Un envoyé très très spécial

A la question « Comment fêter le nouveau millésime 2009 ? » , France 2 répond brillamment à la française, en titrant son envoyé spécial : «Le vin est-il toujours un produit naturel ?»(Jeudi 1er novembre)

Avec un titre éminemment racoleur et un reportage bien réducteur sur le monde du vin, on est en droit de se demander quel est le but visé par cette émission si ce n’est celui de détourner et de dégoûter les consommateurs français d’un produit qui est pourtant fort apprécié et si bien défendu à l’étranger. Le tout à grand renfort de raccourcis et avec une malhonnêteté intellectuelle si prononcée qu’on a du mal à la prendre pour de la simple incompétence.

Le verdict du haut Conseil de la santé Publique

Il est tentant de voir dans le diffusion de ce reportage une coïncidence avec la contre attaque des lobbies anti-cancer suite à la claque cuisante, prise par l’Institut national du cancer, début juillet.

En effet, le Haut conseil de santé public a jugé officiellement que les recommandations de l’Institut national du cancer, de s’abstenir de boire la moindre goutte de vin ne présentaient aucune base scientifique et allaient trop loin. Ce juge  tranche en concluant, qu’il n’y a pas de raison médicale de remettre en cause le principe, ni les seuils, de la consommation modérée. Cette bataille scientifique est donc pour l’instant perdue.

Vice de raisonnement

Mais aujourd’hui, il semblerait que les adversaires du vin aient investi un tout autre pouvoir, celui des médias. On y trouve un message totalement simpliste que l’on pourrait résumer ainsi : On vous trompe! Le vin qui est fait par les vignerons et que l’on vous vend est chimique et dangereux (le tout assorti d’images de têtes de mort).

Il est vrai que ce reportage soulève la délicate question des vins industriels vendus en grandes surfaces à des prix défiants toute concurrence.
Là, je dis oui! On ne peut pas produire un vin dans des quantités faramineuses et à des prix imbattables, sans produit chimique. Mais, ces vins ne sont heureusement pas pour autant tous toxiques.
Le meilleur exemple est celui des levures. Le vigneron peut ajouter des levures afin de provoquer et de maîtriser la fermentation. Ces levures sont ajoutées donc extérieures au vin mais ne font pas pour autant de ce dernier un produit toxique. Toute proportion gardée c’est un petit peu comme si votre tarte aux pommes était dangereuse pour la santé parce que vous y avez ajouté de la levure chimique et du sucre.

Bien sûr la question se pose encore différemment en ce qui concerne les pesticides dont la toxicité est prouvée et que nous subissons dans notre consommation de fruits et légumes. Pourtant, même dans le Beaujolais (qui apparaît dans le reportage comme l’eldorado du vigneron chimiste), un vigneron qui cultive, taille et protège sa vigne, tout en respectant des rendements raisonnables, n’aura pas à asphyxier la plante puis le jus, de produits chimiques. Tout le travail se fait à la vigne et si les raisins sont beaux, il n’y a pas besoin de levures sélectionnées, de souffre en quantité élevée, de sucre, ou même de copeaux de bois, puisque tout est dans le raisin.

Mais, posez-vous la question. Que voulez-vous boire : un vin industriel, standardisé et uniformisé ou bien un vin d’âme et d’homme? Quel est pour vous le vecteur de choix, un vin à bas prix où un vin fait avec des beaux raisins? Il est vrai que cela n’est pas indiqué sur la bouteille. Il est vrai que ces vins ne sont pas faciles à trouver non plus. Mais, ils existent et sont bien nombreux!

N’aurait-il pas été plus judicieux d’aiguiller dans ce sens, le sujet de cette émission?

Toute la question est là, Interdire ou Initier.