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Paris Blues

Par Gicquel

« Paris blues » de Martin Ritt
Avec Paul Newman, Joanne Woodward, Sidney Poitier, Louis Armstrong, Serge Reggiani
Sortie le 24  févrierParis Blues
Il n’est pas nécessaire de connaître le jazz pour apprécier ce film qui au début des années soixante est à ma connaissance l’un des  premiers à en faire toute une histoire. Il suffit d’aimer la musique, et les tourbillons qu’elle soulève, pour se laisser entraîner dans les rues de Saint-Germain-des-Près quand celles-ci swinguaient à tire-larigot.
« Paris Blues » a été tourné dans le Club 33 de l’époque, là où se produisent chaque soir Ram Bowen (Paul Newman) et Eddie Cook (Sidney Poitier) installés à Paris depuis plusieurs années. Ils ne vivent que pour le jazz, et les femmes passent comme des partitions inachevées. Leur rencontre avec deux jeunes américaines de passage ébranlent  leurs certitudes.
Paris Blues Sont-ils prêts à retourner au pays pour l’amour de leurs belles ? Ca paraît banal et bateau (la fin mélodramatique fait flop), et pourtant Martin Ritt accroche son sujet avec une réelle détermination. En s’appuyant sur les fondamentaux de la musique noire américaine, le réalisateur de « L’espion qui venait du froid » mène de front des thèmes qui le marqueront durant toute sa carrière : le racisme, l’intégration, la tolérance.
Si Eddie tient à rester à Paris c’est pour échapper au racisme dont il a été victime en Amérique. La dualité qui s’engage alors entre les deux amoureux illustre pour d’autres raisons, celle qui empêche Ram de suivre le même chemin. De l’anecdotique Ritt passe à l’universel, restituant toute une époque  (le cadre authentique de Saint Germain des Prés et les décors de Alexandre Trauner ) une ambiance (le jazz et l’insouciance de ces soirées endiablées) et l’histoire d’une musique vécue au plus près de ses créateurs.

La version originale est de Duke Ellington, et Louis Armstrong en personne figure au générique. Quand il débarque à l’improviste dans le club pour engager un bœuf avec Ram Bowen ,cette scène est inoubliable.

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Parallèlement à une interprétation américaine et au couple formé par Paul Newman et Joanne Woodward, on découvre un Serge Reggiani en guitariste gipsy, accro à la cocaïne. Une addiction que Martin Ritt surligne avec insistance.
LES BONUS
Avec François Guérif, de la collection Rivages/Noir et Gilles Mouëllic des Cahiers du Cinéma, on revisite la carrière de Martin Ritt, mais aussi l’histoire du jazz au cinéma, avec un éclairage particulier sur « Paris Blues ». Mouëllic l’oppose à « Autopsie d’un meurtre » de Otto Preminger, au niveau de l’intervention dramaturgique de la musique. Il voit aussi dans le film de Ritt à la fois « comme une imagerie du jazz, un regard hollywoodien sur cette musique, avec la fête et les danses qui vont avec ». D’accord ou pas, ces suppléments sont passionnants.


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