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Led Zeppelin vole plus haut que jamais

Publié le 12 décembre 2007 par Chantal Doumont

Led Zeppelin vole plus haut que jamais

Ça s’est passé au milieu du spectacle, pendant No Quarter. Les claviers éthérés de John Paul Jones, le beat lourd de Bonham fils puis la guitare, LA guitare de Jimmy Page. C’était trop beau pour être vrai, mille fois plus fort que sur disque et probablement meilleur que jamais dans l’histoire pourtant riche de Led Zeppelin, le groupe de scène par excellence. 

C’était divin et surtout pas faiblard, rien à voir avec le retour mièvre de The Police. Led Zep étalait devant nous toute sa puissance, plus impressionnante encore que dans sa légende. Et on se disait que ça serait trop injuste que Plant, Page, Jones et Jason Bonham n’aillent pas porter la bonne nouvelle aux multitudes qui ne demandent que ça partout sur la planète. Les boys, on sait que vous n’êtes pas à l’argent, mais un demi-milliard tout de même… Combien de soirs on réserve le Stade olympique? 

Robert Plant n’a rien promis au terme de ce concert fabuleux au profit de la Fondation Ahmet Ertegun, regretté fondateur de la maison de disques Atlantic, lundi soir à l’aréna O2 de Londres. Mais le chanteur de Led Zeppelin s’est donné pleinement et je l’ai même vu sourire de bonheur après le premier rappel, Whole Lotta Love. À ses côtés, Page était si ému qu’il a même dit quelques mots à ce public sur le cul, pour le remercier. 

J’ai vu les cinq premières chansons sur un écran de télé au son anémique en compagnie d’une cinquantaine de journalistes venus d’un peu partout. Rien pour écrire à sa mère. Pourtant, dès la troisième pièce, Black Dog, on a su que ça allait être toute une soirée. Page grimaçait sous sa chevelure blanche pendant qu’il attaquait sauvagement sa guitare. À ses côtés, Plant faisait chanter la foule. C’est vrai qu’il ne s’aventure plus dangereusement dans les hautes, mais ça ne gâche en rien notre plaisir ; il a encore de la voix, on ne parle pas ici de Jethro Tull. Et surtout, Plant sait chanter, quitte à ménager un peu son instrument pour s’éclater dans la magnifique Kashmir, par exemple. 

Cette Kashmir que Plant a présentée comme le 51e pays, après nous avoir annoncé qu’il y avait dans la salle des spectateurs venus de 50 pays, fut l’un des grands moments de la soirée que j’ai eu le bonheur de vivre à l’arrière du parterre, debout parmi les convertis. Autre moment fort, Dazed and Confused dont Plant a dit qu’elle faisait partie des incontournables. Et pour cause: la basse qui vrombit, Jimmy qui sort son archet pour chatouiller sa guitare, il y avait là-dedans le côté trippeux de Pink Floyd, la batterie des punks, et surtout du grand Led Zeppelin. Assagis, les gars? Pas sur scène, en tout cas! 

Stairway To Heaven fait évidemment partie des chansons qu’il faut jouer même si elle a moins bien vieilli que toutes les autres pièces que Led Zep nous a offertes lundi. Le public l’a chaudement applaudie, et certains spectateurs satisfaits ont même quitté l’aréna tout de suite après, surtout des gars qui étaient venus en couple… 

Ce public, il rayonnait, comme ces deux gars, dont un sosie de Richard Labbé - le pôvre –, qui faisaient du air guitar dos à dos pendant Dazed and Confused. Mais le marteau-compresseur de Led Zeppelin était tellement fort, tellement impressionnant qu’en comparaison, la réaction de la foule ne pouvait que paraître timide. 

Plant a rendu hommage à Ahmet Ertegun - «Hé Ahmet, on l’a fait!», a-t-il dit avant The Song Remains The Same - mais aussi aux bluesmen, dont Robert Johnson, à qui le Zep a piqué quelques idées - éblouissante Trampled Under Foot ! Il a aussi vanté Jason Bonham - «spectaculaire», a-t-il dit avant de lui demander de chanter le début de I Can’t Quit You Babe … qu’ils n’ont pas jouée. C’était une soirée de plaisir pour eux aussi. Je m’en voudrais d’oublier l’indispensable bassiste-claviériste John Paul Jones sans qui tous les concerts Page-Plant de l’histoire n’étaient que de pâles reflets de ce que Zeppelin peut faire. 

Avant les 130 minutes de musique de Led Zep, on a eu droit une fête de famille sans éclat avant la grand-messe. Bill Wyman et ses Rhythm Kings ont donné dans le vieux rock avec des chanteurs pour la plupart inconnus, sauf Paolo Nuttini et Paul Rodgers qui a chanté ses succès All Right Now (Free) et Seagull (Bad Company). Puis Foreigner a fait I Want To Know What Love Is, avec une chorale d’enfants. On n’a pas vu Grégory Charles, ni les Invincibles, mais notre espion a aperçu parmi les spectateurs Kate Moss, Oasis, Marilyn Manson, David Gilmour, Steve Winwood, les Arctic Monkeys, Roger Taylor de Queen, Tony Banks, Dave Grohl, Priscilla et Lisa Marie Presley ainsi que Jerry Hall, l’ex de Jagger. 

Certains spectateurs ont passé la nuit autour de l’aréna même s’ils avaient déjà tous leurs billets. D’autres, plusieurs centaines, faisaient la queue dès midi lundi devant l’unique comptoir de souvenirs pour se procurer un t-shirt de la soirée. Manque de pot pour les fans qui ont pris du poids depuis l’heure de gloire des Page, Plant et compagnie, les extra-larges n’avaient pas encore été livrés… 

Mais il en fallait davantage pour rendre maussades ces fans qui, en soirée, allaient atteindre le nirvana. Led Zeppelin, le groupe mythique qui a surpris tout le monde en annonçant un seul et unique concert de retrouvailles, allait renaître à la vie. Et ils seraient seulement une vingtaine de milliers à en être témoins. 

Pour eux, le père Noël est passé plus tôt que prévu cette année. 

LED ZEPPELIN A JOUÉ 

-Good Times Bad Times

-Ramble On

-Black Dog

-In My Time Of Dying

-For Your Life

-Trampled Underfoot

-Nobody’s Fault But Mine

-No Quarter

-Since I’ve Been Loving You

-Dazed and Confused

-Stairway To Heaven

-The Song Remains The Same

-Misty Mountain Hop

-Kashmir 

1er RAPPEL

-Whole Lotta Love 

2e RAPPEL

-Rock & Roll

Alain De Repentigny, La Presse, Envoyé spécial à Londres.


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