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La triple côte en cocote du printemps, ça veau le détour

Par Estebe

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Bien le bonjour, très chers



«Demandez nos exquis mots, demandez nos exquis mots
», piaille le Dr Slurp devant son stand de farces boiteuses. «Car qui mourra bien rira le dernier. Et mourir, c’est partir beaucoup.»
La foule se masse peu à peu devant le bonhomme jovial, intriguée par son bagout.
«A trop contempler un lit vide, on le devient», démarre l’Estèbe, flamboyant. Rires polis dans l’assemblée.
«Et biennal maki ne profite jamais», continue-t-il, en se tapotant le ventre de satisfaction. Raclements de gorge, ricanements gênés.
«Mais mieux vaut un calembour d'Anvers qu'un camembert d'Hambourg !» Le Dr Slurp, étranglé de rire, ne voit pas le public se disperser.
«Quand on se sent flageoler, c’est la faim des haricots», jubile-t-il. Silence assourdissant.
Dr Slurp tente une dernière cartouche: «Qui crawle en brasse a mal aux reins ?» Trop tard: la place est à présent déserte, si ce n’est un vieux chien, qui pisse contre le stand du roi de la blague.
«Pourtant, le bébé de la vache veau le détour», murmure l’Estèbe, soudain accablé. Il s’assied en soupirant. Essuie la sueur qui perle sur son front. Avant d’épousseter sa redingote élimée.


Demain, il les fera rire aux larmes.


Tiens, au fait, pour réaliser une triple côte de veau basse température en cocote printanière, il faut se munir d’une triple côte de veau (ben oui), d’une poignée de pois mange-tout et d’une livre de fèves dans leurs cosses, d’une demi-botte de radis, de quatre gousses d’ail nouveau et d’une branche d’oignons primeur.

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Dans une larme d’huile d’olive et au fond de votre cocotte favorite, faites bronzer à feu balèze la côte et les gousses sous toutes les coutures. Salez, poivrez. Déglacez d’une giclée de porto blanc. Couvrez. Et enfournez à 70° pour une heure, voire plus. Le veau ravit rosé, c’est là une vérité intangible autant qu’indiscutable.


Extirpez les fèves de leurs cosses. Blanchissez les deux minutes dans de l’eau frémissante salée. Virez-les à l’écumoire, pour les dérober (soit virer leur pellicule duraille). Réservez.


Dans la casserole, toujours bouillante normalement, balancez les pois mange-tout, taillés en losanges. Un petit moment. Faut les garder un brin croquants.


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Taillez enfin les radis en fines rondelles, à la mandoline par exemple, et l’oignon aussi.
Dix minutes avant le miam, balancez les légumes dans la cocotte, assaisonnez, et laissez le tout réchauffer gentiment.
Voilà: ça a l’air bon et couillon, mais c’est un boulot épouvantable, qui vous éreinte pour un résultat plus que minable.
On est en droit, enfin, de se siffler un grand pinot noir avec ça, un bourgogne d’âge mûr et de noble extraction, au fruité complexe et à la chair tonique. Et sans modération, bien sûr. Car un verre, ça va; trois verres, ça va, ça va, ça va.


Adios


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