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La sorcière de Salem - Elizabeth Gaskell

Par Emmyne

41E3EKF71AL__SL500_AA300_La sorcière de Salem est la description de la paranoïa implacable d'une petite ville. Nous sommes en 1691 et Loïs Barclay arrive à Salem pour rejoindre un oncle. Elle vient de perdre son père et sa mère et quitte son Angleterre natale. Elle se retrouve seule et isolée, victime de l'un des épisodes les plus tragiques de la toute jeune Amérique.

- Editions José Corti -

Une découverte que cette lecture choisie par Isil dans le cadre de la chaîne des livres organisée par Ys. Je n'aurais jamais lu Elizabeth Gaskell, pourtant auteur classique anglais, sans cette initiative.

Ce livre est un roman, pourtant il se rapproche plus de la chronique, presque du témoignage, tant l'auteur s'attache à décrire et resituer historiquement et socialement le contexte, n'hésitant pas à interpeller son lecteur pour souligner l'importance de certains événements ou de certaines attitudes. J'écris témoignage car un soin identique est accordé à la peinture de la puritaine communauté de Salem comme au portrait de la jeune héroïne, ses sentiments face à son exil, son malaise, ses difficultés pour s'intégrer dans une famille bien peu hospitalière, sa différence, tous les traits de son histoire comme de sa personnalité qui feront d'elle une victime annoncée.

Ce roman decrit magistralement la folie des hommes, la puissance de la religion dans ses effets les plus négatifs : gloses et commérages, évangélisme et intolérance envers qui n'accepte pas l'interprétation communautaire de la parole sainte comme vérité absolue et ne se conforme pas aux rites à la lettre, violence et fanatisme de ceux qui se croient élus et investis de droits divins, superstition et malveillance lorsque le nom de Dieu est invoqué pour désigner des coupables. Le dénouement est attendu. Le plus terrible, c'est qu'il ne surprend même pas.

La sorcière de Salem, avec une écriture à la fois factuelle et précieuse, décrit l'hystérie religieuse et paranoïaque d'une ville repliée sur ses dogmes, ses querelles internes oiseuses et ses insatisfactions. Elizabeth Gaskell pointe le mécanisme impitoyable et inexorable de la tragédie.

Cet épisode de chasse aux sorcières est tristement célèbre, la bêtise et le crime religieux une réalité, paradoxe d'une humanité qui se complaît dans des instincts barbares et se damne sous prétexte d'élever et purifier son âme. Ce livre n'est plus édité, c'est plus que regrettable.

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