Une élève de 16 ans de Villefranche-sur-Saône va être temporairement exclue de son collège pour avoir arboré un tee-shirt portant l'inscription « Palestine libre ». Un collectif se mobilise contre cette décision.
Faut-il interdire les inscriptions « Tibet libre » ou les effigies de Che Guevara à l'école ? Elève du collège Claude-Bernard à Villefranche-sur-Saône, Zeyneb ne s'attendait sans doute pas à être renvoyée à cause d'un tee-shirt qu'elle porte depuis deux ans et qui comporte la mention « Palestine Libre ».
« C'est un message de paix »
Tout commence le 28 janvier par un cours d'histoire-géo sur la Russie. L'enseignant fait une digression sur Israël dont il soutient l'extension. « Choquée, même révoltée » par ce parti pris, cette élève de 16 ans lève la main pour prendre la parole. Le prof la lui refuse. Zeyneb est militante de la cause palestinienne : il lui arrive d'accompagner sa mère Amel à des réunions du collectif caladois pour le peuple palestinien.
Frustrée, la jeune fille se présente le lendemain en cours avec ce tee-shirt. Une façon habile d'exprimer un point de vue qui ne semble pas audible en salle de classe. « C'est un message de paix », soulignent mère et fille. Mais le prof, réputé caractériel, en fait une toute autre lecture, enrage et lui ordonne de cacher ce vêtement.
La collégienne fond en larmes, quitte la pièce et le collège pour rejoindre sa mère qui travaille à côté. Pendant ce temps, ne souffrant aucune contestation, l'enseignant aurait taxé les défenseurs de la Palestine de « charlots » et de « charlatans ». Quid de la neutralité du service public et de l'obligation de réserve des fonctionnaires ?
« Il a sa pédagogie à lui »
C'est pourtant Zeyneb qui sera convoquée le 11 février, face au proviseur et à la principale adjointe. Elle est coupable d'actes de « prosélytisme » mais est sanctionnée pour « départ d'un cours sans autorisation avec refus d'obéissance ».
L'élève prétend que c'est l'enseignant qui lui a demandé de quitter la salle si elle n'obtempérait pas. Au final, elle sera exclue trois jours, les 2, 3 et 4 mars prochain. L'impétueux enseignant est défendu par sa hiérarchie qui considère simplement qu'il a « sa pédagogie à lui ».
« C'est pourtant bien lui qui aurait mérité une sanction plus que l'élève, estime Jacques-Louis Kreiss, membre du collectif. Nous avons vécu ces faits comme une injustice profonde ». Ils en appellent à écrire au proviseur du collège. « Il doit revenir sur sa décision », exhorte le collectif. Hier, l'inspection académique a décidé de rouvrir le dossier.