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Bonne fête toi-même (2)

Publié le 07 mars 2010 par Doespirito @Doespirito

Suite de la série "Les jours fériés"
Voyons maintenant les quelques fêtes catholiques de notre calendrier, dont je me demande d'où elles viennent, et s'il faut les garder.

La Toussaint
3257_Boniface-IV Les Romains
avaient construit à Rome une espèce de musée Grévin  pour célébrer leurs divinités prestigieuses. En grec ancien, πᾶν (pãn) signifie «tout» et θεός (theos), «dieu», donc le Panthéon était le temple de tous les dieux. Ouah, facile, Monsieur ! Là-dessus, la Gaule se christianise. Et en l'an 608, l'empereur byzantin Phocas cède le Panthéon au Pape Boniface IV (on dirait le nom d'un personnage de Disney...) qui le transforme en sanctuaire chrétien. L'église est dédiée aux martyrs (aux saints, donc) un 13 mai : la fête de la Toussaint est née. Soit dit en passant, si on avait conservé cette date printanière, on aurait plus chaud ce jour-là.
Guadeloupe0076 Mais au 8e siècle, un autre pape, Grégoire III, fait un caprice et décrète que la fête de tous les Saints, ce sera désormais le 1er novembre, en consacrant même pour ça une chapelle de la Basilique Saint-Pierre aux cultes des saints et autres bienheureux. Depuis, on fête les Saints le 1er, et les calenchés en principe le lendemain, 2 novembre. La tradition française a imposé les deux célébrations le même jour, ce qui prouve bien que quand les Français veulent bosser, ils ne font pas les choses à moitié. Le soufflet d'Halloween étant à peu près retombé en France, on ne risque plus la concurrence avec les citrouilles et les morts-vivants. Dommage que les commerçants en aient trop fait, comme d'habitude. Sinon, on aurait pu récupérer cette sorte de macabre Mardi-Gras (fête chrétienne tombée, elle, en désuétude avec la fin du carême) pour rigoler un peu par les temps qui nous courent sur le haricot.
Ma recommandation : bon, celle-là, on garde juste la date, on remet ça au mois de mai et on fête la Tousseins, la fête de tous les nénés. Forcément, ça se serait autrement plus motivant que de se cailler les miches devant des chrysanthèmes au trou du cul du monde. Je dis ça, je ne dis rien...
Pâques
Le nom des fêtes chrétiennes de Pâques (dans les Églises occidentales) et Pâque (sans s, dans les Églises orientales et orthodoxes) vient de l’hébreu Pessa'h. En effet, d’après les Evangiles, c’est pendant la commémoration de cette fête juive que notre fameux sportif (voir l'explication dans notre précédent épisode) rencontra son destin et fut ensuite surpris à baguenauder dans les rues au lieu de goûter à un repos éternel bien mérité dans son tombeau minéral. En Hébreu, Pessa'h signifie «passer par-dessus». L'ange qui devait tuer tous les premiers-nés égyptiens passa au-dessus des maisons des Hébreux et les préserva. Il ne devait pas connaître Optic 2000.
Lundi-de-paques Les Anglo-Saxons appellent ça Easter et l'étymologie de ce nom étrange est assez discuté. Disons que la plus probable est le fait que cette fête serait associée au renouveau du soleil, donc de l'aurore, donc de l'Est. Et puis il y a Pâques avec un s, Pâque sans S, Pâques au masculin pluriel (faire ses Pâques), au féminin pluriel quand elles sont Joyeuses... Côté gastronomie, c'est également le trop-plein : des cloches en chocolat, des œufs idem, un lapin du même métal. Et les significations sont pléthoriques. La fête commémore à la fois la sortie d'Égypte et la libération du peuple hébreu, le partage symbolique du pain et du vin lors du repas de la Pâque, la crucifixion du Christ, sa mise au tombeau le septième jour, sa résurrection... Ajoutons que le lundi de Pâques ne repose sur rien d'historique ou de religieux, c'est juste un jour de plus pour faire le gras week-end.
Ma recommandation : c'est un peu compliqué, tout ça. Ça ne serait que moi, je décréterai Pâques fête du printemps, ce qu'elle était à l'origine, dans la nuit des temps. Ça serait aussi la fête des Pâquerettes, car cette fleur a un nom hyper-pratique, elle est abondante et facile à entretenir. Et j'interdirais la chasse aux œufs parce qu'il flotte une fois sur deux, que le gazon est mouillé, qu'on se les gèle, pour pas changer, et que les gamins finissent toujours pas se chamailler. Et puis leur espèce de chocolat au lait, c'est dégueulasse, honnêtement.
L'Ascension
Fête chrétienne célébrée quarante jours après Pâques, elle tombe forcément un jeudi : jeudi 21 mai 2009, jeudi 13 mai 2010 et jeudi 2 juin 2011. Elle existait avant l'ère chrétienne : dans l'ancien Testament, en effet, le patriarche Hénoch vécut 365  ans et rejoignit son Dieu à sa mort grâce à un ascenseur vers le firmament par un de ces tours de passe-passe qui avait fait la renommée du vioque de son vivant.
Ascenseur-spatial-2 Quant aux quarante jours, ils ne sortent pas de nulle part. Le nombre correspond à la fameuse durée du Déluge, à la "montée" de Moïse au Sinaï (sacré trekking, dis donc), pour y recevoir les Tables de la Loi, et à la durée entre la naissance d'un garçon et les relevailles de couches de la mère. On retrouve ce thème dans la mythologie gréco-romaine : il arrive la même chose à Hercule et à Romulus : monter aux cieux, c'est rejoindre le domaine des dieux, donc en devenir un à son tour.
Ma recommandation : on supprime. L'avantage de cette fête est qu'elle est relativement facile à comprendre. Mais en même temps, avec le pont qui va bien derrière, ça fait un bon week-end férié propice, en général, à une hécatombe automobile.
La Pentecôte
Bon, là, ça se complique un peu. Suivez-moi bien. C'est encore une fête chrétienne, qui se célèbre 7 semaines après Pâques, et qui est inspirée de la fête juive de Chavouot ou fête des Semaines. Pentecôte vient du grec Pentekostê, cinquantième). Les Juifs célèbrent la remise de la Torah et la descente du Sinaï par Moïse avec les Dix commandements et le Lonely Planet sous le bras, sept semaines (50 jours) après avoir quitté l'Egypte. Chez les catholiques, on commémore la descente de l'Esprit Saint sur les Apôtres le cinquantième jour à partir de Pâques. Ils étaient en train de becqueter tranquille, dix jours après l'ascension du sportif, et l'Esprit Saint s'est ramené avec ses flammèches qui se sont posés sur les têtes des disciples.
Le-cri-munch Le fameux Esprit saint par qui Marie aurait engendré Jésus, si vous voyez ce que je veux dire. Ouais, ouais... Je rappelle que mon nom signifie "de l'esprit saint" en portugais, je suis donc à peu près le seul ici qui puisse s'enorgueillir d'avoir fait des enfants par l'opération dont auquel on cause présentement. Et je n'ai pas fondé de religion pour autant. Je devrais, peut-être...
Ma recommandation : Bon, alors moi, la Pentecôte, je la renverrais aux Calendes. En plus, c'est comme le lundi de Pâques, ça n'a aucune signification, c'est juste pour se reposer du Dimanche de Pentecôte. Mais quand je serais mort, je veux bien qu'on décrète mon anniversaire comme jour de Pentecôte. En insistant un peu, il me prendra bien l'idée de vous redescendre dessus avec ma langue de feu, heureux mortels...

Le 15 août

Il s'est passé des tas de trucs le 15 août, dans l'histoire. Christophe a abordé dans l'île Margarita (la beuverie qui a suivi...), on a inauguré le canal de Panama, Saint-Théodard a été sacré évêque de Narbonne... Et puis, finalement, c'est l'ascension de la Vierge au Paradis qui a emporté la mise. Ce qu'on appelle l'Assomption. Louis XIII qui voulait avoir un héritier mâle, a demandé en 1637 des processions dans chaque paroisse, tous les 15 août. Eh bien ça a marché, car l'année suivante, Louis XIV est né, après avoir été conçu dans des circonstances rocambolesques que je vous raconterai un jour. Bon, je m'égare, pour revenir à l'Assomption, les Protestants protestent car ils ne voient nulle part de trace de cette élévation magique dans les livres sacrés.
Ma recommandation : Alors, là, c'est la fête que je supprimerais en premier. D'abord, c'est en pleines vacances, donc ça va, on a déjà notre compte. Ensuite, une ascension, ça va, deux ascensions, faut quand même pas pousser grand-mère dans les orties.
Noël

Avant qu'on nous bassine avec la naissance du p'tit Jésus, c'était une fête païenne qui célébrait le solstice d'hiver. On a un jour décidé que le Messie était né ce jour-là, mais on n'a aucune preuve sur le jour, le mois ou l'année. Il serait né avant Jésus Christ, si on peut dire, entre -9 et -2, plus probablement entre -7 et -5, sous Hérode 1er. Mais le moinillon qui a calculé la date au VIe siècle, un certain Denys le Petit, s'est planté dans les grandes largeurs.

Vrai_visage_de_j__sus-1
Déjà, on ne sait pas s'il est né à Nazareth ou à Bethléem. Qu'on l'appelle Jésus de Nazareth dans le Nouveau Testament ne prouve rien, car "nazaréen" a bien d'autres significations (celui qui observe la loi, celui qui se consacre à Dieu, le rejeton, j'en passe). Et puis, ses disciples ne l'appellent jamais comme ça. Bref, sa famille était de Nazareth, ça, c'est à peu près sûr, il y a passé sa jeunesse, ok, mais impossible de savoir s'il il est né là ou bien à Bethléem, ville du roi David. Donc un bled qui bien fait mieux sur un CV que de dire qu'on est né chez les ploucs de Nazareth, évidemment.

Stonehenge-soleil
On trouve la première
mention du 25 décembre comme anniversaire de sa naissance, dans un document dit Chronographe de 354, donc du IVe siècle. Ce codex romain est une sorte d'almanach qui donne la liste des Papes, des préfets, raconte l'histoire récente de Rome... La date n'est pas choisie au hasard : elle correspond à la fête romaine Sol Invictus (soleil invaincu), en vogue au IIIe siècle à Rome. La remontée du soleil après le solstice et la venue du Messie, la récupération était facile à faire, allez hop, c'est fait, enlevez!
Ma recommandation : bon là, aucune hésitation. Moi je garderais, mais je redonnerais à Noël son caractère païen de célébration du solstice d'hiver. Pas pour jouer au druide à Stonehenge, évidemment. Parce que Jésus et le père Noël, franchement, ça fait déjà deux machines à croire dont on pourrait se passer facilement. On ne va pas en rajouter une autre en plus. Non, juste pour observer cette nuit-là ce qui se passe au-dessus de nos têtes. Voir ce qui se passe dans le ciel pour bien rester les deux pieds sur la Terre, «qui est quelquefois si jolie...»

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