Par Hong Kong Fou-Fou
Coupe du Monde oblige, un Hallu-ciné allégé ce mois-ci. Ben oui, je suis un homme mod(erne), ce qui a ses avantages (un goût musical très sûr, une élégance vestimentaire innée, un strapontin réservé pour tous les spectacles de Patrick Sébastien) mais aussi ses inconvénients : je m'efforce d'être un gentleman, et donc je partage avec ma compagne Hong Kong Fou-Fette le choix du programme télé vespéral. J'ai dû négocier sévère pour avoir le droit de regarder certains matches de la Coupe du Monde. J'ai obtenu de voir ceux du Brésil, de l'Argentine, de la Corée du Nord (ce n'est pas tous les jours qu'on peut voir jouer des extraterrestres), de l'Angleterre, de l'Italie et de l'Allemagne. C'est déjà pas mal, me direz-vous. Mais si la finale, c'est Nouvelle-Zélande/Japon, je suis cuit. Bref, comment voudriez-vous qu'en plus de cette indigestion de ballon rond, je lui inflige des DVDs de films obscurs quoique brillants datant de 40 ou 50 ans en arrière ? Donc, un seul film cette fois-ci. Mais quel film ! Une excellente oeuvre d'anticipation, digne des classiques du genre, comme "Soleil vert" ou "Le survivant".
New York ne répond plus (The ultimate warrior, Robert Clouse, 1975)
Avant d'aller plus loin, ne confondons surtout pas anticipation et science-fiction. L'anticipation, c'est la description d'un futur relativement proche, plausible sinon probable. Proche dans le temps, et par voie de conséquence, proche également par ses similitudes avec le nôtre. La science-fiction relève beaucoup plus de la fantaisie, tous les délires de l'imagination sont permis. Un exemple simple pour bien comprendre : si je dis que l'équipe de France va bientôt quitter l'Afrique du Sud, c'est de l'anticipation ; si j'affirme que l'équipe de France va gagner le Mondial 2010, c'est de la science-fiction.
2012 (deux ans après l'humiliation de la France en Afrique du Sud, donc). Une catastrophe écologique a rendu la surface du globe difficilement habitable. La nourriture est aussi rare que dans les rayons de Carrefour une veille de jour férié. L'histoire se passe à New York, qui sert de cadre à l'affrontement de différentes communautés. D'un côté, de braves gens paisibles tentent de rebâtir un monde meilleur. L'un d'entre eux a notamment réussi à refaire pousser des légumes. De l'autre, une bande de pillards sans foi ni loi essaye de s'emparer des richesses des gentils fermiers, notamment de leurs légumes. Le chef des méchants s'appelle Carrot, ça explique peut-être beaucoup de choses. Les Nicolas le Jardinier en herbe étant plus doués avec une binette dans les mains qu'avec une arbalète ou un couteau, leur leader, le charismatique Baron, décide d'embaucher Carson, un mercenaire, pour les défendre. Le mercenaire, sorte de moine-soldat aussi bavard qu'une candidate au concours de Miss France à qui on demande de citer le nom du Prix Nobel de Chimie, est incarné par Yul Brynner, qui décidément aime bien défendre la veuve et l'orphelin (mais là, le film, c'est plutôt "Le seul mercenaire"). Le scénario est classique, avec ses incontournables, comme le traître qui vend les siens ou l'affrontement entre le héros et le chef des vilains (c'est d'ailleurs un bon duel, ce qui est normal pour un film tournant autour des légumes. Et il se finit bien. Ben oui, pour Carrot, c'est forcément râpé). Les décors et l'atmosphère rappellent beaucoup ceux du "Secret de la Planète des Singes".
Le réalisateur du film est Robert Clouse, à qui l'on doit "Opération Dragon" (1973). Alors là, respect. Si le deuxième prénom de mon fils est Bruce, ce n'est pas à cause de "Piège de cristal", OK ?