Coup de coeur : AIR - Love 2

Le célèbre duo versaillais revient avec un nouvel album plus rock, organique et sexuel en conservant sa patte aérienne légendaire. Une réussite totale.
Ils l'avaient promis, Love 2 se devait d'être un nouveau départ pour leur groupe. Ils ? Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel, jeunes quadra parisiens glorifiant la musique électronique depuis plus de dix ans. Après quatre albums studio d'inspirations et de qualité comparables, les AIR ont voulu passer à quelque chose de différent. Dès l'ouverture de l'album, "Do the joy", le désir de rupture est bien là. Guitare électrique acide, synthés déchainés, le duo frenchy semble basculer du côté obscur de la Force. Reste les cascades de piano, la voix androgyne de Dunckel (autotunée?) et les nappes de synthés aériens qui nous rappellent que l'on écoute bien AIR. Mais un AIR différent. Sur "Love", on retrouve les aspirations bossa présentes sur Moon Safari, une annonce du côté exotique de l'album à mi-chemin entre rythmes latinos et ambiances japonisantes. Un joli morceau gâté d'une bonne ligne de basse. Plus rock, "So light is her footfall" nous entête par ses montées et descentes de piano élégantes et sa basse (encore) ronde et élégante. S'en suit un titre très intéressant, "Be a bee", savant mélange de rock et d'électro 70s, d'une redoutable efficacité. Marquant par ses inspirations Kraftwerkiennes, on croirait presque entendre à certains moments "Radioactivity", le morceau nous rappelle "Don't be light", moment fort du second album de AIR. Passé l'expérimental et efficace "Missing the light of the day", on arrive au géant "Exotic disease", titre moite, qui transpire de sensualité et de sexualité, dans une ambiance 70s des plus troublantes. Sur plus de six minutes, le titre nous propose une montée en puissance, rythmée et maîtrisée, qui s'achève sur un passage mélancolique à souhait. Imparable. Passés les bons "Heaven's light" et "Night Hunter" (une nouvelle plongée dans Moon safari), AIR revient à ce qu'il sait faire de mieux, la ballade pop élégante. "Sing, sang, sung" fait ainsi dans la simplicité et s'écoute pourtant avec grand plaisir grâce à sa guitare réconfortante et son ambiance cocooning. Une réussite. Bref retour rock avec un "Eat my Beat" bien produit, suivi de "You can tell it to everybody" plus posé, délicieusement arrangé, appaisé. Love 2 se conclut sur "African velvet", un titre jazzy au riff de guitare inspiré et bonifié par l'ajout de cuivres. Sobre et élégant. Encore une fois, AIR nous surprend. Si la rupture annoncée n'est pas totale (et c'est tant mieux), il devient évident sur cet album que le groupe est à présent à l'aise dans tous les genres. Passant de la pop au rock à l'électro avec une facilité déconcertante, il n'en perd pas pour autant son identité. Et rien que pour cela, we love, too. AIR - Love 2 : 5/5
Disponible chez Delabel.