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Roman de Vladimir Sorokine

Par Sylvie

RUSSIE

Roman de Vladimir Sorokine

Editions Verdier, 2010 - Ecrit de 1985 à 1989

Afin d'inaugurer l'année de la Russie en France, voici un livre surprenant d'un des auteurs contemporains russes les plus importants. Connu en France pour son roman La glace qui met en scène une "secte d'élus". Auteur controversé en Russie, chantre de la postmodernité, il porte un regard très critique sur le totalitarisme et rejette les valeurs morales et spirituelles qui ont forgé les XIX et XXe siècles.

Ce roman, écrit il y a vingt ans, est un véritable coup de poing !

Il s'agit, sur 700 pages, d'un récit d'apprentissage d'un jeune homme Roman, ayant fait ses études de droit dans la capitale à Moscou et revenant au foyer familial dans les terres rurales traditionnelles russes.

Sans aucun repère temporel, le lecteur devine que nous sommes à la fin du XIXe siècle.

Sorokine se plonge dans la forme traditionnelle romanesque russe dans la continuité de Tourgueniev ou Tolstoï. Hommage à la Russie traditionnelle, celle des isbas et des paysages campagnards, ode aux ripailles diverses, aux scènes de chasse, de mariage orthodoxe, ode à Dieu et à l'espérance.

Le lecteur est plongé dans une formidable fête des sens : Roman ne fait plus qu'un avec Dieu et la nature, il rencontre une belle jeune femme, Tatiana ; c'est le coup de foudre, ils se marient instantanément ; ce qui donne lieu à près de deux cents pages de ripailles, de danses, de serments fous.

Toutes les scènes sont dialoguées ; on se croit dans un repas de Tchekhov. On voit, on sent, on entend. Il n'y a plus de retenue, tout le monde célèbre la grandeur de Dieu et de la nature.

Puis....tout s'écroule. Changement brusque de ton et de forme...

Mais chut ! Passons sous silence cette chute sidérante. Grâce aux cent dernières pages, le roman change de sens.

Dostoiëvski et sa terreur du nihilisme est passé par là...

L'auteur livre une réflexion sur l'histoire mais aussi sur la forme romanesque ; "je refuse de faire du roman une pièce de musée" déclare-t-il. Classisisme puis soudain, déconstruction totale. Ecriture expérimentale, jeux d'écriture, irrévérence totale, flux verbal ininterrompu...

Echec de l'humanisme, irruption soudaine de la folie.


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