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Sarkozy peaufine son image de candidat

Publié le 26 mai 2010 par Juan

Dimanche dernier, le couple Sarkozy déambulait sur les Champs Elysées, décorés aux couleurs de l'agriculture française. «Vous avez vu tout ce que je fais en ce moment» a lâché le président français. depuis des semaines, il ne ménage pas ses efforts pour séduire un électorat déçu, avec trois déplacements dans des fermes depuis janvier et une visite (controversée et cloitrée) au Salon de l'Agriculture. Cette fois-ci, les médias s'en sont donnés à coeur joie: l'image souriante d'un couple présidentiel se promenant parmi des agriculteurs et badauds tout aussi souriant a fait le tour des rédactions. Quand Nicolas transpire, Carla l'essuie, un «geste sympathique de la Première Dame», a commenté Ruth Elkrief sur BFM TV. La visite était encore une fois surprise. Le comité d'organisation de "Nature Capitale" avait gardé le secret pour assurer au Monarque un bain de foule des plus tranquilles. Une communication bien organisée.

Après un lundi de Pentecôte au repos, Nicolas Sarkozy s'est rendu à Beauvais pour parler de violences scolaires et absentéisme. Le Monarque a assoupli son discours. Lui qui voulait supprimer, puis suspendre les allocations familiales aux parents d'élèves absentéistes promet désormais de reverser rétroactivement ces allocations si l'élève reprend les cours. Un projet de loi sera examiné le 16  juin prochain à l'Assemblée nationale. Il prévoit qu'au bout de quatre journées et demie d'absence non justifiées, le principal de l'établissement proposera aux parents de l'élève fautif un « contrat de responsabilisation ». En cas de récidive, les allocations seront suspendues. Lors de cette visite, Sarkozy voulait s'afficher souriant et détendue au milieu d'élèves du collège Fauqueux. Il fut quelque peu chahuté, une bouteille d'eau en plastique, vide, fut jetée sur son épaule. On imagine déjà la DCRI en train d'analyse les images videos de l'incident. Un peu plus tard, Sarkozy oubliait vit son rôle de Président de la République. A l'écart des journalistes, il rencontrait 1 200 militants UMP, à huis clos, au Palais des sports de la préfecture de l'Oise. L'occasion de critiquer l'abaissement à 60 ans de l'âge de départ à la retraite, et d'afficher sa satisfaction du débat en cours sur la réforme des retraites. Le temps est donc venu de politiser l'affaire: «Vous savez quand on pense à ce qu'a fait François Mitterrand en ramenant l'âge légal du départ à la retraite de 65 à 60 ans ! On aurait beaucoup moins de problème s'il s'était abstenu.»
L'attention médiatique était plus lâche, la semaine dernière, sur un nouveau rebondissement venu troubler l'affaire du Karachigate. Un nouvel épisode de la guerre des droites. Ziad Takieddine s'exprimait dans les colonnes du Nouvel Obs du 20 mai dernier. Présenté comme l'un des intermédiaires imposés par le gouvernement Balladur dans la vente des sous-marins français au Pakistan (le contrat Agosta), il dément toute implication dans l'affaire: «je clame haut et fort que je n'ai jamais participé à la moindre négociation sur le dossier Agosta.» Surtout, il accuse le camp chiraquien, qui l'aurait mouillé dans Mercor, une société intermédiaire agissant dans l'affaire: «Je ne connais pas la société Mercor. C'est un complot pour me faire porter le chapeau de l'attentat de Karachi. J'accuse les chiraquiens d'être à l'origine de cette opération
Takieddine mentionne aussi des menaces sur sa vie. Les propos sont graves. La guerre des droites ne s'est jamais calmée. Il affirme qu'au cours de l'été 2007, l'Elysée sarkozyen lui montre une note blanche identifiant le commanditaire et les tueurs à l'origine d'un faux accident en 2004 qui le plongea dans le coma.
L'homme souhaite clamer son innocence. Cette interview pourrait aussi apparaître comme un contre-feu. Il faut lire entre les lignes, repérer les confirmations cachées sous les démentis: il explique ainsi qu'il a agi comme intermédiaire «non opérationnel» sur un autre contrat de vente, de frégates cette fois-ci, entre la France et l'Arabie Saoudite (Sawari II). Au détour, il révèle une incroyable esclandre provoquée par Jacques Chirac chez le prince héritier saoudien en juillet 1996, l'accusant d'avoir participé au financement de la campagne électorale de Balladur.
Une question n'a pas été posée à l'homme d'affaires. Une question pourtant essentielle dans toute cette histoire : Qu'il s'agisse du contrat Agosta ou du contrat Sawari II, le gouvernement français a-t-il perçu des rétro-commissions ?
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