Magazine Cinéma

"TANK GIRL" ( 1995 ) de Rachel Talalay

Par Charlyh

Et c’est alors que commence aujourd’hui la très médiatique conférence de Copenhague sur le réchauffement climatique de notre bonne vieille Terre, dont le résultat devrait dessiner l’avenir climatique de notre inhumanité envers cette planète ( qui nous a rien demandé ) selon certains journalistes, je me suis dit que moi aussi j’allais peut-être mettre mon petit grain de sel dans le débat.
Un petit grain de sel cinématographique, y avait-il de fortes chances me direz-vous, puisque je ne suis pas Yann Artus Bertrand ou même Nicolas Hulot ( qui a parlé d'ironie ? ).
Et ce sel, au-delà de le trouver dans les bandes vidéos ( pourtant argentiques pendant longtemps de ces films ), on le trouve dans l’eau de mer et de l’eau, qu’elle soit douce ou salée, il va en manquer dans le film que je vous propose pour commencer cette semaine – écologique ?


« TANK GIRL » de Rachel Talalay

Et oui, il s’agira encor ce soir d’un film de femme ( après le couillu explosif « PUNISHER : WAR ZONE » de Lexi Alexander ). Ou de femmes plus précisément. Et quelles femmes !!
Lorsqu’à vingt ans, l’étudiant britannique et dessinateur Jamie Hewlett ( qui est un garçon malgré ce prénom plus ou moins unisexe ) crée son fanzine avec quelques camarades de classe, il pouvait sans douter rêver à un futur succès d’estime – comme tout créateur et personne s’intéressant au monde culturel – mais peut-être ne s’attendait-il pas au succès critique et à la reconnaissance internationale qu’aura son travail dans une marge underground de la contre-culture.
Pourtant, repérés, lui et son ami le scénariste Alan Martin, sont appelés à rejoindre, leurs études terminées, le tout jeune magazine lancé par Brett Ewins et  Steve Dillon ( dessinateur dont je vous ai déjà parlé à l’occasion de l’adaptation du « Punisher » mais surtout alors connu pour son travail sur la BD anglaise « Judge Dredd » ) : « Deadline ». Rêve de passionnés de BD, de ciné et de musique ( qui a cité mon nom ? que je lui fasse une accolade  avant de lui proposer la création d'un même zine online ? ), « Deadline » voit donc naître dans ses pages le comics anarchique super coloré « Tank Girl » dans lequel l’héroïne y conduit un tank et couche avec un kangourou mutant pour le plus grand plaisir de certaines ligues de vertus et familiales.

Et si « Tank Girl », le comics, pût en choquer plus d’un, c’est peut-être aussi pour cela qu’il aura pu trouver son public et ses aficionados.
Et ce sera, sans doute, parce qu’aux yeux de certains l’adaptation de Rachel Talalay ne reproduisait pas assez fidèlement cette irrévérence – et parce que l’œuvre picturale de base est aussi restée confidentielle – que le film ne connut pas le succès qu’il aurait pu avoir lors de sa sortie en salles ou même durant son exploitation vidéo.
De fait, « TANK GIRL » reste un film confidentiel mais un sympathique « petit » film que j’apprécie bien plus que certaines adaptations blockbusters de comics-books des majors Marvel ou DC.

Rachel Talalay, qui s’était déjà fait remarquer en réalisant pour premier film ce « FREDDY 6, LE CAUCHEMAR FINAL » dont elle avait aussi rédigé le scénario en 1991 ( après un avoir produit déjà deux précédents opus : les 3 et 4  en 1987 et 88 ), s’est ainsi attelée à cette adaptation du script de Tedi Sarafian ( dont on  pourra retenir de son maigre travail d’écriture pour la télévision et le cinéma l’idée de « TERMINATOR 3 : LE SOULEVEMENT DES MACHINES » ) sur cette production de Jamie Hewlett et Alan Martin.
Offrant le rôle principal de cette Tank Girl à la fort jolie Lori Petty, qui après des débuts télévisés ( la série des « Cauchemars sur Elm Street » ou son rôle récurrent dans la série « Booker » ) se sera fait connaître dans « SAUVEZ WILLY » ou « POINT BREAK, EXTREME LIMITE », le film préféré de Brice mais surtout excellent film de Kathryn Bigelow où elle apprend à Keanu Reeves à surfer, Rachel Talalay lui permettra de prendre pleinement possession du personnage.
Portée par les costumes d’Arianne Phillips ( dont on trouve dans son parcours professionnel les années précédentes des films comme « THE CROW » d’Alex Proyas ou « ELISA » de Jean Becker, si, si ) dans les décors de Cindy Carr ( qui aura œuvré sur des blockbusters comme « LAST ACTION HERO » ou « TRUE LIES » avec le Governator Arnold Schwarzenegger ), l’actrice américaine fera vivre les strips de Hewlett et Martin, s’éclatant dans quasiment chaque scène d’une anarchie et fougue scénaristiques, accompagnée par l’excellente bande-son de Graeme Revell prolongeant ici ses travaux rock sur des films comme « THE CROW » ( toujours ) ou le nihiliste « S.F.W. » de Jefery Levy l’année précédente. S’éclatant, don, comme une petite folle délurée la brune actrice décolorée en blonde à la mèche crêteuse rebelle , Lori Petty s’opposera dans le même cabotinage sympathique d’acteurs à un Malcom McDowell, déjà sur le déclin après de talentueux films comme « ORANGE MECANIQUE » ou « CALIGULA » de grands réalisateurs dont je ne vous ferai l’affront de citer les noms. Et même si le nihiliste mélomane Alex n’est plus de la partie, comme ayant cédé sa folie à Lori Petty ( la coté destructeur et malsain en moins ), l’acteur britannique Malcom McDowell n’en reste pas moins une parodie de tyran futuriste bien plus sympathique et captivante que certains autres grands junkies du cinéma rebelle des seventies ( la réponse dans une prochaine chronique si vous ne voyez pas de qui je veux parler ).
Car, oui, il y est bien question de l’avenir, de l’avenir de notre planète – comme abordé en introduction de cette chronique -  et de l’avenir de notre humanité.
En 2033, après un cataclysme écologique la Terre est devenue un immense désert dans lequel survivent quelques groupes d’indigents en quête de solutions pour hydrater leurs corps et héritiers. En face d’eux, s’oppose le despote international Kesslee ( interprété par Malcom McDowell ) qui a tout pouvoir sur l’eau et n’hésite pas à trouver des solutions de recyclages radicales pour s’en procurer un peu plus ( les Fremens de Dune peuvent aller se rhabiller avec leurs distilles sur ce coup là ). Comme à punir mortellement ces voleurs d’eau !!
Et c’est après un raid de ses escouades sur le squat ensablé de la future Tank Girl ( Lori Petty donc ), que la jeune mais insolente rebelle va devenir une terrible adversaire, punk, bagarreuse, mal polie et finalement vindicative.
S’éloignant des aventures dessinées de cette conductrice de tank australienne, la punkette anarchiste Rebecca Buck, licenciée pour avoir merdé lors d’un convoi et dés lors fréquemment opposée à ses anciens employeurs en entrant dans la clandestinité, le film de Rachel Talalay entrainera pour autant le spectateur dans 104 minutes de délire visuel où le désert d’Arizona sera censé reproduire les déserts australiens futuristes de Hewlett et Martin.
Du massacre du squat de Tank Girl à sa capture douloureuse en passant par sa détention irrévérencieuse suivie de son évasion explosive, le scénario de Tedi Sarafian prendra ensuite la voix d’un road movie désertique pour la libération de cette gamine, Sam ( Stacy Linn Ramsower ), que les hommes de Kesslee auront laissé à une espèce de matrone cherchant à la prostituer à des tarés pédophiles ( et là la star musical du punk l’Iguane Iggy Pop, revu par la suite dans « DEAD MAN » de Jim Jarmsuch, « THE CROW, LA CITE DES ANGES » ou « THE BRAVE » unique film en tant que réalisateur de Johnny Depp, nous offrant un sacré caméo ) avant d’entrer dans la révolution en découvrant ces soi-disant monstrueux  hybrides qui donnent du fil à retordre à l’armée de Kesslee…
L’équipe de Rolf John Keppler, disciple du pape des effets spéciaux Stan Winston ( l’un des noms déifié de ce domaine ) ayant travaillé sur des séries TV comme « Raven », le spin-off de « Highlander », l’adaptation DC « Flash » ou « Mac Gyver » ( et depuis revu sur « TERMINATOR SALVATION », « TWILIGHT » ou le « JONAH HEX » à venir ), faisant du rappeur Ice-T, se reconvertissant dans la comédie ( comprendre cherchant à devenir acteur et essentiellement télévisé en y étant le détective Fin Tutuola dans « New-York : Unité Spéciale » après avoir chanté la mort de flic ), l’un de ces kangourous mutants qui sous leurs armures high-tech et dans de grands bons à renforts de câbles s’attaque aux bases de Kesslee. Car oui, ces kangourous humanoïdes n’ont pas été oublié, ni le flirt lesbien de Tank Girl, Jet Girl, ici interprétée par la débutante brune à lunettes Naomi Watts, depuis célébrée dans « MULHOLLAND DRIVE », « 21 GRAMMES » ou le «  KING KONG » de Peter Jackson.
Oui, vous l’aurez compris : j’aime ce film punk post-apocalyptique ( auquel j’avais fait référence lors de ma critique de l’excellent court-métrage picard « Irradiation » il y a quelque temps – suivez le lien pour la relire ) pur comics cinématographique, à me yeux, qui ne renie pas son origine dessinée en nous offrant au-delà de son générique de sympathique séances animées qui pourraient vous rappeler les trips mortels de Mickey et Mallory Knox dans le film « TUEURS NES » d’Oliver Stone sorti l’année 1994 précédente.
Sans oublier la bande-son, qui de Veruca Salt, L7, Hole, Bush, Portishead et autres groupes alternatifs de ces très belles années musicales des nineties ( oui, je suis un vieux grunge de cette époque-là !! ) ainsi qu’Ice-T ( pour deux titres : un commercialisé sur le CD et l’autre uniquement dans le film, comme Björk ), est un parfait accompagnement pour ce film que je ne saurai trop vous recommander.
Et si les séquences animées en question ou les dessins originaux du comics ne sont pas sans vous rappeler quelque chose comme le groupe Gorillaz, il n’y aura rien d’étonnant, puisqu’à la fin de l’aventure « Deadline » et après une rupture sentimentale, le dessinateur Jamie Hewlett sera retourné vers la publicité et le design visuel pour vivre, partageant un appartement dés lors avec le chanteur du groupe Blur, Damon Albarn. Et si vous ne connaissez pas l’histoire de Gorillaz ou la carrière de Damon Albarn ou ne voyez pas où je veux en venir, le dessinateur mais aussi bassiste à ses heures Jamie Hewlett conçoit alors avec son colocataire et pote le premier groupe virtuel : Gorillaz, dont il signera le design quand Damon se chargera de la musique. Leur succès étant dés lors une autre histoire.
La fiche IMDB ( en anglais ) du film
Vous pouvez éteindre votre télévision et aimez votre kangourou. Heu, non, p'têt pas là...

Après ce trailer et juste pour le plaisir de retrouver les dessins de Jamie Hewlett, des extraits du film de Rachel Talalay mais surtout le putain de bon son de Powerman 5000 ( vivement que je m’exécute sur une bio du groupe du petit frère de Rob Zombie ), un petit cadeau bonux – réalisé par un internaute : watch and enjoy !!

Read you later, skippies !!

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