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Un ambassadeur nous écrit ?

Publié le 19 décembre 2009 par Edgar @edgarpoe

J'ai sorti les rochers Ferrero : un ambassadeur a laissé un commentaire sur le site.

C'est peut être une blague de Juju, l'ado du 91, mais peu importe.

Pierre Charasse, puisque c'est lui, laisse en commentaire d'un billet consacré à la vraie nature du Traité de Lisbonne, l'adresse d'un site où il exprime sa conception de l'Union européenne

Allons tout de suite à la conclusion, la construction européenne, pour lui c'est fini :

"L’image d’un Parlement Européen-Tour de Babel me paraît assez pertinente, elle exprime bien une réalité, la difficulté de communiquer. Dans la Genèse, en détruisant la Tour de Babel Dieu avait puni la vanité des hommes qui voulaient s’élever jusqu’à lui. Soyons rassurés : avec des institutions aussi confuses et un président aussi falot, Dieu ne risque rien et laissera les européens s’épuiser en débats abscons et stériles et sans impact sur la marche du monde !".

A tous ceux qui s'impatientent de nous voir englués dans les politiques stériles de l'Union, Pierre Charasse redonne espoir :

"Je crois en effet que l’Europe politique est à l’agonie. Elle est au moins en état de mort cérébrale, même si le corps fonctionne encore. C’est la fin d’un beau projet, mais qui n’était plus partagé par une majorité d’Européens. Il faut bien voir que pour tous les nouveaux membres d’Europe centrale et orientale, l’entrée dans l’UE représentait une sorte « d’assurance sur la vie », entre autres sur le plan économique, l’essentiel pour eux étant la sécurité offerte par les Etats-Unis via l’OTAN face à une Russie toujours considérée comme une menace."

J'aime beaucoup que Pierre Charasse valide un point que j'avais souligné encore récemment mais que personne n'a vraiment évoqué au moment du Traité de Lisbonne, point pourtant crucial :

L’UE est par conséquent le volet économique européen d’un ensemble politico-militaire regroupé au sein de l’OTAN. Le Traité de Lisbonne officialise ce rapprochement puisqu’il spécifie dans son art. 28 A que « les engagements et la coopération dans ce domaine (la politique européenne de défense et de sécurité) demeurent conformes aux engagements souscrits au sein de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, qui reste, pour les États qui en sont membres, le fondement de leur défense collective et l’instance de sa mise en œuvre." Ceci veut dire l’UE renonce à une défense européenne autonome. Le retour de la France dans l’organisation militaire intégrée de l’OTAN ne fait que parachever cette imbrication UE-OTAN. Que ce soit sur l’Afghanistan sur l’Iran ou sur le conflit israélo-palestinien, l’Europe n’est ainsi, de facto, plus perçue comme un acteur autonome.

De fait le Traité de Lisbonne place la défense européenne sous la tutelle de l'OTAN. Vous avez lu une seule fois un partisan du traité vous l'expliquer ? Leur seule excuse c'est que les défenseurs du non sont également rares à s'en être aperçus. C'est tellement gros que personne n'est prêt à l'accepter - même mécanisme que pour l'aveuglement sur les excès du stalinisme.

Donc le Traité de Lisbonne est en place et on va découvrir ses potentialités, parfois pas encore écrites, que la pratique fera évoluer à partir d'un cadre entièrement atlantiste et libéral.

Un scoop chez Pierre Charasse :

"Les compétences des uns et des autres ne sont pas claires, le service diplomatique européen verra difficilement le jour et d’ailleurs risque d’être en concurrence avec les délégations de la Commission dans le monde."

Donc non seulement l'Union emploie déjà 5000 personnes à l'étranger, mais en plus elle va redoubler ce service d'un service diplomatique ? Ce serait invraisemblable, ça a donc toute chance de se produire.

Finalement, revenons aux préliminaires de M. Charasse :

"Je pense que la construction européenne a atteint son point culminant. La mise au point de cette architecture a été particulièrement laborieuse et est restée entre les mains de technocrates passablement déconnectés des préoccupations des citoyens."

*

Je remercie M. Charasse pour son passage. Je suis en tous points d'accord avec lui sur les constats. J'aimerais néanmoins qu'il me rejoigne sur une conclusion : l'impéritie de la construction européenne n'est pas seulement navrante. Elle nous empêche d'adopter les politiques qui s'imposeraient face à la crise. Il ne suffit donc plus de constater le blocage de ce système. Il faut vouloir sa fin.


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