Label : Warner Bros
Sortie : 14 Septembre 2009
2,5/5
De groupe alternatif devenu culte chez les jeunes amateurs de rock mélodramatique au début des années 2000 (avec Showbiz et Origin of Symmetry), Muse est devenu ce mastodonte commercial, inégal et ambitieux jusqu’à l’indigestion. Dans The Resistance, on peut donc entendre au sein d’un même titre un orgue d'église, des déploiements prog lyriques et des riffs massifs à la Metallica (sur MK Ultra), ou une hystérie Queenesque menant sur des mélodies à la Lawrence d’Arabie pour terminer sur une revisitation au piano solo des Nocturnes de Chopin (sur United States of Eurasia). En d'autres mots, ils en viennent à faire tout et n'importe quoi. Au milieu de tous ces titres souvent difformes (mais surtout assez jubilatoires dans leurs enchainements), on retiendra comme vraie nouveauté Undisclosed Desire (un tube R’n’B de pop synthétique catchy), et I Belong To You, le morceau le plus réussi grâce à sa légèreté. Sur un clavier de saloon, Matthew Bellamy y interprète sa mélodie baroque la plus maitrisée, entourée de chœurs angéliques merveilleux et finement incorporés. Et lorsque le morceau se calme sur un registre fifties (avec des paroles chantées en français) avant de se relancer avec un solo de clarinette, c’est à la fois drôle et prenant.
Finalement ce qui agace le plus chez Muse (aucune cohérence d’ensemble, un pompiérisme sans limites et revendiqué) se révèle être aussi sa plus grande force. Au sein de cet amas de disques de rock populaires très policés, le trio fait preuve d’une grande liberté dans les formes, les structures et le mélange des genres. Et même si le tout est néanmoins un peu calibré FM et se noie trop souvent dans une maladresse de mauvais gout (le piano de supermarché de Resistance, le trip new age Guiding Light, la symphonie rock en trois mouvements intitulée Exogenesis), l’effort est à louer. Après 10 ans d’existence et un succès sans cesse grandissant, Muse est surement devenu le groupe de rock commercial à succès le plus foutraque. Maintenant, pour arriver à sortir de cette esthétisme de série B (leur coté nanar attachant) et passer de la cour de récréation à la cour des grands, il leur reste du chemin à faire. Diversifier impérativement leurs influences serait un bon début (entre Queen, Rage Against The Machine et Depeche Mode qui planent lourdement sur leur musique depuis 3 albums, il leur faudrait penser à s’intéresser à quelques essentiels comme, au hasard, Can ou Brian Eno). Espérer une telle chose est presque hors-sujet (du Muse mesuré et sans grandiloquence, ce ne serait plus du Muse), mais quand on pense à la révolution stylistique opérée par Talk Talk en 1991 (un passage d'une pop typiquement années 80 au raffinement post-rock le plus gracieux), on se dit que rien n'est impossible.
François.
http://www.myspace.com/muse
A regarder, cette vidéo insolite où lors de la présentation en playback forcé de leur dernier single Uprising à la télévision italienne, les membres du groupe se sont amusés à échanger leurs places afin de déjouer la dictature promotionnelle. Nous avons donc le chanteur Matthew Bellamy à la batterie, le bassiste à la guitare et le batteur au chant. Le tout bien sûr sans que la présentatrice ne se rende compte de rien, jusqu'à l'interview où le batteur fait durer la supercherie jusqu'au bout.