L’un des problèmes dans le fait d’être cinéphile et de rédiger un blog de critiques, c’est que parfois on sur-analyse les films, quitte à oublier la première fonction du cinéma : faire s’évader le spectateur. Mais heureusement, il existe des cinéastes comme James Cameron qui vous rappellent de temps en temps pourquoi vous êtes fan de cinéma. Par exemple en vous balançant en pleine figure une aventure épique de 2h40 vous transportant dans un nouveau monde et vous faisant monter les larmes aux yeux 15 fois durant la séance. Alors par avance, désolé si cette critique n’est pas rigoureuse ou ne décortique pas le film en long en large et en travers. C’est juste qu’un film comme Avatar se vit plus qu’il ne se raconte ou s’analyse.
En soi, l’histoire racontée par James Cameron n’a rien d’extraordinaire ni de révolutionnaire, et c’est d’ailleurs là-dessus que ses détracteurs l’attaquent principalement. On est en effet devant une version science fictionnelle de Pocahontas mixée avec Danse avec les Loups. En clair, rien de bien novateur, d’autant que la plupart des péripéties du film sont prévisibles. Entre les mains d’un réalisateur lambda, cela aurait donné un blockbuster vu et oublié dans les cinq minutes. Sauf que James Cameron n’est pas un réalisateur lambda. Son but n’est pas seulement de raconter une histoire, mais bien de la faire vivre au spectateur. Et c’est là qu’Avatar révèle toute son ampleur, dans l’implication émotionnelle sans précédent du public dans les aventures de Jake Sully et dans la découverte de la planète Pandora. Rarement (voire même jamais) un film n’aura autant émerveillé. La performance technique est hallucinante, que ce soit au niveau de la faune et de la flore de Pandora, ou de la création du peuple Na’vi. Tout a l’air VRAI, on ne doute pas une seule seconde de l’existence des Na’vi, ni de celle de leur âme. L’image de synthèse s’est enfin affranchie de ses derniers défauts (notamment les regards vides et désincarnés) pour proposer de vrais personnages auxquels on peut enfin s’attacher. Les Na’vi vivent et respirent sous nos yeux éblouis, on prend fait et cause pour eux sans hésiter, on a envie de les connaître plus, et comme Jake Sully, on tombe instantanément amoureux de la belle Neytiri. Du coup, comme le héros de l’histoire, on redevient un enfant s’émerveillant de la splendeur de Pandora, avide de découvrir toute la beauté qu’elle recèle. Et parfois, on en vient même à avoir la gorge serrée et les larmes aux yeux devant la beauté des images et leur portée spirituelle.
C’est là le second coup de maître de Cameron qui, sous couvert d’une histoire simple mais universelle (amour, guerre, trahison) et de belles images, parvient à toucher quelque chose de profondément enfoui en chacun de nous. Et c’est réellement une prouesse que peu de réalisateurs peuvent se targuer de réussir, s’approcher au plus près de l’âme et du cœur du public pour lui faire partager cette aventure inoubliable. On rit, on pleure, on s’émeut, on veut rejoindre Jake Sully sur cette planète et découvrir ce monde à ces côtés, on ressent physiquement la sensation de manque du personnage lorsqu’il quitte son avatar. Cameron touche à quelque chose de profond, un instinct enfoui en chacun de nous qui fait que l’on comprend et accepte instinctivement la culture des Na’vi.
Le scénario limpide (mais pas simpliste) du Maître brasse nombre de thèmes fondamentaux qui font d’Avatar un film bien plus riche qu’il n’y parait. On pense au cinéma de Miyazaki dans la peinture de ce peuple connecté à la nature, à l’anti militarisme d’un Starship Troopers (les personnes voyant dans le film une énième apologie de l’Amérique triomphante sont clairement à côté de la plaque), mais sans que ces références ne viennent parasiter l’histoire. L’alchimie du film est tout simplement parfaite, que ce soient les acteurs, les effets spéciaux, le scénario, la réalisation, tout est là. Et le visionnage en IMAX apporte une immersion telle que quand les lumières se rallument on n’a qu’une envie : retourner sur Pandora.
Cameron a définitivement réussi son pari : imprimer la rétine avec des scènes juste inoubliables, remplir la tête d’images sublimes et de thématiques essentielles, tout en proposant un grand spectacle populaire. On appelle ça un chef d’œuvre, et ça fait fichtrement du bien. Le seul problème, c’est que les autres films de l’année paraissent maintenant bien fades en comparaison…
Note : 10/10