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Kick-Ass de Matthew Vaughn

Par Geouf

Kick-Ass de Matthew Vaughn

USA, 2010
Réalisation: Matthew Vaughn
Scénario: Jane Goldman, Matthew Vaughn
Avec: Aaron Johnson, Christopher Mintz-Plasse, Chloe Moretz, Nicolas Cage, Mark Strong

Résumé: Dave Lizewski (Aaron Johnson) est un adolescent tout ce qu’il y a de plus banal: pas un tombeur, ni un looser, ni un geek, juste un ado comme des milliers d’autres. Un jour, alors qu’il se demande pourquoi personne n’a jamais tenté de devenir un super héros dans le monde réel, il décide de sauter le pas. Il s’achète un costume, s’entraîne un peu et se choisit un nom de code : Kick-Ass. Malheureusement, sa première tentative d’héroïsme se solde par un aller direct à la case hôpital. Pas découragé pour autant, Dave reprend du service et fait bientôt la une de youtube après avoir défendu un homme qui se faisait bastonner. C’est alors qu’il fait la connaissance de Hit Girl (Chloe Moretz) et Big Daddy (Nicolas Cage), deux héros ayant décidé de faire tomber le baron de la pègre newyorkaise, Frank d’Amico (Mark Strong). Dave va alors découvrir qu’il ne suffit pas de vouloir être un héros pour en devenir automatiquement un…

Le film de super héros est un des genres les plus en vogue actuellement à Hollywood. Les héros en collants ont envahi la pop culture comme jamais, et il était inévitable qu’un auteur finisse par se demander un jour ce qui se passerait si un type normal décidait de devenir un super héros. Cet auteur, c’est Mark Millar, créateur de Wanted, qui a abordé ce thème au travers de la bande dessinée Kick-Ass. Une bande dessinée sur laquelle le réalisateur Matthew Vaughn a immédiatement flashé, décidant de l’adapter au cinéma pour son troisième film après les excellents Layer Cake et Stardust. Originellement producteur (notamment des premières œuvres de Guy Ritchie), Vaughn a porté le projet à bouts de bras, refusant toute compromission, au point de lever les fonds lui-même devant la frilosité des studios hollywoodiens. Le résultat : une petite bombe cinématographique fun au possible.

Fun, Kick-Ass l’est assurément, comme le laissait présager la bande-annonce diffusé depuis maintenant plusieurs mois. Le film est tout d’abord très drôle, grâce aux excellents dialogues, mais aussi grâce aux situations prenant le contrepied des films de super héros habituels (l’homme-oiseau qui s’écrase lamentablement au sol après son saut héroïque du haut d’un building, Kick-Ass qui tente de sauver un chat pour se faire la main, sa première baston au cours de laquelle il se fait laminer, le détournement de la maxime de Spider-Man…). Il propose aussi une bonne dose d’action, excellemment chorégraphiée et filmée (merci Monsieur Vaughn de ne pas céder à la mode de la shakycam !), et plusieurs scènes d’anthologie (l’attaque du penthouse de d’Amico, la tuerie en mode FPS…). La réalisation de Matthew Vaughn est absolument exemplaire, le réalisateur gravissant encore un palier à ce niveau, notamment en termes de gestion de l’espace et de montage (l’excellente séquence mettant en parallèle la fuite d’un inconnu poursuivi par des malfrats et le sauvetage ridicule du chat).

Kick-Ass de Matthew Vaughn

Mais Kick-Ass est aussi bien plus que ça. L’humour est assez noir, et parfois à la limite du dérangeant (la séance d’entraînement au cours de laquelle Nicolas Cage apprend à sa fille de 11 ans à supporter les tirs sur son gilet pare-balles), et le film ne lésine pas sur l’hémoglobine. De plus, tout en gardant un rythme très soutenu (les deux heures de projection passent en un éclair), Matthew Vaughn réussit à développer des personnages très attachants. La bonne idée du film, c’est d’avoir majoritairement fait appel à des quasi inconnus. Aaron Johnson (Nowhere Boy) est parfait en Kick-Ass, un personnage idéaliste (il pense vraiment qu’il va changer les choses), mais aussi un ado normal (en début de film il passe son temps dans sa chambre à se masturber ou à chatter avec ses amis sur le net) qui finalement ne rêve que d’une chose, être remarqué et sortir avec la fille dont il est amoureux. Idem pour Chris d’Amico, alias Red Mist (Christopher Mintz-Plasse, loin de son personnage de McLovin dans Superbad), qui ne souhaite qu’être accepté, notamment par son père qu’il vénère. Mais les personnages les plus intéressants sont sans contexte Hit Girl et Big Daddy. Nicolas Cage revient enfin au top après quelques années d’errements, et campe un personnage tragique (dont le passé est expliqué dans un excellent flashback animé, très Kill Bill dans l’esprit) que la douleur et la trahison ont conduit à faire de très mauvais choix pour lui et sa fille. La jeune Chloe Moretz vole quant à elle la vedette à tout le casting dès qu’elle apparait à l’écran, étant d’un naturel affolant, que ce soit lors des scènes de baston où elle découpe les bad guys à la pelle, ou lorsqu’elle débite des dialogues grossiers sans sourciller. Leur relation est la plus émouvante du film, notamment par son côté tragique. Les seconds rôles ne sont pas en reste, que ce soit Mark Strong, qui incarne un méchant bien plus crédible que celui du mollasson Sherlock Holmes de Guy Ritchie, ou Lyndsy Fonseca dans le rôle du love interest.

Kick-Ass de Matthew Vaughn

Kick-Ass c’est aussi une passionnante réflexion sur le statut du super héros et une analyse des raisons poussant des hommes et des femmes à revêtir la cape et le masque. Etonnamment, on pense beaucoup au Beowulf de Zemeckis, qui abordait le thème du héros de manière similaire (le statut de héros ne se déclare pas, il se gagne), mais aussi à The Dark Knight (être un héros, c’est aussi faire passer le bien d’autrui avant soi-même). Dave apprendra douloureusement (à la fois physiquement et psychologiquement) qu’être un héros n’est pas un jeu, et que tous les choix peuvent avoir des conséquences.

Bref, vous l’aurez compris, Kick-Ass est un véritable coup de cœur, un long métrage mêlant habilement de nombreux genres (parodie, film d’action, teen movie) et proposant de nombreuses pistes de réflexion passionnantes, sans jamais oublier d’être fun. Un divertissement de très haute volée, qui confirme que Matthew Vaughn est un des meilleurs réalisateurs en activité.

Note : 9/10

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