Les bibliothèques en établissements pénitentiaires peuvent offrir une alternative aux détenus, autant qu'un moyen d'évasion. Et à Guantánamo Bay, le bibliothécaire vient d'expliquer qu'au cours des trois dernières années, le nombre de livres a triplé, avec plus de 13.500 ouvrages aujourd'hui.
Des livres en 16 langues, dont l'anglais, l'arabe, l'ourdou et plusieurs autres langues centrales d'Asie. Harry Potter aura été cette année le plus emprunté de tous, devant le Don Quichotte de Cervantès, et Dreams from My Father, de Barack Obama. Contrairement à un préjugé facile, les demandes de textes religieux islamiques sont loin derrière.
Savoir ce que pense le type qui paye les gardiens qui ont les clefs de votre cellule, ce n'est pas inutile. Pourquoi un tel goût de la part des prisonniers pour les ouvrages de J.K. Rowling ? Cela reflète les tendances mondiales, estime le bibliothécaire : n'oublions pas que les livres ont été traduits en 67 langues et vendus à plus de 400 millions d'exemplaires. Pour certains, on trouverait même un parallèle entre Voldemort et George Bush Jr. Et puis la magie, dans une prison, ça vous change un peu la vie...
Mais comprendre pourquoi l'histoire de Quichotte, de son obsession des moulins à vent, de son goût de liberté et de son héritage chevaleresque les passionne, là... Peut-être apprendront-ils que Cervantès combattit en 1571 à Lépante, durant un conflit ouvert contre les Ottomans, et qu'il passa 5 années en prison, capturé par les Algériens ? Hmm...
La prison compte aujourd'hui 775 prisonniers et la majorité est soupçonnée de combats et d'affinités avec l'Afghanistan. Ces derniers ont peu de contact avec le monde extérieur. Leurs lectures sont par ailleurs fortement contrôlées et peuvent être soumises à une censure particulièrement forte.