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Un amore di pasta

Publié le 11 mai 2010 par Etsinonrien
Un amore di pastaA la fin du siècle dernier, un vendredi après-midi, vers 17h, je me retrouvai en train de grimper les escaliers qui me menaient à l'appartement de Jules. Depuis quelques semaines déjà, Jules avait mis un peu de pagaille dans mon cœur. Cet après-midi là, il m'avait téléphoné pour me proposer de nous rendre ensemble à une soirée et donc de le rejoindre chez lui un petit peu avant. 
C'était la première fois que je franchissais le seuil de sa porte. Avant d'entrer dans l'appartement, je glissai rapidement un œil sur la plaque dorée qui ornait sa porte, car si le prénom de Jules hantait mes nuits, j'ignorais encore son nom de famille. Je constatai, avec étonnement - va savoir pourquoi, je ne m'y attendais pas - la consonance méridionale de son patronyme. Ce détail provoqua en moi de brefs mais profonds questionnements  sur la généalogie de ce jeune homme qui ne me laissait pas indifférente, et que j'imaginai aussitôt descendre de la lignée de Léonard de Vinci, tout en envisageant la possibilité d'un lien familial avec Lætitia Casta.
La soirée fut fort sympathique mais néanmoins dépourvue de toutes agapes et ce fut donc fort affamés que nous retournâmes dans le nid de mon héros au regard bleu azur et au sourire ravageur. Bien que grand gastronome, Jules vivait alors comme un vieux célibataire et les placards de sa cuisine, ce soir-là, n'étaient pas très garnis. Cependant, il me prépara un plat de pâtes en me promettant que j'allais me régaler car il savait les cuisiner comme personne et que la génétique et la tradition orale n'y étaient pas pour rien (Léonard de Vinci, donc, j'espère que tu as suivi). Et, je dois l'avouer, je fus absolument épatée par la simplicité et la finesse de son plat qui éveilla en moi, une fois repue, des émotions et des sensations que je tairai par pudeur (rideau).
Une décennie et deux enfants plus tard, Jules est toujours le cuisinier attitré de notre petite famille. Il a en lui cette incroyable propension (dont je suis partiellement dépourvue) à aimer faire plaisir à son prochain en mariant les aliments avec amour, justesse et respect de la nature. Il sait, plus que quiconque, rendre heureuse toute une tablée avec une simple vinaigrette ou une épice un peu originale. Les enfants et moi lui vouons un culte absolu en matière de cuisine, et nous avons chacun un penchant pour un plat en particulier.
Toutefois, il est un plat qui remporte l'unanimité chaque fois : la pasta. Curieusement, c'est le repas que nous préparons le plus à la hâte, quand nous avons peu de temps ou moins envie de cuisiner. Mais toujours avec la certitude que nous serons quatre à table à nous régaler comme si nous étions chez Bocuse. 
Envie d'une soirée en amoureux ? farfalle au beurre, gruyère, ketchup (oui!! sacrilège!!) et les enfants heureux et repus sont couchés avant l'heure.
Envie de se réchauffer lors d'une froide journée d'hiver? Tagliatelle à la carbonara, toujours vite fait MAIS bien fait.
Besoin d'écouler quelques vieilles tomates? Spaghetti à la bolognaise, sauce maison.
Envie d'originalité? Quelques  dés de jambon et de camembert et le tour est joué.
Un truc à fêter? Jules ramène un gros bouquet de basilic du marché, je cours acheter du parmesan, et nous l'observons  préparer le pesto, l'eau à la bouche.
La pasta est devenue le plat qui soigne les maladies, qui rassasie l'estomac, qui réchauffe les cœurs et qui nous réconcilie autour d'une table. Notre ciment familial.
Ceci est ma contribution au "pasta concours!" proposé par Flou.

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