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Don’t fuck with Polly Pocket

Par Luxyukiiste

Don’t fuck with Polly Pocket

Je n’en doute pas, les lecteurs avertis que vous êtes auront certainement remarqué la nouvelle image décorant le menu du blog : une jeune héroïne masquée et armée y proclame haut et fort qu’Horizon Désarmant, ça botte grave des culs. Cette furie violette, c’est Hit-Girl, et croyez-moi, quand elle porte son costume, il ne faut pas trop l’embêter. Mais trêve de fanboyisme : elle n’est pas seule dans le dernier film de Matthew Vaughn, l’histoire fun et barrée des premiers vrais super-héros de la vie réelle. Ca s’appelle Kick-Ass, et dans l’attente d’un outsider, c’est le meilleur fantasme geek de l’année.

Don’t fuck with Polly Pocket

Imaginez un adolescent américain ni très beau, ni très moche, un peu entre les deux : invisible, en fait. Préférant passer sa journée au comic store plutôt qu’aux partys lycéennes. Ne fréquentant que les deux seuls amis qui aiment les mêmes choses que lui. Ce garçon, c’est Dave Lizewski, et il en a marre d’être un loser : voilà pourquoi il veut devenir le premier véritable super-héros, défendant la veuve et l’orphelin contre les dangers du monde réel. Son costume sur le dos, il ne lui reste plus qu’à se trouver un nom : ce sera Kick-Ass, et croyez-le ou non, vous en entendrez parler un jour. Sauf qu’un de ces dits jours, il se retrouve en plein milieu de la guerre sans merci que se livrent un puissant trafiquant (Frank D’Amico) et un père de famille (Damon Macready), le tout entre les mains expertes d’une tueuse de poche : Mindy Macready, alias Hit-Girl, 11 ans… et costumée elle aussi. Face à tant de violence, l’apprenti Kick-Ass va t’il raccrocher ou honorer sa mission jusqu’au bout ? Y’a t’il d’autres super-héros en ville ? Si j’ai une fille, je peux l’habiller en violet et lui apprendre à manier le sabre ?

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Précisons-le d’emblée : Kick-Ass est un film fun. Fun par ses incursions même pas honteuses dans le teen-movie sauce geekesque, pleines de décalage, de moqueries, et même de tendresse, un peu comme Les Beaux Gosses l’avait fait en France. Fun aussi par ses scènes d’action certes violentes mais toujours à deux doigts du rire, grâce à une punchline bien placée ou un petit gag récurrent (It’s a bazooka !). Fun évidemment par le décalage produit par tous ces wannabe heros qui se baladent en costume et se foulent la cheville. Fun enfin grâce à Hit-Girl, son sang froid et son langage fleuri que n’ont pas goûté une random association de censeurs à la noix. Voici mon témoignage : dans ma séance en VO remplie de compères geeks, le public s’exclamait régulièrement, franchement amusé et parfois ébahi. Pour ma part, je me suis retenu de pleurer de joie lors de la meilleure scène du film, tellement j’ai eu l’impression que mes rêves les plus fous se réalisaient. De toute façon, pour les absents, il suffit d’écouter les réactions du public qui découvrait des extraits lors du Comic Con ; et surtout sur la deuxième. Surtout.

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Très drôle, donc, et aussi volontairement bourrin, le film utilisant avec plaisir le système du gros choc dans la gueule, au risque de verser dans le too much. On aime ou pas, mais ce n’est qu’un élément du parti-pris de Vaughn de ne pas pondre un PG-13 inoffensif mais plutôt un film violent, choquant mais rigolo. D’ailleurs, si Kick-Ass a gêné certains spectateurs, c’est aussi en raison de son absence de message sur cette violence, épargnant au spectateur les leçons de morale baveuses mais le laissant un peu perdu. Le duo familial Hit-Girl/Big Daddy n’est motivé que par une chose : la vengeance. En effet, la femme de Macready a été tuée par D’Amico, et après s’être tiré d’une police corrompue par le mafieux, le pauvre veuf est devenu Big Daddy et a transformé sa fille en implacable machine de guerre. Le ton du film amène forcément à la glorification du zombie Hit-Girl, ce que confirment de nombreux avis, y compris le mien ; cependant, la seule voix discordante du film finit par tripper comme nous sur les exploits de la bande. Malgré ça, il faut être honnête : impossible de bouder son plaisir en face du film. C’est aussi en évitant le moralisme que Kick-Ass tire son épingle du jeu.

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Côté enveloppe, la BO du film mélange allègrement rock, pop, electro et emprunts revendiqués : chez Morricone tout d’abord, mais aussi dans les soundtrack de Sunshine et 28 Jours Plus Tard. N’ayant pas vu ces films, je ne peux malheureusement pas vous confier mon impression à l’écoute de ces musiques. Cependant, la réutilisation de musiques assez récentes peut porter à débat. En revanche, le reste des morceaux sied bien au côté jeune et fun du film, citons par exemple le morceau des Dickies lors du premier massacre de Hit-Girl. Avec MySpace, ces repères communs à la génération Internet participent à ce que Vaughn appelle le renouvellement de la culture : Watchmen (…) j’aurais adoré le voir en 1995 ! De nos jours, les ados n’en ont rien à foutre de Nixon et de la Guerre Froide. Les adolescents d’aujourd’hui peuvent se retrouver dans Kick-Ass, ils comprennent ce que Facebook ou MySpace représentent. (…) Peut-être que dans 10 ans, mes gosses n’en auront rien à foutre de Kick-Ass, mais je pense que c’est un film qu’il faut faire maintenant, pas demain.

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Quant à nos amis acteurs, Chloe Moretz est évidemment la star du métrage, et son interview à l’Ecran Fantastique révèle quelques détails sympas sur la préparation de ce rôle. J’ai aimé apprendre les mouvements d’arts martiaux, dit-elle. L’entraînement au maniement des armes (…) était vraiment époustouflant ! J’ai également pratiqué la gymnastique et l’équilibrisme. J’ai passé un mois avec deux personnes de l’école du cirque de Toronto (…). J’ai même appris à manier deux balisongs, un dans chaque main. Autant dire que désormais, il est déconseillé de chercher des noises à la jeune actrice. Le rôle de Hit-Girl s’ajoute aux deux autres terribles jeunes filles vues au cinéma ces derniers mois : Esther du film éponyme et Eli de Let the right one in. C’est d’ailleurs l’éternelle vampire du film de Tomas Alfredson qu’elle aura l’honneur d’interpréter dans le remake de Matt Reeves. De quoi avoir un peu d’espoir dans ce procédé trop souvent désastreux…

Don’t fuck with Polly Pocket

En conclusion, Kick-Ass est une bonne tranche d’éclate drôle et violente, qui peut même plaire en dehors de la communauté geek. Profitez-en tant qu’il est encore en salles, calez-vous une bonne séance en VO et profitez de l’ambiance créée par le film. Pendant ce temps, nous allons guetter les annonces de séquelle, car la fin du film suggère largement son existence. A moins qu’il s’agisse d’une autre provocation… Allez savoir. On va prendre goût à se faire botter le cul !


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