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Une dégustation pas comme les autres...

Par Eric Bernardin

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Il y a bientôt une semaine avait lieu l'assemblée générale de mon club de dégustation au bistro du sommelier, à Bordeaux. L'occasion d'ouvrir de belles bouteilles que nous avons peu l'occasion de boire en temps ordinaires...


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Nous commençons par une "bulle" : robe dorée, avec des bulles fines éparses. Nez très expressif sur le pralin et la brioche toastée. Bouche incisive, dense, assez monocorde, à la bulle délicate. Noble astringence dans une finale de belle longueur. Ce vin me paraît un peu trop jeune pour l'heure. Il faut dire qu'il n'a que 14 ans : c'est un brut millésimé 1995 de Laurent Perrier. Vous en entendrez certainement parler dans quelques années car j'ai le même à la maison.
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Nous poursuivons par un vin à la robe plus pâle, et pas gazeux du tout. Le nez est sur les agrumes, la pierre chauffée au soleil, et puis après aération sur des notes d'élevage. La bouche est ample, grasse, fine et élégante. Bref, vous l'aurez compris, la classe. La finale est d'une grande persistance, sur des notes confites et épicées. C'est vraiment très bon ! C'est un Chassagne Montrachet 2006 de Vincent Dancer.
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Le vin suivant a un nez beaucoup plus discret : vague odeur de pamplemousse mêlée à des senteurs florales. La bouche est légère, avec un côté aérien, bien équilibrée. Mais la finale a un côté métallique qui me dérange. Pas convaincu du tout... Peut-être simplement trop jeune, car normalement on atteint l'excellence avec cette cuvée : culs de Beaujeu 2008 de François Cotat.
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Celui d'après me plaît beaucoup plus, avec sa robe d'un beau doré, son nez profondément minéral (roche fumée). La bouche conjugue rondeur, fraîcheur et minéralité (ou salinité devrais-je dire).On a l'impression de sucer un caillou. La finale se fait elle-même pierreuse. J'aime beaucoup ! Il se trouve que j'ai eu ce vin en cave il y a quelques années. C'est un Vouvray 2001 du domaine Vodanis (Huet). Peu de dire que je regrette de ne plus en avoir en stock :o(
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Le prochain a une robe toute aussi dorée, un nez confit, sur les agrumes et les fruits jaunes bien mûrs. La bouche est à la fois riche, presque moelleuse, et en même temps d'une fraîcheur quasi-cristalline, avec des notes profondément minérales. Un équilibre quasi-vertigineux. Pas vraiment surpris que ce soit le Jasnières les Rosiers 2007 du domaine de Bellivière.
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Allez, un dernier blanc pour la route ! Enfin blanc, c'est une façon de parler. Il est d'un or tellement intense qu'on est plutôt au cuivré... Le nez est intense, complexe, sur le coing, le pralin, le miel, les fruits confits... La bouche est grasse, gourmande, finement miellée, avec une acidité très discrète qui équilibre le tout. La finale est légèrement sucrée sans lourdeur aucune. Un délice, quoi ! J'aurais dû m'en douter : c'est un ... Clos Saint Urbain 1999 VT de Zind Humbrecht (pinot gris).

Les vins blancs étaient servi avec un tartare de la mer à l'aneth plus qu'honorable (bon, dirai-je même...)

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On passe maintenant aux choses sérieuses : les ROUGES !

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Le premier a une robe grenat, plutôt légère, et un poil évoluée. Le nez évoque les fruits à l'eau de vie, le cuir, les herbes aromatiques. La bouche est ronde, douce, équilibrée par une belle fraîcheur, avec une finale épicée, sans aucun durcissement. Difficile à placer au niveau appellation. On comprend mieux lorsqu' on voit l'assemblage : pinot noir, cornalin, humagne et syrah. Vous l'aurez compris, c'est suisse : Le Tourmentin 2004 du domaine Rouvinez.

Vient ensuite une série de trois vins dont on sait qu'ils sont de la même appellation et du même millésime.

Le premier a un nez sur la violette, la cerise, la fumée (puis après aération plus animal version "brett"). La bouche est ronde légère, avec un beau fruit, avec une finale épicée, un tantinet ferme et alcooleuse.

Le second a un nez légèrement bouchonné, ce qui enlève une bonne partie de son charme. La bouche est veloutée, fruitée, un poil rustique, avec une finale asséchante (bof, quoi).

Le troisième a un nez sur les fruits rouges confits. Une bouche large et longue à la fois. De la finesse et de la fraîcheur. Un très beau vin, ma foi.

J'ai émis l'hypothèse qu'ils étaient italiens pour deux raisons : 1) une acidité qui détonne avec la maturité des fruits 2) une partie de l'assistance a été désarçonné par ces vins. Alors oui, c'était bien des vins italiens, dans une appellations que nous n'avions pas trop exploré jusque là : des brunello di Montalcino dans le millésime 2004.

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poggione
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Avec 1 ) Lisini

        2) Il Poggione (malheureusement bouchonné)

        3) Poggio di Sotto

Nous finissons avec un nouveau duo :

Le premier a une robe très sombre, légèrement évoluée. Un nez sur le cassis, le cigare et le cèdre (oh, me dis-je, un cabernet dans sa plénitude). La bouche est ample, douce, dense, avec des tannins de rêve. La finale est longue, sans durcissement. C'est du lourd, ça !

Le deuxième a un nez d'une grande finesse, avec énormément de charme, sur les fruits très mûrs et les épices orientales. La bouche est d'une grande ampleur, bien mûre, avec beaucoup de finesse, et puis soudain, des tannins asséchants surgissent, et Cendrillon se transforme en carabosse. C'est dur, rustique, gâchant tout le reste.

Ceci dit, nous n'avons pas tous les mêmes palais, et certains ont préféré le second (et n'ont pas senti les tannins qui me rebutent tant). Tant mieux, j'ai pu me resservir du premier ;o)

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Le premier était une Mission Haut Brion 2000 (ce qui confirme que j'adore tout ce qui vient de ce domaine. J'aurais des sous, j'achèterais tous les millésimes disponibles).

Le deuxième est un mythe liquide : Vega Sicilia reserva especial "Unico" (assemblage de 90, 91 et 96). Je peux dire qu'il m'est passé au-dessus de la tête, celui-là...

Ah oui, je ne vous ai pas mis la viande qui accompagnait le vin, un pavé de cochon fumé (enfin très peu fumé en fait).

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Et puis les héroïnes du jour

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J'ai embarqué la bouteille d'Unico, histoire de le placer dans ma collection de bouteilles vides, discrètement entre Cheval Blanc et Yquem. Comme ça, il y en a bien un qui tombera dessus et s'exclamera :"P... ! Vega Sicilia Unico ! Wouahhh ! C'était énorme, non ?" Et je dirai, l'air ostensiblement blasé : "Mouais, pas mal. Un peu rustique, quand même..." ;o)


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