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« La vie est un sale boulot », de Janis Otsiemi

Par Encres Noires

« La vie est un sale boulot », de Janis OtsiemiC’est le deuxième polar africain que je lis, après La Malédiction du Lamantin, de Moussa Konaté. Il faut dire que leurs éditeurs savent s’y prendre, puisque les deux fois, j’ai été contacté avant même d’avoir eu vent de ces romans. Et tant mieux. Les rayons Afrique des librairies étant peu fourni et se ressemblant souvent – à moins d’aller du côté de Présence africaine ou du musée Dapper –, il est assez bienvenu de se voir « suggérer », par un éditeur ou par un ami, des livres qui nous auraient échappé autrement. Et puis, il faut bien l’avouer, cela fait toujours plaisir de trouver, un beau matin, un bouquin dans sa boîte aux lettres…
Mais revenons à nos moutons, en l’occurrence : La vie est un sale boulot (2009), de l’écrivain gabonais Janis Otsiemi. Où l’on découvre Chicano, fraîchement sorti de prison à la faveur d’une grâce collective – et peut-être d’une erreur d’homonymie –, après trois ans fermes pour un braquage qui avait mal tourné. De retour dans Libreville, notre homme est bien décidé à se ranger, trouver un boulot honnête et éviter les embrouilles mais, évidemment, les anciens « amis » rôdent tandis que la petite copine s’est recasée. Et bientôt, Chicano se retrouvera embarqué dans le coup du siècle…
Peuplée de voyous sans scrupules et de flics ripoux, l’intrigue, quoique classique, est efficace. Et Janis Otsiemi sait lui donner les coups de fouet qui feront rebondir la pelote jusqu’au bout de son fil. De fait, il n’y va pas de main morte, et les péripéties s’enchaînent à un rythme effréné, dans la chaleur de Libreville, capitale de la magouille à tous les étages – suivez mon regard… L’action est soutenue par un langage qui l’est moins, mais travaillé, ça oui ! Un argot librevillois, un sens de la formule, que n’aurait pas reniés un Frédéric Dard africain…
Mais la comparaison s’arrête là. S’il est vrai que La vie est un sale boulot tient le lecteur en haleine, il faut reconnaître que ce polar manque un peu d’épaisseur. Plus que le nombre de pages (une grosse centaine), c’est la profondeur de l’histoire, la densité de l’ambiance, qui font défaut : elles n’ont pas le temps de s’installer. L’action prend le pas sur tout le reste : à peine effleure-t-on un aspect auquel s’accrocher qu’on passe déjà à autre chose. Certes, on va de surprise en surprise, mais au détriment du suspense… Et Janis Otsiemi ne s’attarde pas trop sur la personnalité des personnages, à vrai dire à peine plus consistants que de simples « individus » dans un procès verbal rédigé à la va-vite.
La vie est un sale boulot
de Janis Otsiemi
éd. Jigal, 2009
137 p., 14 euros

Lire d’autres chroniques de La vie est un sale boulot sur les blogs Ballades et escales en littérature africaine, Moisson noire et Action-Suspense.

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