Michiru et son compagnon androïde Roidy errent dans le désert depuis un moment. Ils croisent alors un homme bizarre qui les prend pour des envoyés de Dieu et leur indique la seule ville à des kilomètres à la ronde. Cette ville sans nom est un véritable paradis où le bien et le mal n’existe pas et où les gens semblent vivre heureux. Mais très vite, Michiru découvre une autre facette de cette zone urbaine, beaucoup moins sympathique.
Manga tiré d’un roman de Hiroshi Mori (que je n’ai pas lu du tout), le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est très étrange, à bien des égards.
En effet, le manga est très space car il ressemble à un voyage initiatique avec tout ce que cela comporte. C’est très lent au début (j’ai d’ailleurs eu l’impression que le manga était très long que la lecture m’a paru longue) mais le dessin est de toute beauté. Très contemplatif donc pour les premières pages, le scénario s’accélère assez vite quand les secrets de la ville sont révélés, mais tout en gardant ce style contemplatif. Assez bizarre en effet pour un manga qui prend très vite les allures d’un thriller mystique mais dont le résultat est digne d’intérêt.
Le manga donne une conception étonnante mais intéressante de la mort, appelée le « sommeil éternel ». Une population relativement avancée qui refuse de croire à la mort définitive, en cryogénisant ses « morts », dans l’espoir de les voir se réveiller plus tard, voilà une idée qui est plaisante et bien travaillée, avec toujours un aspect religieux de surface. Michiru se confronte à sa peur de la mort, même si les principes de ses nouveaux amis le remettent en question un petit moment. Qu’est-ce que vivre? Vaut-il mourir définitivement pour avoir la conviction que l’on a été vivant? Tout ces questions vont le travailler et l’aider à avancer, lui qui est encore traumatisé par son passé, que l’on apprend tardivement mais qui nous éclaire sur sa façon de voir les choses. Michiru est un peu le symbole de chaque homme, face à sa propre mort, si terrifiante mais si révélatrice de la vie qu’on a eu.
Michiru a plusieurs facettes, tantôt à l’ouest (au début par exemple), tantôt paranoïaque quand il se retrouve face à une situation qui le dépasse. Encore une fois, son passé en est la cause et quel passé! Parfois, on pourrait presque croire que ce héros improbable effectue son voyage à l’intérieur de son esprit, tant tout cela semble irréel. Et en compagnie de Roidy, on a encore plus cette sensation. L’androïde apporte une touche d’humour très soft. Répondant aux questions de façon très sommaire et directe, ceci est encore plus drôle quand Michiru lui indique le ton sur lequel il doit répondre (poli, décontracté,…). Roidy apparait donc comme une sorte d’attache au monde réel dans ce voyage mystique, un filet de sauvetage, car jamais il ne peut se laisser berner par les principes étranges de la ville, n’éprouvant aucun sentiment. En effet, ses gens qui ont créer une ville « parfaite »ont perdu leurs sentiments, ce qui les empêche de voir certaines évidences ou de réagir de manière logique.
Un très bon manga donc, un peu étrange, pas toujours très clair, mais terriblement prenant par son univers métaphysique et bourré de questions existentielles. Dieu sauvera-t-il la reine? A vous de le découvrir
Bientôt le volume 2, Le Labyrinthe de Morphée.