulay, magistral !
Ce match a tenu toutes ces promesses et difficile de dire qui l’a emporté. Personnellement, une très légère préférence pour Arretxea, mais d’une courte tête. Le tout était accompagné de gambas au gingembre et citron vert. Je dois dire que l’accord était pas mal du tout.
Dernière opposition. Là aussi 2 domaines dont j’ai eu la chance de découvrir les vins sur place.
Le premier semble avoir digéré son élevage, mais en garde tout de même quelques traces, pas dérangeantes (bois de hêtre fendu). Les quelques arômes de muscat qui en faisait tant son originalité ont elles aussi presque disparues pour laisser place aux notes beurrées et de cacahuètes. C’est dans un style puissant tout en gardant de la fraîcheur. Il semble avoir atteint son plateau de maturité et pour quelques années encore. Le dernier blanc est dans un tout autre style, quoique présentant lui aussi des notes de roses et muscatées. C’est élégant et ouvert à la fois, très floral. La palette de dégustateurs présent autour de la table ont identifié l’Alsace comme région d’origine, mais ont déballé tous les cépages avant d’annoncer le Muscat Fronholz. S’en est bien un, millésime 2007 du domaine Ostertag. Ce Muscat totalement sec me plaît pour son originalité, sans tomber dans une lourdeur que parfois les Muscats peuvent proposer. Le premier était un Côte de Beaune Blanc 2006 « le Clos de Topes Bizot » du domaine Chantal Lescure (c’était ma dernière, snif…)
Les vins qui semblentavoir réuni le plus de suffrage sont dans l’ordre, l’Irouleguy blanc « Hégoxuri » de Arretxea et le Sancerre les Monts Damnés 2007 de Gérard Boulay
Notre deuxième thème du jour avait pour but de comparer entre eux des vins rouges issus de la syrah, sans autres cépages en complément. Bien évidemment pour faire le tour de la question, plusieurs origines étaient proposées, car il ne s’agissait pas de tomber dans la facilité des vins du Rhône.
Michel Chapoutier «Mount Benson » 1999, Shiraz australienne VS Domaine de Ribonnet 2004 VDP du Comté Tolosan « Syrah ». Un australien qui affirme d’emblée une couleur évoluée tirant sur des reflets orangés. Matière souple, tanins fondus, c’est agréable mais sans grande complexité. Je n’attendais pas beaucoup de ce flacon, sinon qu’il commence la série des rouges. Et bien il a été supérieur à mes attentes. Quelques dégustateurs lui ont trouvé un style un peu facile, voir international. Est-ce l’effet terroir ou Chapoutier ? Face à lui, la Syrah du Domaine de Ribonnet. Un carafage de 6 heures n’aura pas eu raison de notes de réduction plutôt collantes, ce qui lui a fait perdre en buvabilité. A revoir…
Domaine Lacoste-Germane VDP des Coteaux du Salagou « Sauta Roc » 2006 contre "De Battre Mon Cœur s’est Arrêté" 2008 Côtes du Roussillon Village du Clos des Fées. Un match qui aurait pusembler déséquilibré… Le « Sauta Roc » se présente sous un bon jour, croquant à souhait. Un beau jus de cerise noire, avec des notes de garigue. J’aimerai simplement que ce vin que j’aime beaucoup gagne en précision. Il serait parfait. Mais je sais que ses géniteurs travaillent dans ce sens. Pour l’opposer, un « monstre », une star : « De Battre » comme on l’appelle. Et bien notre cœur a battu, mais faiblement. La GROSSE déception du jour : arômes de cartons mouillés, de vernis, bof à tous les étages. On ose tous penser à un problème de bouteille, car le 2007 fût fantastique !!
Voici un des duos consistants de cette journée. Je précise aux convives qu’il s’agit de 2 vins provenant de la même région et du même millésime. Les vins sont accompagnés de côtes de bœuf. Si le premier affiche clairement son avantage en terme de buvabilité, le deuxième semble sur la retenue, un peu comme si il avait été ouvert trop tôt. Le premier vin est onctueux, sur les petits fruits noirs, bel équilibre et riche d’une belle acidité qui emmène le tout dans un genre un peu rocailleux. C’est excellent et très bien fait. L’autre se montre un peu plus en retenue. Cependant, la qualité de tanins semble supérieure et la matière est ciselée, précise. Enorme potentiel. Le millésime ? 2005. La région ? Rhône. Le premier est un Cornas d’Alain Voge et le second est un St Joseph du domaine Jean-Louis Chave.
« Un peu de féminité pour achever ces duels ! » C’est ce que j’ai dit à l’assemblée. On débute avec une syrah fraîche comme une caresse, longue et friande avec une pointe de fumée en finale. Un superbe vin qui a conquis tous ceux qui ont pu poser leurs lèvres dans cet onctueux breuvage. Pour moi, le vin parfait, harmonieux et classieux à la fois. Je me pose cependant une question : faut-il l’attendre tellement c’est bon actuellement ? Face à ce Grain Syrah 2007 de Marie Thérèse Chappaz (Valais), que pouvait-on mettre en face, sinon quelque chose qui tienne la route. La couleur est plus évoluée, avec quelques reflets orangés. Dans un tout autre style, plus opulent, plus chaleureux, les arômes se situent de la fraise des bois et la cerise à l’eau de vie à tout une palette d’épices douces (cannelle, poivre, bois de santal, cigare et chocolat). On ressent un élevage long et soigné. Si le vin est massif, l’équilibre est préservé grâce à une acidité qui donne du tonus en final. Un très très beau vin également. C’était Clos de Syrah Léone 2002, du domaine Peyre Rose de Marlène Soria (85 % syrah). Une joute qui a tenu toutes ses promesses, merci mesdames.
Allez, un dernier rouge pour la route, pour accompagner quelques fromages affinés. Bien plus évolué que les autres, il m’aura surpris par sa suavité et sa finesse. La longueur reste correcte et au finale, une belle surprise avec ce vin de la Cave de Tain l’Hermitage et cet Hermitage rouge 1990. Et puis un blanc pour la transition : un Côtes du Jura 1996 « Savagnin » du domaine Berthet-Bondet, qui a un côté lourd qui ne me plait pas trop.
Que dire sur cette série 100 % syrah ? Qu’elles peuvent être bues jeunes (dans ce cas privilégier un service frais), mais que le temps ne leur fait pas peur. Les terroirs granitiques confèrent fraîcheur au vin (Cornas "les Chailles", "Grain Syrah" de MT Chappaz, "De Battre Mon Cœur..." du Clos des Fées...
Nous entamons alors les douceurs. Une entrée en la matière ratée et cet Azay le Rideau 2003 Liquoreux de Guillaume Descroix (Caves du Château de Fouchault) : il a vécu, il n’a plus grand chose à dire. Resteà savoir s’il s’agissait d’un problème de bouteille en goutant l’unique qui me reste encore ! Suit un Pedro Ximenez 2005 (PX) de la Bodega Toro Albalá. Cadeau de mon guide d’un jour lors de la visite l’année dernière au domaine : lourd, la langue est limite anesthésiée, c’est chaud et ça ne
ressemble en rien aux PX qui ont séjourné longuement en fût avant la mise en bouteille où la complexité est alors bien présente. Heureusement que pour clôturer la série des douceurs, Eric qui était de passage en Normandie, avait apporté une cuvée Madame 1997 (excusez du peu) du Château Tirecul la Gravière (Monbazillac) : grosse liqueur botrytisée, supportée par une heureuse acidité, sur l’abricot confit avec des variantes d’orange confite et d’ananas… excellente. Pour amateur de grosse sucrerie et pour terminer une belle journée d’amitié…Merci à vous, amis et vous femmes de mes amis de votre visite sur notre terrasse…