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Rock de velours

Publié le 26 février 2010 par Georgesdimitrov

Rock de velours

On ne présente plus Todd Haynes, l’un des réalisateurs chouchous du cinéma indépendant américain qui, en cinq films, s’est bâti une œuvre profondément originale et exigeante aux multiples influences. Son talent protéiforme ne s’épanouit cependant jamais autant que lorsqu’il parle de rock’n'roll. Impossible d’oublier le génie narratif proposé par I’m Not There (2007), où les multiples incarnations de Bob Dylan se retrouvaient figurées par six acteurs différents et autant de mondes fantasmagoriques. Cependant, notre œuvre favorite demeure incontestablement l’étincelant Velvet Goldmine, sous-estimé a sa sortie en 1998, film-culte depuis.

Tirant son titre d’un b-side de David Bowie période Ziggy Stardust, le film s’attache à décrire de manière éclatée le “rise and fall” de deux stars du glam rock, Brian Slade (interprétée par Jonathan Rhys-Meyers) et Curt Wild (Ewan McGregor). Officiellement fictives, ces figures n’en empruntent pas moins la majorité de leurs traits à Bowie et Iggy Pop. À la fois vertige narratif et délire visuel, Velvet Goldmine fait le portrait d’une folle époque de la vie rêvée du rock : pari totalement réussi pour le volet cinéma, mais aussi pour l’aspect musique, sur lequel nous nous penchons aujourd’hui.

La bande originale du film est en effet un superbe patchwork fidèle à l’esprit non conventionnel de Haynes. Il ne s’agit pas ici de simplement présenter un “best of” de l’ère glam, même si certains incontournables répondent présent : Brian Eno (Needle In The Camel’s Eye), Roxy Music (Virginia Plain), T. Rex (Diamond Meadows) ou Lou Reed (Satellite Of Love). Le grand absent ? Bowie bien sûr, qui aurait (selon la légende) refusé de prêter ses pièces afin de pouvoir les consacrer ultérieurement à un projet plus personnel. Outre ces classiques, le disque propose également reprises et compositions originales, ce qui est d’autant plus précieux. Placebo nous offre ainsi sa version de 20th Century Boy de T. Rex et Teenage Fanclub, une autre mouture de Personality Crisis des New York Dolls. Shudder To Think, Grant Lee Buffalo et Pulp s’amusent quant à eux à écrire d’irrésistibles pastiches dans le plus pur esprit glam (Hot One, Ballad Of Maxwell Demon, The Whole Shebang et We Are The Boys).

Rock de velours
De plus, deux “super-groupes” inédits ont été formés le temps de l’album. Sous le nom de The Venus In Furs (clin d’œil appuyé au Velvet Underground) se cachent ainsi Thom Yorke et Jon Greenwood (Radiohead), Paul Kimble et Andy McKay (Roxy Music) ainsi que Bernard Butler (Suede) : excusez du peu ! Dans le rôle du groupe fictif de Brian Slade, ces joyeux compères reprennent joyeusement 2HB, Ladytron et Bitter-Sweet de Roxy, et offrent le micro à un Jonathan Rhys-Meyers en voix pour refaire du Brian Eno (Baby’s On Fire) ou offrir une splendide relecture des plus obscurs Steve Harley & Cockney Rebel - le numéro de Tumbling Down constitue d’ailleurs l’une des plus belles séquences du film. Enfin, le fameux Ron Asheton des Stooges se retrouve à la barre de Wylde Ratttz, “faux” groupe du “faux” chanteur Curt Wild. En bon clone d’Iggy, Ewan McGregor s’attaque au classique T.V. Eye avec force hurlements et guitares tonitruantes comme il se doit.

Tous ces titres, enregistrés spécialement pour la bande originale de Velvet Goldmine, constituent autant de pépites quasi introuvables qui feront la joie des véritables fans de glam. Inspirez-vous de la pochette du disque et faites-les jouer “at maximum volume” !


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