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L'EGYPTE ET LE 7e ART

Publié le 30 mars 2010 par Abarguillet

L'EGYPTE ET LE 7e ART Pyramide Distribution Collection AlloCiné / www.collectionchristophel.fr L'EGYPTE ET LE 7e ART


Tout au long du XXe siècle, le cinéma a été le témoin privilégié de la vie culturelle, sociale et politique de l'Egypte. Expression de la modernité, il fut un excellent élément fédérateur pour l'ensemble du monde arabe. Ses stars ont rayonné de l'Atlantique au Golfe Persique, faisant du dialecte égyptien une langue comprise par tous les Arabes.
En 1896, à Alexandrie, on projette un film des frères Lumière. L'engouement sera total. En 1922, Mohamed Bayoumi réalise le premier court métrage de fiction Barsoum cherche un emploi. Néanmoins, la véritable naissance du cinéma égyptien sera le fait d'une femme, Aziza Amir, qui, en 1927, produit et interprète Leila, co-réalisé par Wedad Orfi et Stéphane Rosti. Ce succès sera à l'origine de nombreuses vocations. En 1928, Un baiser dans le désert d'Ibrahim et Badr Lama,  intronise les films d'aventure exotique. Avec Zaynad en 1930 de Mohamed Karim, c'est l'Egypte rurale qui, soudain, crève l'écran.

La rose blanche de Mohamed Karim en 1933 inaugure les comédies musicales et installe le cinéma sur les bords du Nil malgré des conditions de production précaires. La conquête du marché arabe étant assurée, la production cinématographique se développe. En 1935, la construction du studio Misr marque l'essor de cette industrie. l'année suivante, Wedad de Fritz Kramp avec la diva Oum Kalsoum représente l'Egypte au premier Festival de Venise. L'école du studio Misr est née, d'où sortiront toute une génération de jeunes réalisateurs comme Ahmed Badrakhan, Kamal Selim ou Salah Abou Seif. Films comiques, mélodrames, films historiques et religieux vont faire de l'Egypte, l'Hollywood de l'Orient. Les films, pour la plupart, imposent l'image d'un 7e Art frivole, mais les interdits sont multiples dont le puritanisme et le conservatisme sont les alibis. Dès 1947, un Code de la Censure sera institué, calqué sur le modèle du Code Hays des Etats-Unis.


L'EGYPTE ET LE 7e ART


Le cinéma égyptien amorce alors un virage avec  La volonté  de Kamal Selim. Désormais il ose affronter les conflits sociaux et civilisationnels. En plein nationalisme, il apporte un ton nouveau et un certain réalisme. En 1952, à travers la révolution nassérienne, des archétypes émergent à travers des oeuvres très diverses, émanant de jeunes cinéastes comme Henri Barakat, Atef Salem, Kamal el-Cheikh ou Tewfik Saleh ou celui qui sera bientôt le plus célèbre  Youssef  Chahine.  Ce dernier manifeste un engagement instinctif avec son film Ciel d'enfer  qui révèle l'acteur Omar Sharif. Mais bien qu'importants de par leur conception et leur objectif, ces longs métrages ne représentent qu'une part mineure d'une production qui alimente le désir de rêve du grand public. Dans les années 60, le cinéma est un des secteurs les plus influencés par le socialisme du régime Nasser. Chadi Abdel Salam réalise alors son chef-d'oeuvre  La momie  ( 1969 ), dans lequel il renoue avec l'histoire pharaonique.
Le 7e Art égyptien reflète alors les problèmes sociaux qui agitent une société à dominante rurale, assoiffée de modernisation. C'est peut-être à travers l'image cinématographique de la femme que cette modernité balbutiante se manifeste le plus concrètement. De nombreux films traitent de l'égalité des sexes, du travail féminin, de la liberté qui doit lui revenir de choisir son mari selon son coeur. Souad Hosni et Nadia Lotfi en sont les emblèmes, alors que Faten Hamama, qui incarne longtemps la jeune fille soumise aux dicktats familiaux, se révolte et demande le divorce dans  Je demande une solution  de Said Marzouk ( 1974 ).
L'arrivée au pouvoir de Sadate amorce un changement politique. Avec les dénationalisations, la loi du marché s'installe dans le milieu du cinéma égyptien et les nouvelles générations formées à l'institut du cinéma ne doivent plus compter que sur elles-mêmes. Si bien que des réalisateurs tels Ali Badrakhan, Mohamed Radi, Ali Abdel Khalek ou Samir Seif vont assurer la relève avec des succès inégaux.


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   Youssef Chahine

Les films les plus audacieux des années 70 sont l'oeuvre d'un réalisateur déjà confirmé : Youssef Chahine. Bravant la censure, il poursuit sa carrière avec un enthousiasme désarmant et, en 1997, l'une de ses oeuvres  Le destin  est couronnée par le Festival de Cannes. Cinéaste libre et non académique, Chahine, né en 1926 à Alexandrie, a toujours eu deux sujets dans ses oeuvres :  lui et son pays. En guerre contre toute forme de fanatisme religieux, il a fait de l'accès à la connaissance le terreau de tous les espoirs : " Chaque jour qui passe  sans rien apprendre est un jour perdu - entend-t-on dans l'Emigré. Cet artiste altruiste et subversif est resté, à travers son parcours cinématographique, un incorrigible romantique.

 En 1981, l'assassinat de Sadate installe un malaise auquel n'échappe pas le cinéma. Cet art y répond par la dérision, une forme d'expression chère aux Egyptiens. L'avocat de Rafaat al-Mihi est sans doute le film le plus représentatif de cette tendance qui exprime, avec humour, le quotidien difficile de la population. Alors que la dernière génération de cinéastes s'attaque à l'intégrisme rampant en dénonçant ses mécanismes, comme  Les portes fermées  de Atef Hatata, une vague récente de films comiques tente de décrisper cette atmosphère lourde. A l'aube du 21e siècle, même si le cinéma égyptien s'essouffle et cherche désespérément des solutions à sa crise, le nombre des salles de spectacle ne cesse d'augmenter et les multiplexes abondent dans les beaux quartiers, remplaçant les salles vétustes d'autrefois. L'éternel engouement des Egyptiens pour le 7e Art demeure.


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