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Libérons le consommateur de vins

Par Laurent Baraou

Jonathan Nossiter est un peu naïf, c'est vrai ; et il est utilisé par certains vignerons pour cibler une clientèle (comme Robert Parker par d'autres, voire les mêmes). Cependant, il dit beaucoup de vérités.

"Choix personnel du consommateur, si juste il avait accès" : oui mais le consommateur de vins doit l'entendre, et c'est pas gagné. Nous organisons de belles dégustations, des rencontres avec les vignerons, mais peu d'amateurs sont curieux de nos choix indépendants, ils préfèrent aller dans les "grandes foires" et "grands salons". D'un autre côté, c'est pour ceux qui s'intéressent que je suis caviste-artisan.

"Des cavistes indépendants dans chaque quartier" : c'est beau ce que pense un américain (qui vit au Brésil), mais c'est faux, totalement faux. Une grande majorité des "cavistes de quartiers" dépendent pour leurs achats de grandes centrales, de grossistes et de gros négociants.

"Les cavistes ne sont pas réservés aux riches" : c'est bien vrai (mes clients en témoignent) et, de plus, nous sommes certains à proposer des vins au "prix propriété", quand c'est possible et en accord avec les vignerons qui nous fournissent directement.

"Mondialisation du vin" : oui mais ce n'est pas contradictoire avec le travail artisanal de certains vignerons. Mas Daumas Gassac (bonjour Roman) n'est pas un domaine artisanal, ni implanté dans son terroir depuis longtemps, et son vin est bien étudié pour sa clientèle, mais cela ne lui interdit pas de réussir de très bons vins, sans tricher.

"Les vins faciles sont comme les films faciles ; faciles à produire et faciles à vendre" : oui ! Mais le Clos du Tue-Boeuf (Puzelat en Touraine) c'est authentique - c'est bon - et ça se vend bien. C'est le cas de nombreux vins de notre carte, l'authenticité n'interdit ni la qualité, ni le succès commercial.

"Les bons vins à petit prix existent" : tout dépend ce qu'on appelle un petit prix. S'il existe un vin délicieux à 2 euros dans les Cévennes... j'irai voir, mais il ne risque pas revenir à ce prix si on veut le consommer à Quimper ou Nancy (sans aller jusqu'aux 7 euros du Brésil).

"Pas de relation entre le prix et la qualité" : faut pas déconner ; pour être bon, un vin demande du travail, tout travail nécessite une rémunération. Mais la relation n'est pas automatique, ni proportionnelle. Pas plus qu'avec la note attribuée par Robert Parker. Pourtant c'est souvent un argument de vente. Le prix au "point Parker", c'est comme le prix au kilo pour un livre.

"L'uniformisation des goûts" : répondre par les bourgognes en les comparant à des bordeaux à 1 euro la bouteille c'est une méconnaissance du marché. Il y a des bordeaux authentiques et respectueux de leurs terroirs et des bourgognes pas chers et dégueulasses (Ok, plus chers que les bordeaux, mais aussi dégueulasses).

"Merci Éric Roux" : juste pour avoir cité trois excellents producteurs de ma région d'origine. Qui cite Élian Da Ros ne peut pas être mauvais au sujet des vins. Par contre, aller à côté de chez soi pour acheter les produits locaux, c'est un discours uniquement recevable pour les produits de saison, sinon c'est un manque d'ouverture. Même quelques amis bordelais (dont certains sont vignerons) boivent avec plaisir des vins issus d'autres régions (!). Si nous défendons le respect des terroirs, il faut les "goûter" et ne pas se replier sur soi.

"Suprématie des vins du nouveau monde" : quel gag !

"Laurent Baraou" : les pieds dans la terre et confiant.

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