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Vendredi du Vin # 7: la synthèse des "accords inratables"

Par Eric Bernardin

Pour tout dire, je suis assez déçu par le peu de participation. Je pensais que le thème de l'accord met-vin intéresserait beaucoup d'entre vous, car il est normalement au centre des préoccupations de tout amateur de bonne chère.

Commençons par les dames: il y a d'abord Geneviève qui nous envoie de Londres une
recette thaïlandaise: une soupe de crevettes, relevées de piment, coriandre, gingembre, tamarin et nuoc nam. Quel vin va pouvoir résiter à ces épices tout en ne dominant pas le plat? Un grüner Veltliner autrichien: Am Berg 2005 de Bernhard Ott (Wagram-Donauland).

Puis bien sûr, Lisa, l'initiatrice de ce projet. Elle nous joue le grand jeu en organisant un véritable banc d'essai: quel vin se marie le mieux avec la fondue japonaise (shabu shabu)? Quatre vins au choix:

  • d’Arenberg The Olive Grove Chardonnay 2004
  • Domaine de la Chapelle de Vâtre Beaujolais-Villages 2005
  • Antonin Guyon Aloxe-Corton - Les Fournières 2003
  • un sake dont son nom est écrit seulement en caractères japonais
  • And the winner is...  le Beaujolais!

    Pour l'instant, on a fait le tour des dames. Il n'empêche que si d'autres n'étant pas encore intervenues veulent mettre leur grain de sel, elles sont les bienvenues!

    Passons aux messieurs...

    Olif nous propose rien de moins que trois accords: la première proposition est "bouffe dégueu/vin dégueu". C'est effectivement inratable ;o) L'air de rien, lorsque je me penche parfois sur le caddie de certaines personnes qui me précède en caisse, il a l'air d'être couramment pratiqué. Respectons ce choix, même si ce n'est pas notre préféré...  Le deuxième est digne de Raymond Devos: il sert une Côte Rôtie avec une côte rôtie de cerf (du Guigal "brune et blonde" 1998)! Irréfragable, comme le fait remarquer le sieur Olif! Le troisième est dit extra-terrestre, car le met provient de la mer: huîtres n°3 de Gillardeau et Chablis  Grand Cru 2003 "les Clos" de Wiliam Fèvre. Grand frisson en perpective, d'autant que le beurre au sel fumé de Môssieur Bordier joue les entremetteurs. Est-ce permis, des choses pareilles?

    Emmanuel, notre sommelier, s'aventure sur des terres hasardeuses. Trouver un vin qui s'accorde sur une terrine d'asperge et fraises, sauce légère à la menthe. Ce diable d'homme nous dégotte une perle rare: un Rosé des Riceys 1999, qui, comme son nom ne l'indique pas, est un vin rouge (tranquille) de Champagne à base de pinot noir.

    Gildas, aidé de son ami Luc, nous propose chacun leur accord. Celui de Luc peut se résumer ainsi:

    +
    +
    =

    A savoir Irouléguy et tomme de brebis basque, accompagné de la fameuse confiture de cerise noir, c'est trop bon! Je ne peux qu'approuver, étant un adepte convaincu depuis longtemps de cet accord.

    Et celui de Gildas à cela:

    +
    +
    =

    Traduction: le Vosne-Romanée "les Suchots" (ou "Beaux Monts") 2002 de Michel Noëllat sur une côte de boeuf accompagnée de pommes de terre au diable, c'est vraiment top!

    Claude-Olivier, grand amateur de cuisine exotique, conseille avec des plats épicés, comme un poulet aux noix de cajou ou des curries de couleurs diverses un Gewürztraminer. Classique, me direz-vous. Sauf que le sien est sud-africain! Un gewürztraminer 2006 Late Harvest de la Robertson Winery.

    Laurent, notre caviste-voyageur, nous emmène sur diverses pistes. Classique et inratable: poulet rôti, pommes sautées et Pomerol. Sportive: Le vignoble d'Elian (côtes du Marmandais d'Elian da Ros), un casse croûte, des potes et un match de rugby. Poétique: pour un goûter aux lumières d'automne: des crèpes nature et un Yquem. Mobile: un verre de vin, au milieu des vignes qui ont fourni le raisin, les pieds dans la terre qui a marqué la structure, à la lumière et dans le vent qui ont apporté l'âme. Amoureuse: une bouteille de Chasse-Spleen, l'amour de votre vie et Wish you were here en fond sonore.

    François, quant à lui propose un accord sur un dessert surprenant, découvert par un heureux hasard: un chaud-froid mangue citron au pop-corn accompagné d'un Tokay Aszú 5 Puttonyos 1995 de chez Disznókó. "Mélange d’arômes, de saveurs et de sensations. Un peu de dessert, un peu de vin... un peu de dessert, un peu de vin.... jusqu'au bout de la nuit, ou presque, et au bout du compte un immense plaisir pour un accord dorénavant inratable."

    Pour finir, Antoon m'a envoyé un texte bien appétissant que je vous reproduis ici:

    "Mon plaisir c'est le foie gras (ici de canard) dans tous ces états …

    Le "cru" au sel : Condrieu la Petite Côte 2004 d'Yves Cuilleron. Ce vin nous apportera de la douceur par sa texture (un vin trop acide fait ressortir un coté métallique et un vin mœlleux serait lourd), et par ses arômes de chèvre feuille, violette, pêches ; il se révèlera le partenaire parfait (vin d'apéritif par excellence).

    Le "mi-cuit" : Pinot Gris Rotenberg 2002 de Zind Humbrecht. Ce vin présente un léger sucre résiduel qui conférera de l'onctuosité, son acidité de l'appétence, la minéralité de la profondeur et les arômes développés apporteront de la complexité. Cette association fait partie de mes best seller!

    En terrine : Côteaux du Layon Cuvée du Château les Rochettes 1999. Ce liquoreux de bonne acidité exhale des arômes floraux et d'agrumes qui donnent un accord certes des plus classiques mais aussi des plus intéressant de par sa richesse et son équilibre gustatif.

    Le poêlé : Chassagne-Montrachet 1er cru Les Caillerets 2001 de M. Colin . Avec le poêlé, il faut ajuster une certaine vivacité pour exciter les papilles, et longueur pour soutenir le mets. Rien que mieux qu'un bourgogne qui allie minéralité, gras, et puissance. Le 2001 Les Caillerets développe des arômes de noisettes, ananas, mangue, pêche blanche et une finale sur des notes crayeuses.

    Tous ces essais ont été transformés cette année lors d'entrée - apéro et se sont révélés excitant, charmant, réussis en tout point de vue".

    Pour ceux qui l'auraient ratée, il y avait aussi ma proposition: burger aux pommes et bleu des causses avec un Côteaux du Layon "clos du Pavillon" 1998 de Philippe Delesvaux. Un accord magique!

    Eh bien voilà: on a fait le tour des propositions. L'air de rien, ça fait déjà pas mal de pistes à explorer, de vins à dégotter, de petits plats à préparer... Belles quêtes en perspective!


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