Comme une actrice de plus de 40 ans qui se sent obligées de passer sous le scalpel du chirurgien le plus en vogue de Beverly Hills, les photographes rock se sentent aussi parfois obligés de recourir aux artifices pour survivre dans la jungle du show-business. Aujourd'hui, Michael Lavine a donc tourné le dos à l'underground et aux photos brutes de décoffrage pour vendre son oeil au plus offrant. Fini les rock-stars déglinguées, il shoote désormais Michael Scoffield, Jack Bauer ou Johnny Knoxville et laisse la marchandise aux mains de graphistes peu scrupuleux adeptes de la photo en plastique.
En posant son objectif sur les stars tween, les rappeurs milliardairss ou les stars de la télé, il participe certes toujours à la culture pop mondiale mais engrange les dollars avec un petit poids sur la conscience. Car la signature, c'est en effet seulement sur les livres qu'il l'appose et en particulier celui-ci : GRUNGE.
Parce qu'il a fait ses études au début des années 80 à Seattle et qu'il y rencontre tout un tas de groupes encore inconnus, Michael Lavine se retrouve dès la fin de la décennie aux premières loges d'un mouvement qui va à la fois faire exploser le cerveau de la jeunesse mondiale et les charts. Nirvana, Mudhoney, Smashing Pumpkins, Screaming Trees, Soundgarden, ils leur a tous tiré le portrait, imprimant par la même occasion l'Histoire de la musique rock sur sa pellicule noir et blanc.
Mais il ne serait finalement qu'un simple photographe "officiel" de label (Sub Pop) s'il n'avait shooté tous les kids fréquentant assidument les concerts... Là, au-delà du simple condensé nostalgique de rock-stars aux cheveux sales et aux jeans déchirés, c'est tout une époque qui défile, toute une culture qui s'agite, tout un pan de notre histoire commune qui reprend vie le temps de quelques clichés...
Et ça s'achète ici !