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La table de Montaigne, de Christian Coulon

Par Mango

La table de Montaigne de Christian Coulon

Montaigne n’est pas réputé pour être un fin gastronome mais c’était un esprit curieux qui, dans ses voyages, aimait s’adapter aux cuisines étrangères.
Voici ce que j’ai retenu de ce petit livre bien agréable de Christian Coulon, ce professeur émérite à l’Institut d’études politiques de Bordeaux qui a écrit aussi: Festins gascons."


1.Ses mets favoris. L’Amérique vient d’être découverte mais l’Europe ne connaît pas encore les pommes de terre, ni les tomates, ni les courgettes, ni les piments. En revanche, au XVIe siècle, c’est l’Italie qui donne le ton et exporte deux mets très à la mode : l’artichaut et le melon. En se gavant d’atichauts lors d’un mariage, Catherine de Médicis eut une indigestion sévère et célèbre. Montaigne, lui, raffolait des melons. Bien que friand de cuisine populaire, il suit cependant les habitudes alimentaires de la cour des derniers Valois qu’il fréquente : il mange gras et surtout de la viande avec toutes sortes de sauces. Il aime aussi beaucoup le poisson, le lard et l’ail mais se détourne des légumes, des salades et des fruits.    

                       
2.Sa médiocrité dans l’art culinaire . Nul en cuisine, de son propre aveu, il était incapable de faire cuire un œuf et n’entendait rien aux principes de l’agriculture, ne distinguant pas un chou d’une laitue. D’Italie, il revient très impressionné par cette « science de la gueule », qu’il y a trouvée, ce discours savant et solennel sur la cuisine qui est alors une spécificité purement italienne.


3.Un bel appétit. Il aime tous les plaisirs : « Je hais un esprit hargneux et triste qui glisse par-dessus les plaisirs de sa vie. » Il est même intempérant et mange goulûment : « Je mords souvent ma langue, parfois mes doigts, de hâtiveté. » Seules la vieillesse et la maladie le contraindront à se modérer. Et encore ! « J’aime mieux être moins longtemps vieux que d’être vieux avant que de l’être. Jusqu’aux moindres occasions de plaisir que je puis rencontrer, je les empoigne. »     


4.Un honnête buveur. Comme l’élite de son temps, il préférait le clairet au vin rouge  qu’il ne buvait qu’à table, dans des petits verres, et qu’il coupait d’eau selon l’habitude du temps.


5.Ses habitudes de vie quotidienne. Il ne prend pas de petit déjeuner, ne fait pas de sieste, ne va au lit que vers trois heures après le souper, évite les collations. Il mange avec les doigts, sans nappe et sans serviette blanche.


6.Sa maladie due aux excès alimentaires. La gravelle ou les calculs rénaux. Il en souffrit dès ses 47 ans, et son père en mourut aussi ! S’il s’en plaint souvent dans son « Journal de voyage », il resta jusqu’au bout un bon mangeur.


7.Cuisine et voyage. En Allemagne et en Italie où il a longtemps voyagé, Montaigne a beaucoup observé et beaucoup appris. Pour lui, la meilleure des cuisines est celle qui nous met en relation avec l’Autre. Ce qui implique qu’on « lime sa cervelle à celle des autres, que l’on se jette aux tables les plus épaisses d’étrangers. »     


La table de Montaigne de Christian Coulon  ( arléa,  février 2009, 186 p.)


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